An october garden
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Est-ce l'âge, le temps qui passe ? La poésie me devient chaque jour plus essentielle. J’ai été émue aux larmes, lorsqu’une dame anglaise dont je suis le compte sur Instagram (Visions of poesy) a cité le poème de Christina Rossetti, An october Garden . Ce dernier m’a rappelé, un poème de Stéphane Mallarmé, Soupir qui évoque aussi ce mois d’octobre entre journée si pluvieuse, brouillard fantomatique du petit matin et lumières mordorées qui font rougeoyer les arbres. Je suis née en octobre, il y a maintenant 65 ans, est-ce pour cela que la mélancolie du temps qui disparaît, qui s’écoule, m’a toujours saisie lorsque vient l’automne. Octobre représente pour moi, le mois de l’année qui appelle le plus la poésie, qui laisse les fantômes venir à nous et la paix retrouvée, des regrets sans amertume, les souvenirs heureux, et l’émerveillement de l’instant, sa plénitude et sa beauté. Ses jardins secrets se referment, les premiers frimas laissent les tapis de feuilles mortes recouvrir la terre des souvenirs protecteurs qui permettrons au prochain printemps de renaître le moment venu. Mais qui peut mieux que les poètes nous dire sa beauté, ses mystères, ses peines et ses espoirs. Une invitation à l'enchantement et au silence. Au murmure des mots dans le vent et au mouvement des feuilles couleurs fauves qui tombent en tournoyant.
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Is it age, the passing of time? Poetry becomes more essential to me every day. I was moved to tears when an English lady whose Instagram account I follow (Visions of poesy) quoted Christina Rossetti's poem, An October Garden. The latter reminded me of a poem by Stéphane Mallarmé, Soupir, which also evokes this month of October between such a rainy day, ghostly fog of early morning and golden lights that make the trees glow. I was born in October, 65 years ago now, is that why the melancholy of time disappearing, passing, has always seized me when autumn comes. October represents for me, the month of the year that most calls for poetry, that lets ghosts come to us and peace found, regrets without bitterness, happy memories, and the wonder of the moment, its fullness and beauty. Its secret gardens close, the first frosts leave the carpets of dead leaves covering the earth with protective memories which will allow the next spring to be reborn when the time comes. But who better than poets can tell us of its beauty, its mysteries, its sorrows and its hopes. An invitation to the enchantment and silence. To the whisper of words in the wind and the movement of the tawny leaves that fall and swirl.
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An october Garden
In my Autumn garden I was fain
To mourn among my scattered roses;
Alas for that last rosebud which uncloses
To Autumn’s languid sun and rain
When all the world is on the wane!
Which has not felt the sweet constraint of June,
Nor heard the nightingale in tune.
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Broad-faced asters by my garden walk,
You are but coarse compared with roses:
More choice, more dear that rosebud which uncloses,
Faint-scented, pinched, upon its stalk,
That least and last which cold winds balk;
A rose it is though least and last of all,
A rose to me though at the fall."
Christina Rossetti
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Soupir
Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
– Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.
Stéphane Mallarmé
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Sighing - Stéphane Mallarmé
My soul inclines upon your brow, my dear, where it seems
That autumn, strewn with freckles, dreams;
And, towards the straying sky of your angelic eye,
As if, in gardens, with a melancholy sigh,
White fountains rise, in loyalty, towards azure,
October skies, tender, pale and pure,
Reflecting a stillness in basins of infinite repose
Carving on dead waters, in the dying throes
Of tawny leaves drifting on the wind, cold furrows,
Where yellow suns have dragged long rays with harrows.
Translation: © David Paley
Par Monique Parmentier
Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
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Je vous évoquais il y a peu, dans mon article intitulé "Away! away! for I will fly to thee", le souvenir qu'il me restait d'un étang que je pouvais apercevoir au loin, lorsque je m'installais sur le mur du verger de la propriété pour laquelle mon grand-père et mon père étaient jardiniers.
Il ne reste plus de cet étang, comme du verger d'ailleurs, aucune trace, effacés par l'urbanisation à outrance de la région parisienne. J'étais bien trop jeune pour avoir un appareil photo. Ce sont donc des impressions qu'il m'en restait. Sentiment d'une beauté composée de myriades de facettes de couleurs et de reflets.
Je vous décrivais ainsi mes souvenirs, réveillé par Secret Garden : « Secret Garden, m'a ramené vers des souvenirs d’enfance qui me reviennent toujours. Mes souvenirs et ma quête sont liés, intenses et vivants : des faisceaux de lumière, un monde vaporeux, « bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe » (Henri de Régnier) , perlé de scintillements qui reflète la douceur du chant des oiseaux, aux robes-atmosphères comme dans Peau d’âne. Un univers tour à tour translucide et opaque, un jeu de nuances dans les paysages où le regard s'abîme. Redevenir ce que je n'ai pas été mais rêvait d'être en regardant la lumière jouer avec les ailes de myriades d'insectes, au-dessus de cet étang qui s'évanouissait dans l'horizon. Un songe qui s'emparait de mes paupières lourdes d'un sommeil pailleté d’azur et d’or. Une étincelle de songe et d'harmonie. Ce qui pour moi donne sens, est cet émerveillement que je ressentais en rêvant face à l’horizon d’une campagne aujourd’hui disparue, promesse de mondes beaux et généreux, vibrant et mélodieux, « rayonnant d’une surnaturelle clarté ». (Jean Lorrain – 1855/1906), tels que je les ai perçus dans un jardin, il y a bien longtemps. La nature, le jardin, les vents, les parfums, les couleurs, la lumière, ma quête est celle de la poésie et de la musique du monde. »
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Ces souvenirs étaient là enfouis dans ma mémoire et en sommeil, atténués par les nécessités du quotidien. J'aimerais forcément, dans l'espoir qu'apercevoir la beauté rendrait les êtres humains plus ouverts à la poésie les partager. Vivant dans le monde de l'image, il est devenu difficile d'offrir à des personnes qui veulent que tout aille vite, d'offrir par les mots cette imperceptible beauté d'une nature pas encore ravagée, saccagée. Une carte ancienne trouvée sur EBay, pourra peut-être me permettre de partager, en partie seulement, ce sentiment de plénitude. Il manquera toujours le scintillement de la lumière du soleil et son miroitement dans les eaux, et les sons, les murmures du vent, bourdonnements des insectes, le croassement des grenouilles, les chants des oiseaux, la vibration des ailes des libellules et des papillons, la cloche qui sonne au loin. Mais pourquoi ne pas tenter de les imaginer. Si vous le souhaitez, j'espère que ces images vous permettront de vous échapper vers un horizon si vivant, si loin des bruits industriels, mécaniques, pour retrouver le battement de votre coeur d'enfant. Malgré toutes les horreurs que produit l'humanité, je tente encore et toujours de préserver ce refuge, où tous les rêves sont possibles.
Ô le calme jardin d'été où rien ne bouge !
Sinon là-bas, vers le milieu
De l'étang clair et radieux,
Pareils à des langues de feu,
Des poissons rouges.
Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
Calmes et apaisées
Et lucides - comme cette eau
De confiance et de repos.
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Et l'eau s'éclaire et les poissons sautillent
Au brusque et merveilleux soleil,
Non loin des iris verts et des blanches coquilles
Et des pierres, immobiles
Autour des bords vermeils.
Et c'est doux de les voir aller, venir ainsi,
Dans la fraîcheur et la splendeur
Qui les effleure,
Sans crainte aucune et sans souci,
Qu'ils ramènent, du fond à la surface,
D'autres regrets que des regrets fugaces.
Emile Verhaeren
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I recently mentioned to you, in my article entitled "Away! away! for I will fly to thee", the memory I had of a pond that I could see in the distance, when I sat on the wall of the orchard of the property where my grandfather and father were gardeners.
There is no longer any trace of this pond, or of the orchard, erased by the excessive urbanization of the Paris region. I was much too young to have a camera. So these are impressions that I had left. A feeling of beauty composed of myriad facets of colors and reflections.
I described my memories to you, awakened by Secret Garden: "Secret Garden brought me back to childhood memories that still come back to me. My memories and my quest are linked, intense and alive: beams of light, a vaporous world, "blue like the shadow of trees on the grass" (Henri de Régnier), pearled with sparkles that reflect the sweetness of birdsong, with atmospheric dresses like in Peau d'âne. A universe that is by turns translucent and opaque, a play of nuances in the landscapes where the gaze is lost. To become again what I was not but dreamed of being by watching the light play with the wings of myriads of insects, above this pond that vanished into the horizon. A dream that took hold of my eyelids heavy with a sleep glittered with azure and gold. A spark of dream and harmony. What gives meaning to me is the wonder I felt while dreaming of the horizon of a countryside that has now disappeared, the promise of beautiful and generous worlds, vibrant and melodious, “radiating with a supernatural clarity.” (Jean Lorrain – 1855/1906), as I perceived them in a garden, a long time ago. Nature, the garden, the winds, the perfumes, the colors, the light, my quest is that of poetry and the music of the world.
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These memories were buried in my memory and dormant, attenuated by the necessities of everyday life. I would like to share them, in the hope that seeing beauty would make human beings more open to poetry. Living in the world of images, it has become difficult to offer to people who want everything to go quickly, to offer in words this imperceptible beauty of a nature not yet ravaged, ransacked. An old card found on eBay, could perhaps allow me to share, only in part, this feeling of plenitude. I will always miss the sparkle of sunlight and its shimmering in the waters, and the sounds, the murmurs of the wind, the buzzing of insects, the croaking of frogs, the songs of birds, the vibration of the wings of dragonflies and butterflies, the bell ringing in the distance. But why not try to imagine them. If you wish, I hope that these images will allow you to escape to a horizon so alive, so far from industrial, mechanical noises, to find the beating of your child's heart. Despite all the horrors that humanity produces, I still try and always to preserve this refuge, where all dreams are possible.
Par Monique Parmentier
Le crépuscule celtique ... L'univers merveilleux de Yeats
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Nay, are there not moods which shall find no expression unless there be men who dare to mix heaven, hell, purgatory, and faeryland together, or even to set the heads of beasts to the bodies of men, or to thrust the souls of men into the heart of rocks? Let us go forth, the tellers of tales, and seize whatever prey the heart long for, and have no fear. Everything exists, everything is true, and the earth is only a little dust under our feet.
William Butler Yeats - The celtic twilight - Le crépuscule celtique
Allons de l'avant, nous les conteurs d'histoire, et emparons nous de tout ce à quoi le coeur aspire, sans avoir peur de quoi que ce soit. Tout existe, tout est vrai et la terre n'est qu'un peu de boue sous nos pieds.
(Traduction pour les éditions La Part Commune
Lire, retrouver ce plaisir oublié dans une vie active trop trépidante dont le seul but est de survivre face à la pression de la cupidité des dirigeants de ce monde. Lire, vivre, rêver, loin de ce monde toujours plus déprimant. Klincksiek pour la Rose Secrète et La part commune pour le Crépuscule celtique sont deux très belles éditions/traductions d'un poète merveilleux, que je vous invite à découvrir. Un monde de fées et fantômes, où l'imaginaire est invité à se libérer des contraintes et des a priori. Un monde libre, dont la beauté est l'horizon infini que nous ouvre le poète conteur.
Par Monique Parmentier