L'horizon s'incline...

"L’horizon s’incline
Les jours sont plus longs
Voyage
Un cœur saute dans une cage
Un oiseau chante
Il va mourir
Une autre porte va s’ouvrir
Au fond du couloir
Où s’allume
Une étoile
Une femme brune
La lanterne du train qui part"
Pierre Reverdy - 1889-1960),
« Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant » (Éd. Ouvrières)
Certains tableaux vous accompagnent toute la vie. Le Port de Mer au Soleil Couchant de Claude Gellée dit Le Lorrain, est pour moi un ami fidèle. Sa lumière, ses personnages, dont ces musiciens sur le départ, l'Horizon nimbé de tendresse… Sont autant d'appels au départ vers un ailleurs heureux, vers un pays imaginaire où la poésie et l'harmonie règneraient. Loin de l'agitation, ce tableau, c'est aussi pour moi, ceux qui m'accompagneront toujours, des musiciens chers à mon cœur, ceux de l'ensemble du Poème Harmonique,... ils sont ici, tels que je les ai toujours perçus en concert. En nul autre lieu que dans ces tableaux du Lorrain, il ne me semble que les êtres humains et les paysages, cette nature qui murmure, n'ont trouvé un équilibre aussi parfait. Je n'ai plus guère l'occasion de retourner au Louvre pour rester des heures en contemplation devant cette toile, mais je les entend encore ce musicien et cette chanteuse… :
Quand le flambeau du monde
Quitte l'autre sejour,
Et sort du sein de l'onde
Pour alumer le jour :
Pressé de la douleur qui trouble mon repos,
Devers luy je m'adresse & luy tiens ce propos.

Depuis que ta lumiere
Vient redonner aux Cieux
Ta clarté coutumiere,
Si delectable au yeux,
Jusqu'au soir qu'elle va dans les eaux se perdant,
Mon soleil luit toujours au point de l'Occidant.
Et puis quand la nuit sombre
Vient au lieu du Soleil,
Et cache sous son ombre
L'orreur & le sommeil :
Joignant les mains ensemble & levant les deux yeux,
J'adresse ma parole aux estoilles des cieux."
Quand le Flambeau du monde - Jacques Davy Du Perron (1555 - 1618) Mis en musique par Charles Tessier
"Depuis vingt ans, pour moi, la terre tourne plus vite
et je n’en finis pas de forcer le temps qui passe
et qui sans moi passerait si je le laissais passer.
Mes voyages ne sont qu’une seule route qui s’ajoute
à ma vie."
KARADJA-OGHLAN, in Georges Chaliand, Poésie populaire turque et kurde, Maspero.
(poète turc de l’ordre des Derviches, ayant vécu au XVlle siècle)
Et les mots des poètes, les traits et les couleurs du peintre, les grands nuages blancs qui voguent, me permettent de briser les chaînes du quotidien, de m'échapper, ne fusse que l'espace d'un instant. Je sais que la ligne d'horizon doit être mon guide… elle est là et m'appelle.
Par Monique Parmentier
La force des larmes

"L'horreur de la vie, la soif de repos, que je repoussais depuis longtemps, me revinrent cette fois-là d'une manière terrible.
Je m'assis sur cette pierre et j'épuisai mon chagrin dans des flots de larmes. Mais il se fit en moi une grande révolution : à ces deux heures d'anéantissement succédèrent deux ou trois heures de méditation et de rassérènement dont le souvenir est resté en moi comme une chose décisive dans ma vie".
George Sand. Histoire de ma vie, Cinquième partie, chapitre XIII (Citation du profil Face Book de la Maison de George Sand à Nohant).
Pour avoir eu affaire une fois dans ma vie à un pervers narcissique, avoir du en affronter un autre hier qui s'est révélé pleinement dans des échanges privés, alors que je traverse une période difficile qui m'éloigne d'internet, j'ai réalisé combien le travail fait sur moi à la suite de ma première mésaventure, grâce à l'aide d'Isabelle Nazare-Aga, m'aura profondément aidé. Ne plus céder au chantage, aux menaces, à la méchanceté et à la jalousie de gens qui ne ressentent rien face au simple partage de la beauté. Ne pas douter de mon ressenti et me dire que d'une part, je ne leur en veux pas,- ils ne changeront pas, ils sont fait ainsi et du coup tenteront toujours de m'attaquer pour ce que je perçois et qui leur échappe- et que d'autre part, je me suffis de ces choses simples que j'aime par dessus tout. Les relations humaines sincères, rares et précieuses, les livres, la musique, un beau paysage, les chats, les promenades en forêt ou en bord de mer. Contrairement à eux, les moments de solitude ne me font pas peur, bien au contraire. Je ne conçois pas autrement l'amitié la vrai, que dans la loyauté et le respect d'autrui. Je ne passe pas mon temps à me photographier sous toutes les coutures, bien au contraire, je ne suis qu'une ombre, -un atome-, perdue dans cette foule qui erre sur la Planète en quête d'un bonheur indéfinissable, je sais que l'essentiel n'est pas dans mon apparence, mais dans la discrétion et l'effacement.
Je peux admettre sans soucis qu'on n'apprécie pas ce que j'écris, mais désormais je ne laisserais plus personne tenter de m'atteindre dans mon intégrité. Face à cela, je m'éloignerai irrémédiablement et ne me laisserai pas atteindre par les propos méchants et vides de sens.
Tôt ou tard, la mort nous rattrape tous, le plus important à mes yeux est et restera jusqu'au bout désormais, l'instant présent, l'amitié vraie, les livres, la musique, un beau paysage, cette passeggiata qui nous conduit sur des chemins incertains, parfois doux parfois tragiques... vers un horizon inconnu.
Par Monique Parmentier
PS : Je dédie le bois qui chante à celui dont l'esprit fermé ne peut percevoir l'invisible.