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Le blog de Susanna Huygens
Articles récents

Le jardin mouillé - Henri de Régnier

11 Février 2025 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Monique Parmentier

La croisée est ouverte ; il pleut
Comme minutieusement,
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant,

Feuille à feuille, la pluie éveille
L’arbre poudreux qu’elle verdit ;
Au mur, on dirait que la treille
S’étire d’un geste engourdi.

L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait là-bas
Entendre sur le sable et l’herbe
Comme d’imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel ;
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.

Il pleut, et, les yeux clos, j’écoute,
De toute sa pluie à la fois,
Le jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi.

 

@ Monique Parmentier

The window is open; it's raining
How meticulously,
Little by little, little by little,
On the cool, dormant garden.

Leaf by leaf, the rain awakens
The powdery tree that it turns green;
On the wall, it looks like the trellis
Stretches with a numb movement.

The grass quivers, the gravel warm
Crackling and it looks like there
Hear on the sand and the grass

Like imperceptible steps.

The garden whispers and quivers,
Stealth and confidential;
The downpour seems mesh by mesh

Weaving the earth with the sky.

It's raining, and with my eyes closed,
I listen, With all its rain at once,
The dripping wet garden
In the shadow that I made within myself.

 

Henri de Régnier (1864 - 1936)

 

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He wishes for the clothes of Heaven

18 Janvier 2025 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Florence Harrison - Photo M. Parmentier

Had I the heavens' embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.

Il voudrait avoir les voiles du ciel (He wishes for the clothes of Heaven)

Si j'avais les voiles brodés du ciel,
Ouvrés de lumière d'or et d'argent,
Les voiles bleus et pâles et sombres
De la nuit, de la lumière, de la pénombre,
J'étendrais ces voiles sous tes pas :
Mais moi qui suis pauvre n'ai que mes rêves ;
J'ai étendu mes rêves sous tes pas ;
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.

William Butler Yeats (La rose et autres poèmes
Edition Points (William black & Co. Edit
Traduit par Jean Briat

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'I would like to feel that these memories could paint some pictures of a life forever passed away, yet not without its beauty.'

8 Janvier 2025 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@Karen Livingstone

Parmi toutes les femmes qui ont enchanté l'art preraphaelique... Toutes si talentueuses, aux personnalités extraordinaires et qui nous ont laissé une vision du monde si belle et empathique, connaissiez vous, Jessie Bayes (1876-1970) que j'ai découvert cet après midi en poursuivant ma lecture du livre consacré aux artistes féminines de ce mouvement :

'I would like to feel that these memories could paint some pictures of a life forever passed away, yet not without its beauty.'
« J’aimerais sentir que ces souvenirs pourraient peindre des images d’une vie à jamais disparue, mais non dépourvue de beauté. » …
 
@DR

Plus j'avance dans ma lecture et plus j'ai envie de vous dire, ne tardez pas à vous laisser séduire par ce livre merveilleux et par l'univers de ces dames, aux talents multiples qui ont du combattre toute leur vie contre le sexisme d'une société patriarcale qui les as trop souvent caché derrière leur mari, père et frères qui se sont attribués le mérite de leur créativité.

Comment ne pas me reconnaître dans les propos des mémoires de cette artiste, dans cette vision d'un monde généreux, empathique et fraternel, aimant le beau, aimant partager la poésie du monde : "We who were young were ardent romantic socialists dreaming of the simple life, and all things hand made, all things beautiful and all society a brotherhood that knew no place for servants and masters – I believe I have never quite got over it."

"Nous, les jeunes, étions d’ardents socialistes romantiques rêvant d’une vie simple et de tout ce qui était fait main, de tout ce qui était beau et de toute société où règne une fraternité qui ne connaissait ni serviteurs ni maîtres – je crois que je ne m’en suis jamais vraiment remis."

 
@Baillie Tolkien
Autre livre, mais celui ci, malheureusement uniquement au format Kindle, suite à des changements de direction des collections au sein de la maison d'Edition Bourgois, le spécialiste français de JRR Tolkien, Vincent Ferré (voir son blog, où vous trouverez de très nombreux liens à suivre pour en savoir plus) a du et pu s'appuyer sur les éditions Adar, pour nous proposer à télécharger, cet ouvrage remarquable sur le fils sans qui l'œuvre du père, nous serait parvenu incomplète : Les Mondes de Christopher Tolkien. Hommage pour son centenaire. Et comme dans la correspondance et dans les interviews, la personnalité de Christopher Tolkien (1924-2020) nous touche profondément, non seulement parce qu'il était brillant, intelligent, cultivé... Tout cela, beaucoup d'universitaires le sont, sans pour autant avoir ce supplément d'âme et de cœur qui les lieraient ainsi à une œuvre aussi humaine, qui nous invite à un voyage dans cet univers parallèle, où vit cette part de chacun de nous qui aspire au droit d'être libre et de partager un rêve, un idéal de beauté, de "simplicité", une harmonie profonde.
Dans cet ouvrage, chaque co-auteurs, dont Vincent Ferré, nous livre des témoignages sur des relations exceptionnelles qu'ils ont pu avoir avec Christopher, dont celui de Baillie Tolkien sa seconde épouse, qui nous donne le sentiment de partager quelques conversations, quelques fous rires, clins d'oeils à l'humour toujours so british mais illuminé par le soleil de la Provence. Cette préface m'a profondément touché, par l'émotion et l'esprit qui en émane. Vous y trouverez aussi des études sur l'univers médiéval mais aussi sociétal et le rapport à la "machine" qui avilie que le père et le fils avaient en commun et que j'avoue partager pleinement. 
Bref ne manquez pas cet ouvrage, à la fois passionnant et où l'émotion à fleur de peau, est celle que la route emprunté par la Communauté de l'anneau, génère en chacun de ses lecteurs. La suivre, c'est nous retrouver nous même, nous interroger mais aussi accepter de se lancer dans l'inconnu, la découverte et faire sienne la citation de Gandalf, qu'il nous appartient de décider ce que nous devons faire de ce temps qui nous est imparti, au mieux.  
Ce livre a été édité à l'occasion du centenaire de la naissance de Christopher Tolkien, accompagné de conférences dont celle organisé à la Bodleian Library (en anglais sous titré sur Youtube) qui conserve de nombreux manuscrits de JRR Tolkien, mais aussi sur TolkienDil, la chaîne des spécialistes et passionnés de ceux qui parcourent les routes et chemins ouverts par JRR Tolkien et son fils Christopher.
 
Bonne route à chacun.
 
Par Monique Parmentier
@ Edition Karen Livingstone

Among all the women who have enchanted Pre-Raphaelic art... All so talented, with extraordinary personalities and who have left us such a beautiful and empathetic vision of the world, did you know Jessie Bayes (1876-1970) whom I discovered this afternoon while continuing my reading of the book dedicated to the female artists of this movement:
'I would like to feel that these memories could paint some pictures of a life forever passed away, yet not without its beauty.'

The more I advance in my reading, the more I want to tell you, do not delay in letting yourself be seduced by this wonderful book and by the world of these ladies, with multiple talents who had to fight all their lives against the sexism of a patriarchal society that has too often hidden them behind their husbands, fathers and brothers who have taken credit for their creativity.
How can I not recognize myself in the words of this artist's memoirs, in this vision of a generous, empathetic and fraternal world, loving beauty, loving to share the poetry of the world: "We who were young were ardent romantic socialists dreaming of the simple life, and all things hand made, all things beautiful and all society a brotherhood that knew no place for servants and masters – I believe I have never quite got over it."

@ DR

 

@ Baillie Tolkien

Another book, but this one, unfortunately only in Kindle format, following changes in the management of the collections within the Bourgois publishing house, the French specialist of JRR Tolkien, Vincent Ferré (see his blog, where you will find many links to follow to find out more) had to and was able to rely on Adar editions, to offer us to download, this remarkable work on the son without whom the work of the father would have reached us incomplete: The Worlds of Christopher Tolkien. Tribute for his centenary. And as in the correspondence and in the interviews, the personality of Christopher Tolkien (1924-2020) touches us deeply, not only because he was brilliant, intelligent, cultured... All this, many academics are, without having that extra soul and heart that would thus bind them to such a human work, which invites us on a journey into this parallel universe, where does each of us live that part of each of us that aspires to the right to be free and to share a dream, an ideal of beauty, of "simplicity", a deep harmony. In this work, each co-author, including Vincent Ferré, gives us testimonies of exceptional relationships that they were able to have with Christopher, including that of Baillie Tolkien his second wife, who gives us the feeling of sharing a few conversations, a few laughs, winks to the humor always so British but illuminated by the sun of Provence. This preface touched me deeply, by the emotion and the spirit that emanates from it. You will also find studies on the medieval universe but also societal and the relationship to the "machine" which debases that the father and the son had in common and that I admit to sharing fully.
In short, do not miss this book, both fascinating and where the emotion on the surface of the skin, is that which the road taken by the Fellowship of the Ring, generates in each of its readers. To follow it is to find ourselves, to question ourselves but also to accept to launch into the unknown, the discovery and to making Gandalf's quote your own, that it is up to us to decide what we must do with this time which is given to us, at best.
This book was published on the occasion of the centenary of the birth of Christopher Tolkien, accompanied by conferences including one organized at the Bodleian Library (in English with subtitles on Youtube) which preserves many manuscripts of JRR Tolkien, but also on TolkienDil, the channel of specialists and enthusiasts of those who travel the roads and paths opened by JRR Tolkien and his son Christopher.

Que le chemin vous mène à vos rêves.

Par Monique Parmentier

 
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Voeux 2025

26 Décembre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

Chromos @ M Parmentier

A Faery Song - William Butler Yeats (1865-1939)
Sung by the people of Faery over Diarmuid and Grania, in their bridal sleep under a Cromlech.

We who are old, old and gay,
O so old!
Thousands of years, thousands of years,
 If all were told:
Nous qui sommes vieilles, vieilles et gaies,
O si vieilles !
Mille et mille années
Si toutes étaient comptées :

Give to these children, new from the world,
Silence and love;
And the long dew-dropping hours of the night,
And the stars above:
Donnons à ces enfants, nouveau-nés en ce monde,
Le Silence et l'amour;
Et les longues heures de la nuit aux perles de rosée,
Et les étoiles là haut :

Chromos @ M Parmentier

Give to these children, new from the world,
Rest far from men.
Is anything better, anything better?
Tell us it then:
Donnons à ces enfants, nouveau-nés en ce monde,
Le repos loin des hommes.
Connais tu mieux, connais tu mieux au monde?
Dis nous le donc alors :


Us who are old, old and gay,
O so old!
Thousands of years, thousands of years,
If all were told.
A nous qui sommes vieilles, vieilles et gaies,
O si vieilles !
Mille et mille années
Si toutes étaient comptées.

La rose et autres poèmes chez Point (William Blak & Co Edit
Edition bilingue - Traduit par Jean Briat

Chromos @ M Parmentier

Le temps des voeux est revenu. Chaque fois, cela devient de plus en plus difficile de souhaiter mille pensées positives, à chaque nouvelle année, tandis que ce monde souffre, que l'humanité se déchire et que la perte de sens ravage les coeurs et les esprits.

Il est évident que je souhaite au plus grand nombre, comme à ceux qui me sont proches, le meilleur et je m'efforcerais d'y croire, une année de plus, d'autant plus qu'à chaque année qui passe, je mesure ma chance d'avoir pu vivre pas si mal que ça, dans un pays en paix sur son territoire. Se désoler de l'état d'esprit actuel, tout autour de nous, est une évidence. Mais comme Frodo et Sam, poursuivre le chemin en gardant l'espoir.

Alors la poésie me semble une fois de plus la meilleure manière de vous souhaiter une belle année 2025. Puisse -t-elle, nous rendre des raisons d'espérer et plus encore des actes des dirigeants du monde, qui puissent nous les offrir. A chacun, je souhaite le meilleur.

The time for wishes has come again. Each time, it becomes more and more difficult to wish a thousand positive thoughts, each new year, while this world suffers, humanity is torn apart and the loss of meaning ravages hearts and minds.

Chromos @ M Parmentier

It is obvious that I wish the greatest number, as well as those close to me, the best and I will try to believe it, one more year, especially since with each year that passes, I measure my luck to have been able to live not so badly, in a country at peace on its territory. To be sorry for the current state of mind, all around us, is obvious. But like Frodo and Sam, to continue the path while keeping hope.

So poetry seems to me once again the best way to wish you a happy new year 2025. May it give us reasons to hope and even more so the actions of the world's leaders, who can offer them to us. To each one, I wish the best.

Par Monique Parmentier

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Qu’il est doux d’écouter des histoires, Des histoires du temps passé,

12 Décembre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

Qu’il est doux, qu’il est doux d’écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d’arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s’élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L’immobile corbeau sur l’arbre se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher !

Alfred de Vigny - Neige

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

Cela fait quelque temps que je ne suis pas revenue. Régulièrement, je fais des pauses sur le blog, de plus en plus longues. D'autant plus que j'entretiens des échanges avec des personnes passionnantes et si bienveillantes sur Instagram. Mes petites collections (livres de l'âge d'or de l'illustration et chromos/découpis et mon premier  "carnet de voyages"), m'occupent beaucoup.

J'ai pris conscience que mon blog qui au départ avait été créé pour me permettre d'obtenir mon indépendance en matière de couverture de concerts et de CD, indépendance acquise au prix le plus fort émotionnellement, avait fini par ne plus être une motivation. Ecrire sur la musique, devait être quelque chose de positif, mais les désillusions m'ont éloigné d'un milieu dont le public ignore fort heureusement l'agressivité. J'ai renoncé lorsque je me suis sentie écrasée et que j'ai sentie que tous les merveilleux souvenirs risquaient d'être abimé par la négativité et la méchanceté des attachés de presse et des autres journalistes. Car oui, les artistes m'ont offert des souvenirs si beaux qu'aucun joyaux au monde ne pourrait être plus beau. La poésie de la musique ne serait rien sans tous ces magnifiques interprètes. En m'éloignant, j'ai préservé la flamme et le papillon.

@ Edition Karen Livingstone

En m'éloignant, en renonçant, je n'ai pas le sentiment d'avoir perdu, bien au contraire, et désormais tous ces souvenirs magiques m'habitent et me permettent de poursuivre le chemin. J'ai laissé cet univers dans son entre-soi, l'esprit léger. 

Donc j'essaie d'imaginer ce blog autrement, mais ne m'étant pas installé dans le sud, il n'est pas non plus devenu un blog sur l'art de vivre, tel que je l'avais initialement réimaginé.

Alors de temps en temps, je viens ici partager, quelques instants de découvertes et bonheurs de lectrice. C'est la littérature anglaise, que je connaissais si mal, qui ne cesse de m'étonner. Tolkien a été un révélateur. Après Yeats, je relis Jane Eyre (dont le cinéma avait fini par effacer dans mon esprit le texte) et j'ai commencé la lecture d'un livre exceptionnel en anglais, paru fin 2024 : Women pioneers of the arts & crafts movement édité par Karen Livingstone. Merci à Rachel (Foxgloves & Ivy sur Instagram) de m'avoir signalé ce livre magnifique. Reconnaissons qu'en matière d'histoire de l'art, les anglais réalisent de très belles publications.

Edmund Dulac - Royaume de la Perle @ Ph MP

Dans un monde ravagé par un sexisme extrêmement violent, ce livre nous permet de découvrir combien ce mouvement artistique, pourtant créé par des hommes, a ouvert ses portes, dans une société victorienne fortement patriarcale aux femmes. Ce mouvement a offert aux femmes plus qu'une simple prise de conscience de leurs droits et  place dans tous les domaines y compris en politique. Le mouvement Arts & Crafts, leur a donné la possibilité de développer leurs talents, leur donnant les moyens et leur entrée dans les ateliers et les lieux de création et d'exposition. Elles ont ainsi pu exprimer leurs désirs, leurs propres quêtes de valeurs spirituelle et laïque menant à un idéalisme sincère, en toute liberté. Pour le mouvement Arts & Crafts, seule la beauté en tout comptait, le rêve était essentielle pour donner au quotidien un sens au plus grand nombre, ne voulant pas réserver la beauté à une élite. Ce mouvement a secoué une société par trop "masculine", offrant une alternative qui si elle nous a laissé un héritage artistique exceptionnel, a vu ses valeurs humanistes et sociales, malheureusement, effacées. Women pionners of th arts & crafts movement, est un livre d'art, un de ceux qui a toute sa place sous le sapin et qui fera de votre Noël un enchantement.

Edmund Dulac - Royaume de la Perle @ Ph MP

J'avoue que sous le sapin, j'ai aussi comme une enfant qui n'ose encore y croire, l'occasion d'y mettre un livre de collection, qui m'est arrivé samedi 14 décembre et que j'ai acquis sur un coup de coeur de manière totalement imprévue.

Se promener sur Ebay, y guetter des livres que l'on espère y trouver et en rencontrer un autre totalement par hasard, persuadée qu'il ne sera jamais à sa portée. Et là, au coin d'une page... Il était une fois. C'est en fait ce qui fait toute la valeur d'une collection, l'inattendue et l'émerveillement.

Je l'ai expérimenté à chaque acquisition, bien que certains livres, a priori inaccessible comme le Royaume de la Perle illustré par Edmund Dulac (1882-1953) et désormais ma nouvelle acquisition, sont là pour démontrer qu'en matière de livres anciens, tout est toujours possible, à condition d'être patient et de laisser faire la chance. Je n'ai qu'E bay pour cela, mais même en ne pouvant me rendre dans les librairies, cela finit par arriver.

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

Ma nouvelle acquisition est en fait, l'édition limitée à 400 exemplaires, en français, des Contes du Temps jadis de 1912, illustré par Umberto Brunelleschi (1879 - 1949). Les illustrations de ce livre sont tombées dans le domaine public en 2020 et peut être les avez vous déjà croisées depuis. Mais comme à chaque "nouveau" livre, l'original révèle toute sa splendeur, la beauté des couleurs, la délicatesse du trait de l'artiste.. Tous les livres que j'ai acquis depuis le début de ma retraite m'ont ému. Je me souviens encore de l'émotion ressentie, lorsque j'ai feuilleté mon premier Dulac. Umberto Brunelleschi a un style bien à lui, où l'on perçoit la lumière et la théâtralité de l'Italie, avec une touche de sourire, de légèreté, qui vous emporte dans la danse du Once upon a time.

Si contrairement aux éditions de la même époque la reliure n'est pas de cuir, elle n'en reste pas moins féérique, illustrée d'un motif ornemental bleu et or. Cinq contes y sont illustrés : La belle aux cheveux d'or, L'oiseau bleu, Gracieuse et Percinet, L'adroite princesse, Le prince chéri.

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

Bien que né à Florence, c'est à Paris que Brunelleschi a fait toute sa carrière. Ses talents sont multiples : peintres, illustrateurs de livres mais aussi dans des journaux de mode, il crée également des costumes et des décors pour le théâtre en France, aux USA, en Italie ou en Allemagne, les revues des cabarets comme les Folies Bergère et le Casino de Paris. Et si j'ai choisi d'ouvrir cet article par un poème d'Alfred de Vigny (1797-1863) c'est parce que sa manière de chanter la beauté des jours d'hiver est un enchantement, mais Brunelleschi illustra de la poésie dont Alfred de Musset (1810-1857) dans une édition de 1913 de la Nuit vénitienne, Fantasio et les Caprices de Marianne (à retrouver sur Gallica).

Je reviendrais, c'est certain. Il m'est souvent arrivé de vous promettre de finir certains articles ou d'en écrire d'autres. Mais le passé est le passé. Je reviendrais. J'adorerais partager avec vous ma passion des chromos et découpis, mais aussi mes découvertes de lecture et de livres de collection. Mais aussi qui sait d'autres sujets aussi... Laisser faire la vie. Je m'en retourne à mes "carnets de voyage" et à mes lectures, en vous souhaitant, Cher lecteur inconnu de très belles fêtes 2024. Au vue de l'actualité, autant vivre au présent dans la joie si on le peut.

 

ELSBETH : Comment te plais-tu ici ?
FANTASIO- Comme un oiseau en liberté.
ELSBETH- Tu aurais mieux répondu, si tu avais dit comme un oiseau en cage. Ce palais en est une assez belle, cependant c'en est une.

FANTASIO- La dimension d'un palais ou d'une chambre ne fait pas l'homme plus ou moins libre. Le corps se remue où il peut ; l'imagination ouvre quelque-fois des ailes grandes comme le ciel dans un cachot grand comme la main 

Par Monique Parmentier

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

How sweet, how sweet it is to listen to stories,
Stories of times gone by,
When the branches of trees are black,
When the snow is thick and laden with ice!
When alone in a pale sky a poplar soars,
When under the white mantle that has just hidden it
The motionless crow on the tree sways,
Like the weather vane at the end of the long bell tower!
Alfred de Vigny - Neige

 

It's been a while since I've been back. I regularly take breaks from the blog, longer and longer. Especially since I keep in touch with fascinating and kind people on Instagram. My small collections (books from the golden age of illustration and chromos/cut-outs and my first "travel diary") keep me very busy.

I realized that my blog, which had initially been created to allow me to gain my independence in terms of concert and CD coverage, independence acquired at the highest emotional cost, had ended up no longer being a motivation. Writing about music was supposed to be something positive, but disillusionment has distanced me from an environment whose public is fortunately unaware of its aggressiveness. I gave up when I felt crushed and felt that all the wonderful memories were at risk of being damaged by the negativity and meanness of press officers and other journalists. Because yes, the artists have given me memories so beautiful that no jewel in the world could be more beautiful. The poetry of music would be nothing without all these magnificent performers. By moving away, I have preserved the flame and the butterfly.

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

By moving away, by giving up, I do not feel like I have lost, quite the contrary, and now all these magical memories inhabit me and allow me to continue on the path. I have left this universe in its own private space, with a light mind.

So I try to imagine this blog differently, but not having settled in the south, it has not become a blog about the art of living, as I had initially reimagined it.

So from time to time, I come here to share a few moments of discovery and reading happiness. It is English literature, which I knew so little about, that never ceases to amaze me. Tolkien was a revelation. After Yeats, I reread Jane Eyre (whose text had ended up erasing in my mind through cinema) and I started reading an exceptional book in English, published at the end of 2024: Women pioneers of the arts & crafts movement edited by Karen Livingstone. Thanks to Rachel (Foxgloves & Ivy on Instagram) for pointing out this magnificent book to me. Let's admit that when it comes to art history, the English produce some very fine publications.

@ Edition Karen Livingstone

In a world ravaged by extremely violent sexism, this book allows us to discover how much this artistic movement, although created by men, opened its doors to women in a strongly patriarchal Victorian society. This movement offered women more than just awareness of their rights and place in all areas including politics. The Arts & Crafts movement gave them the opportunity to develop their talents, giving them the means and their entry into workshops and places of creation and exhibition. They were thus able to express their desires, their own quests for spiritual and secular values ​​leading to a sincere idealism, in complete freedom. For the Arts & Crafts movement, only beauty in everything mattered, the dream was essential to give meaning to everyday life for the greatest number, not wanting to reserve beauty for an elite. This movement shook up a society that was too "masculine", offering an alternative which, although it left us an exceptional artistic heritage, saw its humanist and social values, unfortunately, erased. Women pioneers of the arts & crafts movement, is an art book, one of those that has its place under the tree and that will make your Christmas an enchantment.

Edmund Dulac - Royaume de la Perle @ Ph MP

I admit that under the tree, I also have, like a child who still dares not believe it, the opportunity to put a collector's book there, which arrived on Saturday, December 14 and which I acquired on impulse in a totally unexpected way.

Wandering around Ebay, watching for books that you hope to find there and coming across another one completely by chance, convinced that it will never be within your reach. And there, on the corner of a page... Once upon a time. This is in fact what makes a collection so valuable, the unexpected and the wonder.

I have experienced it with each acquisition, although some books, a priori inaccessible like the Kingdom of the Pearl illustrated by Edmund Dulac (1882-1953) and now my new acquisition, are there to demonstrate that when it comes to old books, everything is always possible, provided you are patient and let luck take its course. I only have E bay for that, but even if I can't go to bookstores, it ends up happening.

Edmund Dulac - Royaume de la Perle @ Ph MP

My new acquisition is in fact the limited edition of 400 copies, in French, of Contes du Temps jadis from 1912, illustrated by Umberto Brunelleschi (1879 - 1949). The illustrations of this book fell into the public domain in 2020 and you may have already come across them since. But as with every "new" book, the original reveals all its splendor, the beauty of the colors, the delicacy of the artist's line. All the books I have acquired since the beginning of my retirement have moved me. I still remember the emotion felt when I leafed through my first Dulac. Umberto Brunelleschi has a style all his own, where one perceives the light and theatricality of Italy, with a touch of smile, of lightness, which carries you away in the dance of Once upon a time.

Although, unlike the editions of the same period, the binding is not made of leather, it is nonetheless magical, illustrated with a blue and gold ornamental motif. Five tales are illustrated: The Beauty with the Golden Hair, The Blue Bird, Gracieuse and Percinet, The Clever Princess, The Beloved Prince.

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

Although born in Florence, Brunelleschi spent his entire career in Paris. His talents are many: painters, book illustrators but also in fashion magazines, he also creates costumes and sets for the theater in France, the USA, Italy or Germany, cabaret revues such as the Folies Bergère and the Casino de Paris. And if I chose to open this article with a poem by Alfred de Vigny (1797-1863) it is because his way of singing the beauty of winter days is enchanting, but Brunelleschi illustrated poetry including Alfred de Musset (1810-1857) in a 1913 edition of La Nuit vénitienne, Fantasio and the Caprices de Marianne (to be found on Gallica).

Umberto Brunelleschi - Contes du Temps jadis @ MP

I will come back, that's for sure. I have often promised you to finish certain articles or to write others. But the past is the past. I will come back. I would love to share with you my passion for chromos and cut-outs, but also my discoveries of reading and collectible books. But also who knows other subjects too... Let life do its thing. I return to my "travel diaries" and my readings, wishing you, Dear unknown reader, a very happy holiday season 2024. In view of current events, we might as well live in the present in joy if we can.

ELSBETH: How do you like it here?
FANTASIO- Like a bird at liberty.
ELSBETH- You would have answered better, if you had said like a bird in a cage. This palace is a rather beautiful one, nevertheless it is one.
FANTASIO- The size of a palace or a room does not make a man more or less free. The body moves where it can; imagination sometimes opens wings as big as the sky in a dungeon as big as the hand.

Par Monique Parmentier

@ Monique Parmentier - illustration Jules Lavie pour Journal féminin

 

 

 

 

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A ma maman

7 Novembre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

Happy Prince - Ch Robinson - Ph M Parmentier

Je n’entends que le bruit de la rive et de l’eau,
Le chagrin résigné d’une source qui pleure
Ou d’un rocher qui verse une larme par heure,
Et le vague frisson des feuilles de bouleau.

Je ne sens pas le fleuve entraîner le bateau,
Mais c’est le bord fleuri qui passe, et je demeure. 
Et dans le flot profond que de mes yeux j’effleure,
Le ciel bleu renversé tremble comme un rideau.

On dirait que cette onde en sommeillant serpente,
Oscille et ne sait plus le côté de la pente. 
Une fleur qu’on y pose hésite à le choisir.

Et, comme cette fleur, tout ce que l’homme envie
Peut se venir poser sur le flot de ma vie
Sans désormais m’apprendre où penche mon désir.

René-François Sully Prudhomme.(1839-1907)

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An october garden

28 Octobre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@DR H. King Paysage d’automne

Est-ce l'âge, le temps qui passe ? La poésie me devient chaque jour plus essentielle. J’ai été émue aux larmes, lorsqu’une dame anglaise dont je suis le compte sur Instagram (Visions of poesy) a cité le poème de Christina Rossetti, An october Garden . Ce dernier m’a rappelé, un poème de Stéphane Mallarmé, Soupir qui évoque aussi ce mois d’octobre entre journée si pluvieuse, brouillard fantomatique du petit matin et lumières mordorées qui font rougeoyer les arbres. Je suis née en octobre, il y a maintenant 65 ans, est-ce pour cela que la mélancolie du temps qui disparaît, qui s’écoule, m’a toujours saisie lorsque vient l’automne. Octobre représente pour moi, le mois de l’année qui appelle le plus la poésie, qui laisse les fantômes venir à nous et la paix retrouvée, des regrets sans amertume, les souvenirs heureux, et l’émerveillement de l’instant, sa plénitude et sa beauté. Ses jardins secrets se referment, les premiers frimas laissent les tapis de feuilles mortes recouvrir la terre des souvenirs protecteurs qui permettrons au prochain printemps de renaître le moment venu. Mais qui peut mieux que les poètes nous dire sa beauté, ses mystères, ses peines et ses espoirs. Une invitation à l'enchantement et au silence. Au murmure des mots dans le vent et au mouvement des feuilles couleurs fauves qui tombent en tournoyant.

@ DR 6 LAKE DISTRICT

Is it age, the passing of time? Poetry becomes more essential to me every day. I was moved to tears when an English lady whose Instagram account I follow (Visions of poesy) quoted Christina Rossetti's poem, An October Garden. The latter reminded me of a poem by Stéphane Mallarmé, Soupir, which also evokes this month of October between such a rainy day, ghostly fog of early morning and golden lights that make the trees glow. I was born in October, 65 years ago now, is that why the melancholy of time disappearing, passing, has always seized me when autumn comes. October represents for me, the month of the year that most calls for poetry, that lets ghosts come to us and peace found, regrets without bitterness, happy memories, and the wonder of the moment, its fullness and beauty. Its secret gardens close, the first frosts leave the carpets of dead leaves covering the earth with protective memories which will allow the next spring to be reborn when the time comes. But who better than poets can tell us of its beauty, its mysteries, its sorrows and its hopes. An invitation to the enchantment and silence. To the whisper of words in the wind and the movement of the tawny leaves that fall and swirl.

Ch Robinson - Sensitive Plant - Ph M Parmentier

An october Garden 

In my Autumn garden I was fain
To mourn among my scattered roses;
Alas for that last rosebud which uncloses
To Autumn’s languid sun and rain
When all the world is on the wane!
Which has not felt the sweet constraint of June,
Nor heard the nightingale in tune.

 

M Tarrant - Book of automn - Ph : M Parmentier

Broad-faced asters by my garden walk,
You are but coarse compared with roses:
More choice, more dear that rosebud which uncloses,
Faint-scented, pinched, upon its stalk,
That least and last which cold winds balk;
A rose it is though least and last of all,
A rose to me though at the fall."

Christina Rossetti

Ch Robinson - Sensitive Plant - Ph M Parmentier

Soupir

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur ! 
– Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

Stéphane Mallarmé

 

Walter Crane - Pan Pipes - Ph M Parmentier

Sighing - Stéphane Mallarmé
My soul inclines upon your brow, my dear, where it seems
That autumn, strewn with freckles, dreams;
And, towards the straying sky of your angelic eye,
As if, in gardens, with a melancholy sigh,
White fountains rise, in loyalty, towards azure,
October skies, tender, pale and pure,
Reflecting a stillness in basins of infinite repose
Carving on dead waters, in the dying throes
Of tawny leaves drifting on the wind, cold furrows,
Where yellow suns have dragged long rays with harrows.

Translation: © David Paley

 

Par Monique Parmentier

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Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées

23 Octobre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

@ Monique Parmentier - Carte de voeux début du XXe siècle

Je vous évoquais il y a peu, dans mon article intitulé "Away! away! for I will fly to thee",  le souvenir qu'il me restait d'un étang que je pouvais apercevoir au loin, lorsque je m'installais sur le mur du verger de la propriété pour laquelle mon grand-père et mon père étaient jardiniers.

Il ne reste plus de cet étang, comme du verger d'ailleurs, aucune trace, effacés par l'urbanisation à outrance de la région parisienne. J'étais bien trop jeune pour avoir un appareil photo. Ce sont donc des impressions qu'il m'en restait. Sentiment d'une beauté composée de myriades de facettes de couleurs et de reflets.

Je vous décrivais ainsi mes souvenirs, réveillé par Secret Garden : « Secret Garden, m'a ramené vers des souvenirs d’enfance qui me reviennent toujours. Mes souvenirs et ma quête sont liés, intenses et vivants : des faisceaux de lumière, un monde vaporeux, « bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe » (Henri de Régnier) , perlé de scintillements qui reflète la douceur du chant des oiseaux, aux robes-atmosphères comme dans Peau d’âne. Un univers tour à tour translucide et opaque, un jeu de nuances dans les paysages où le regard s'abîme. Redevenir ce que je n'ai pas été mais rêvait d'être en regardant la lumière jouer avec les ailes de myriades d'insectes, au-dessus de cet étang qui s'évanouissait dans l'horizon. Un songe qui s'emparait de mes paupières lourdes d'un sommeil pailleté d’azur et d’or. Une étincelle de songe et d'harmonie. Ce qui pour moi donne sens, est cet émerveillement que je ressentais en rêvant face à l’horizon d’une campagne aujourd’hui disparue, promesse de mondes beaux et généreux, vibrant et mélodieux, « rayonnant d’une surnaturelle clarté ». (Jean Lorrain – 1855/1906), tels que je les ai perçus dans un jardin, il y a bien longtemps. La nature, le jardin, les vents, les parfums, les couleurs, la lumière, ma quête est celle de la poésie et de la musique du monde. »

@ Monique Parmentier

Ces souvenirs étaient là enfouis dans ma mémoire et en sommeil, atténués par les nécessités du quotidien. J'aimerais forcément, dans l'espoir qu'apercevoir la beauté rendrait les êtres humains plus ouverts à la poésie les partager. Vivant dans le monde de l'image, il est devenu difficile d'offrir à des personnes qui veulent que tout aille vite, d'offrir par les mots cette imperceptible beauté d'une nature pas encore ravagée, saccagée. Une carte ancienne trouvée sur EBay, pourra peut-être me permettre de partager, en partie seulement, ce sentiment de plénitude. Il manquera toujours le scintillement de la lumière du soleil et son miroitement dans les eaux, et les sons, les murmures du vent, bourdonnements des insectes, le croassement des grenouilles, les chants des oiseaux, la vibration des ailes des libellules et des papillons, la cloche qui sonne au loin. Mais pourquoi ne pas tenter de les imaginer. Si vous le souhaitez, j'espère que ces images vous permettront de vous échapper vers un horizon si vivant, si loin des bruits industriels, mécaniques, pour retrouver le battement de votre coeur d'enfant. Malgré toutes les horreurs que produit l'humanité, je tente encore et toujours de préserver ce refuge, où tous les rêves sont possibles.

Ô le calme jardin d'été où rien ne bouge !
Sinon là-bas, vers le milieu
De l'étang clair et radieux,
Pareils à des langues de feu,
Des poissons rouges.

Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
Calmes et apaisées
Et lucides - comme cette eau
De confiance et de repos.

@ M Tarrant - Book of automn - Ph M Parmentier

Et l'eau s'éclaire et les poissons sautillent
Au brusque et merveilleux soleil,
Non loin des iris verts et des blanches coquilles
Et des pierres, immobiles
Autour des bords vermeils.

Et c'est doux de les voir aller, venir ainsi,
Dans la fraîcheur et la splendeur
Qui les effleure,
Sans crainte aucune et sans souci,
Qu'ils ramènent, du fond à la surface,
D'autres regrets que des regrets fugaces.

Emile Verhaeren

@ Myles Birket Foster - DR

I recently mentioned to you, in my article entitled "Away! away! for I will fly to thee", the memory I had of a pond that I could see in the distance, when I sat on the wall of the orchard of the property where my grandfather and father were gardeners.

There is no longer any trace of this pond, or of the orchard, erased by the excessive urbanization of the Paris region. I was much too young to have a camera. So these are impressions that I had left. A feeling of beauty composed of myriad facets of colors and reflections.

I described my memories to you, awakened by Secret Garden: "Secret Garden brought me back to childhood memories that still come back to me. My memories and my quest are linked, intense and alive: beams of light, a vaporous world, "blue like the shadow of trees on the grass" (Henri de Régnier), pearled with sparkles that reflect the sweetness of birdsong, with atmospheric dresses like in Peau d'âne. A universe that is by turns translucent and opaque, a play of nuances in the landscapes where the gaze is lost. To become again what I was not but dreamed of being by watching the light play with the wings of myriads of insects, above this pond that vanished into the horizon. A dream that took hold of my eyelids heavy with a sleep glittered with azure and gold. A spark of dream and harmony. What gives meaning to me is the wonder I felt while dreaming of the horizon of a countryside that has now disappeared, the promise of beautiful and generous worlds, vibrant and melodious, “radiating with a supernatural clarity.” (Jean Lorrain – 1855/1906), as I perceived them in a garden, a long time ago. Nature, the garden, the winds, the perfumes, the colors, the light, my quest is that of poetry and the music of the world.

@ Myles Birket Foster - DR

These memories were buried in my memory and dormant, attenuated by the necessities of everyday life. I would like to share them, in the hope that seeing beauty would make human beings more open to poetry. Living in the world of images, it has become difficult to offer to people who want everything to go quickly, to offer in words this imperceptible beauty of a nature not yet ravaged, ransacked. An old card found on eBay, could perhaps allow me to share, only in part, this feeling of plenitude. I will always miss the sparkle of sunlight and its shimmering in the waters, and the sounds, the murmurs of the wind, the buzzing of insects, the croaking of frogs, the songs of birds, the vibration of the wings of dragonflies and butterflies, the bell ringing in the distance. But why not try to imagine them. If you wish, I hope that these images will allow you to escape to a horizon so alive, so far from industrial, mechanical noises, to find the beating of your child's heart. Despite all the horrors that humanity produces, I still try and always to preserve this refuge, where all dreams are possible.

Par Monique Parmentier

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Le crépuscule celtique ... L'univers merveilleux de Yeats

9 Octobre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

Nay, are there not moods which shall find no expression unless there be men who dare to mix heaven, hell, purgatory, and faeryland together, or even to set the heads of beasts to the bodies of men, or to thrust the souls of men into the heart of rocks? Let us go forth, the tellers of tales, and seize whatever prey the heart long for, and have no fear. Everything exists, everything is true, and the earth is only a little dust under our feet.

William Butler Yeats - The celtic twilight - Le crépuscule celtique

Allons de l'avant, nous les conteurs d'histoire, et emparons nous de tout ce à quoi le coeur aspire, sans avoir peur de quoi que ce soit. Tout existe, tout est vrai et la terre n'est qu'un peu de boue sous nos pieds.

(Traduction pour les éditions La Part Commune

Lire, retrouver ce plaisir oublié dans une vie active trop trépidante dont le seul but est de survivre face à la pression de la cupidité des dirigeants de ce monde. Lire, vivre, rêver, loin de ce monde toujours plus déprimant. Klincksiek pour la Rose Secrète et La part commune pour le Crépuscule celtique sont deux très belles éditions/traductions d'un poète merveilleux, que je vous invite à découvrir. Un monde de fées et fantômes, où l'imaginaire est invité à se libérer des contraintes et des a priori. Un monde libre, dont la beauté est l'horizon infini que nous ouvre le poète conteur.

Par Monique Parmentier

 

 

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L’or du temps

18 Septembre 2024 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

Coucher de lune 17 09 24 @ M Parmentier

Une main fermée sur le vent. Les cinq doigts plissant la lumière - elle tient la pièce d’or ardente qui l’éclaire.
On cherche le destin au sens de la raison. Le reste est mieux caché aux coins de la maison et dans les replis de la tête, de la bouche qui souriait derrière les barreaux qui gardent la fenêtre.
Chef-d’oeuvre du vide qui roulait, actif dans l’infini et le temps qui s’arrête.

Coucher de soleil 10 09 24 par M Parmentier

Un rayon de soleil déchire la nuée - mais l’ombre de l’oubli est déjà toute prête.

Pierre Reverdy - Sable mouvant - Au soleil du plafond - La liberté des mers 

Coucher de soleil 13 09 24 par M Parmentier

Pour quelques jours à Narbonne, j’y découvre les lumières de la fin d’été, le vent de l’automne qui se lève. Si mon rêve d’installation s’éloigne face à un marché de l’immobilier absurde et dément, je ne renonce pas à ses séjours qui se font forcément plus court, du fait de l’inflation galopante, mais toujours si merveilleux. J’y poursuis ma quête de la poésie de lumière, tout en savourant avec toujours autant de plaisir les gourmandises.

Par Monique Parmentier 

 

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