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Le blog de Susanna Huygens

Entre broderie médiévale et Tolkien... "Une étoile brille sur notre rencontre"

7 Novembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Musée Cluny Photo M Parmentier

"La route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m'a conduit si loin
Que depuis je la suis où qu'elle m'emporte"
JRR Tolkien

J'ai brutalement réalisé, il y a environ deux semaines, que la beauté me manquait. Depuis que j'ai quitté Versailles, entre les problèmes de transports et de santé, j'avais renoncé à l'essentiel. Alors, j'ai repris le chemin  et me suis laissée guider par ma bonne étoile et pris en semaine deux demi-journées de congés pour aller découvrir deux univers qui se sont révélés merveilleux et au fond très proches. Non il ne s'agit pas d'exposition de peintures. Je sais Léonard de Vinci ou Le Greco, auraient du m'attirer d'avantage, peut-être. Il s'agit de deux expositions qui montrent combien les conservateurs des institutions parisiennes sont profondément brillants en ces temps difficiles pour parvenir à capter un public trop encré dans une réalité douloureuse et difficile.

© The Tolkien Trust 1973

Je reviendrais plus longuement sur ces deux expositions dès que je pourrais, mais en attendant, n'hésitez pas à faire le déplacement pour briser ce quotidien sans rêve, ce cynisme ambiant et vous laisser emporter dans des univers d'intelligence, de charme, de raffinement, de voyages vers des horizons lointains qui redonnent du sens.

Au Musée Cluny, c'est la délicatesse, le luxe d'un travail d'une beauté méconnue et inouïe des broderies médiévales que j'ai découvert, à un moment, où l'envie de me remettre à la broderie est de plus en plus prégnante, afin d'y retrouver la sérénité du temps qui fil.

© The Tolkien Trust 1977

A la Bnf,  j'ai découvert bien plus qu'un conteur de légendes pour petits garçons, JRR Tolkien (1892-1973). Et même s'il a écrit le Seigneur des Anneaux d'abord pour son fils, et ce rôle de père fût pour lui essentiel, il ne pût le tenir aussi bien que parce que l'univers qui sommeillait en lui, était riche de sens. Il a créé un monde d'une luxuriante créativité grâce à une culture qui jamais ne se fait trop lourde et est pourtant extrêmement riche.

© The Tolkien Estate Ltd 1976, 1979

C'est tout à la fois le mode de travail de l'auteur qui s'offre à nous, mettant sur le papier un pays et des personnages nés de sa connaissance des langues anciennes, mais aussi un médiéviste attaché aux légendes de son pays et un papa Père Noël idéal qui revit dans cette exposition.

Ici tout est poésie et quête. Et les conservateurs s'appuient, pour évoquer le monde de Tolkien, sur des documents provenant tout aussi bien de la BNF que des collections de nos musées nationaux (tel le muséum national d'Histoire naturelle, le musée des Armées ou celui des arts décoratifs, sans parler des tapisseries des Manufactures d'Aubusson créées sur des dessins de Tolkien), que sur des documents en provenance d'Angleterre dont les manuscrits et dessins toujours propriété de la famille de l'auteur.

Sans le partenariat de The Bodleian Libraries, de l'Université d'Oxford, le soutien de la Raynor Memorial  Libraries - Marquette Universty, du Tolkien Estate et de la Famille Tolkien, la vraie magie de ces ouvrages et du monde de Tolkien n'auraient ainsi pu se révéler au public non seulement parisien, mais européen présent dans les salles. Après près de trois heures de visite, on se dit, que le temps nous manque et qu'on resterait bien en sa compagnie et qu'on poursuivrait volontiers ce "voyage en Terre du Milieu".... Alors forcément, après lecture des catalogues, et certainement dans ce que j'écrirais, l'influence de ces deux expositions se fera sentir. Bravo à Frédéric Manfrin, le commissaire de l'exposition Tolkien, présent sur Twitter où l'on peut le suivre. Il fait partie de ces conservateurs qui ont compris ce que la culture peut porter d'harmonie et de beauté dans un monde des réseaux sociaux, souvent froid et méchant.

J'ai retrouvé ici la féérie des Elfes et de cette culture humaniste, issue du monde des contes et légendes illustrés d'Arthur Rackham en passant par Edmund Dulac, des auteurs et musiciens de ce début du XXe siècle, qui ont découvert malgré eux, que tous les espoirs mis dans la science et la technologie avaient été dévoyés pour mieux broyer les êtres humains, dans des conflits, sans espoir de rédemption... mais où malgré tout, et contre tout, la nature résiste toujours et porte l'appel des voix du vent, ouvrant des horizons porteurs d'espoir.

Par Monique Parmentier

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