versailles
Et ses rêves s'inscrivent dans le vent
Il était une fois... Il y a de cela quelques années, j'ai "découvert" un ouvrage, d'une grande beauté, c'est de cet ouvrage dont je vais vous parler ici.
Dans ma bibliothèque idéale, il y a bien d'autres livres illustrés, ou pas, appartenant au monde de l'édition anglaise, sur lesquels, je reviendrais, mais il y en a aussi bien d'autres. A la fin du mois, je vais recevoir, L'extraordinaire histoire de la Villa Alice de Maëlle Vincensini, une histoire merveilleuse, dont je suis sur Instagram, la si belle et douce aventure. Je relis Jane Austen, comme on savoure une tasse de thé au jasmin ou Earl grey... Bien des oeuvres littéraires de France et d'ailleurs, qui m'accompagnent depuis toujours... Mais il y a celui dont la rencontre m'a marqué par son éclat, à tous jamais. Le livret des costumes et décors du Ballet du Roy aux festes de Bacchus.
Au coeur de Paris, dans l'une des plus anciennes bibliothèque publiques qui soit, se trouve un département, celui de la Réserve des estampes, installé dans ce qu'il reste des appartements du Cardinal Mazarin. Son existence est connue et son accès plutôt réservée à des chercheurs et des passionnés pouvant être introduits. J'étudiais déjà depuis un certain temps les ballets baroques français au Département des Arts du spectacle, lorsqu'un jour où mon esprit vagabondait, est venu à moi, une référence de bas de page, m'y conduisant.
Aller à la réserve des Estampes, s'est un peu comme emprunter, une route qui mène au pied de l'arc en ciel. Ayant à coté de mes activités de journaliste bénévole en musique classique (ancienne), un travail alimentaire, auquel je me rendais sans plaisir intellectuel, je l'avoue, chaque visite à la BNF pour parfaire ma culture et écrire des articles qui aient du sens, à toujours représenté une évasion, un voyage vers un autre monde, me permettant d'aborder plus sereinement mon quotidien. La réserve des Estampes, elle est devenue une sorte d'Eden, de jardin extraordinaire.
Cette réserve nécessite d'aller plus profondément dans les bâtiments Richelieu, monter un très bel escalier, laisser quasiment toutes ses affaires dans des casiers (un crayon, quelques feuilles de papier, sa carte d'identité, son appareil photo, voilà tout ce que l'on a le droit d'emmener en salle), franchir deux portes blindées, arriver dans un sas, impressionnée par ce dispositif et apercevoir venant vers vous, la conservatrice en chef du département, tout sourire. Je venais d'apercevoir des noms sur des boîtes me laissant ébahie comme Ali baba, devant les trésors de la caverne des 40 voleurs. "Oh, c'est magnifique n'est-ce pas, tous ces noms sur ces boîtes ?"... Que dire, si ce n'est "Oh oui !" : Rembrandt, Poussin, Dürer et bien d'autres.
Ayant été introduite par mail, par une amie conservatrice dans un autre département, elle connaissait les motifs de ma visite. Elle m'installa alors sur une grande table, avec un lutrin et un lourd tissu rouge.
J'ignore combien de temps dura mon attente, peu car chaque séance ne pouvait durer que deux heures, les mardi et jeudi matin. Temps que j'utilisai pour laisser mon regard vagabonder et observer les lieux magnifiques et tous ces noms magiques sur des boîtes.
Deux très longs livrets me furent d'abord emmener, que j'ai déjà évoqué ici, concernant des maquettes des costumes de ballet de Louis XIII, puis celui dont la référence m'avait attiré à la Réserve. Un ouvrage magnifiquement relié, sentant merveilleusement bon. Je mis certainement quelques minutes, après l'avoir déposé, bien à plat, à l'ouvrir, tant la reliure était déjà en soi une merveille. Ce que l'ouverture de l'ouvrage allait me révéler, reste pour moi, un inoubliable souvenir.
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Le ballet des festes de Bacchus, fut donné en 1651, les 2 et 4 mai, en pleine Fronde, à Paris, au Palais Royal, anciennement Cardinal, donc rue de Richelieu. Ce magnifique livret qui aurait du rentrer dans les collections royales comme un cadeau de son commanditaire, organisateur des plaisirs du Roy, Louis Hesselin (Treslon-Cauchon) (1602 - 1662), dont les armoiries figurent sur la reliure, ne rentra dans les collections nationales qu'en 1805 à l'occasion d'une vente. Son histoire connue permet de retracer son chemin.
Toutefois bien des "mystères" entourent, ce livret où ne figurent que les dessins des costumes et décors. Pourquoi est-il inachevé ? Est-ce pour cette raison qu'il resta dans le patrimoine familial, hérité par un neveu, dont les héritiers finirent par le vendre ? Qui est (ou sont les auteurs des magnifiques illustrations (maquettes)) ? Qui a réalisé les graffitis que l'on trouve à la fin du volume et qui semblent aussi anciens que l'ouvrage ? Les costumes authentiques furent -ils aussi magnifiques que leur reproduction où l'auteur, les a -t-il en fait sublimés par l'imagination ? Si certains ne présentaient pas de difficultés particulières à réaliser en un temps très courts, d'autres ont dû demander aux artisans (tailleurs, brodeurs, orfèvres), un travail extrêmement ardu.
Pour compléter la connaissance de ce livret, on dispose dans les collections de la BNF de la musique et du texte où est indiqué la distribution des rôles. Les vers en sont attribués à Isaac de Benserade (1613 - 1691), mais cette attribution est aujourd'hui encore contestée, alors qu'elle remonte au récit qu'en fit Loret dans La gazette, à l'époque de sa création.
Le synopsys de ce ballet, en fait une mascarade, dans l'esprit des ballets de Louis XIII, est d'une grande simplicité, mais totalement baroque dans l'esprit. Les rôles en ont été attribués, tout à la fois, à de grands seigneurs, à des valets du Roi et à des comédiens professionnels. Le Roi lui même en fut l'un des acteurs. Mais contrairement à ce que j'ai parfois lu, il n'y interpréta pas Apollon (le Soleil), rôle attribué à un acteur professionnel, le Sieur Cabou. Le jeune souverain ne deviendra la Roi Soleil, que deux ans, plus tard en 1653, à l'occasion du... Ballet de la nuit. Inaugurant son règne absolu, dont disparaîtra la fantaisie baroque.
L'attribution des dessins, qui elle aussi est parfois contestée, revient à Henry de Gissey (1621 - 1673). Que ce soit pour les vers et pour les dessins, il s'agit en fait d'un report d'attributions. Puisque concernant le Ballet de la Nuit, elles sont certaines et qu'elles présentent ici des caractères semblables. Mais à moins de découvrir un jour un courrier émanant de Louis Hesselin, rien ne pourra les confirmer ou les infirmer. Bien d'autres noms ont été avancés, et un auteur inconnu, n'est pas improbable.
Réaliser sans doute, en collaboration avec Giacomo Torelli (1608-1678) pour les décors, les dessins sur un format 33,4x 22,1 cm, aquarellés rehaussés d'or et ou d'argent, gouaches et encre et sont pour la plupart inachevés, mais tous d'une grande beauté, parfois infiniment poétiques (tels l'automne, le sommeil, Orphée, le fleuve Oubly, les fées...). Bien que représentés une seule fois, certains personnages dans le ballet, étaient multiples, tels les muses, les bacchantes, les fées...).
Je ne m'autorise à partager ici que quelques photos, dont des détails, la BNF a désormais mis en ligne cet ouvrage sur Gallica), mais je peux vous l'assurer, ces dessins, sont porteurs d'une émotion indicible, tant leur grâce ineffable, est celle des contes que l'on imagine lire à la veillée. Cette élégance quasi surnaturelle, qui même sur des personnages aussi inattendus et farfelus que "Je cherche la cadence", les gladiateurs, les trophées de la musique, sont si évocatrices des mystères dionysiaques, thématique pour le moins triviale d'ailleurs dans le texte, du ballet. Uniquement interprétés par des hommes, certains participants portaient des masques, parfois à peine discernables sur les dessins, leurs costumes donnant le sentiment d'être fait en des tissus luxuriants et fastueux. Fronde ou pas, la cour offrait à son jeune roi des distractions créant un sentiment d'irréalité du monde extérieur. Sentiment que j'ai souvent rencontré à Versailles, mais aussi dans le monde de la culture. Entrer à la Réserve des estampes, passer des heures en compagnie de tels chefs-d'oeuvre, dans un environnement aussi paisible, proche du recueillement, m'a toujours rendu le retour à mon quotidien, extrêmement difficile.
Si les costumes et les décors sont oniriques, le texte accompagnant chaque scène et entrée, révèlent donc une certaine canaillerie extravagante, à la poésie loufoque et non dénuée d'un certain charme.
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"Sçachez qu'on doit aymer alors qu'on eft aymé
Et quand par vos faueurs (faveurs) mes voeux Seroient contens
Vous ne Sçauriez eftre blafmées
De vous accommodez au Temps..."
"Attraper la cadence eft un pénible ouvrage
Je perds en cette enquête & ma peine & mes pas..."
J'aime l'orthographe, malheureusement je ne dispose pas ici des bonnes polices, aux caractères évocateurs de cette époque où la langue française se cherchait encore, et où la prononciation reconstituée par Benjamin Lazar, dans certains spectacles du Poème harmonique, laisse d'ailleurs éclore le verbe en toute liberté.
Après une introduction prêchant l'abstinence comme une grande vertu, l'ensemble des personnages en défilant, vas donc à contrepied défendre, le jeu, l'amour, le vin, la goinfrerie... Les vices comme un art de vivre. Les rêves n'y sont que des mensonges, à moins que ce ne soit celui qui l'affirme qui mente aux spectateurs. Jeu baroque ou la mort n'est pas plus qu'un songe. Les personnages les plus évocateurs de poésie ou de noblesse sont ridiculisés par Bacchus et ceux qui le servent. Le Sommeil lui - même avoue ne devoir son succès auprès des belles dames, qu'à la faveur du pavot, dont il abuse. Le jeune roi, interprète des personnages sans noblesse (une Grace, une bacchante, un homme de glace ou plutôt un "glacé", un filou, un titan, une muse, et ce n'est pas Louis XIV qui conclut dans le rôle conclusif ce ballet, mais un certain comte de Mauleurier, d'après le livret, en fait Edouard - François Colbert, comte de Maulevrier (1634-1693), père du fameux ministre du Roi Soleil.
La musique, parce qu'il y en avait une, fut éditée par Philidor Laisnée, longtemps après, en 1690. Elle fut composée par François de Chancy (chanteur, luthiste et compositeur actif dans la première moitié du XVIIe siècle, mort en 1656), le plus connu de tous ; Louis de Mollier (vers 1615 - 1688) ; Michel Mazuel (1603 - 1676) et un certain Verpré dont le nom n'apparait que dans l'édition de Philidor Laisnée, à l'occasion de ce ballet.
Des décors furent donc installés pour accompagner certaines des scènes, attribués à Torelli. Malgré l'oxydation des blancs de plomb, ils en conservent toute leur force. Les moyens théâtraux mis en oeuvre semblent tout aussi surprenant par leur grandeur que les costumes.
Avoir passé, en compagnie de ce livret, du temps en tête à tête, dans le silence de la salle de lecture, ne m'a laissé que des souvenirs magiques. Si j'ai mis du temps, ne disposant pas d'autant de moyens que des historiens professionnels pour restituer son histoire, il reste des questions auxquelles probablement nul ne saura répondre. Les mystères qui voilent encore la mémoire liée à l'évènement, à la création de ce spectacle, puis du livret et aux chemins empruntés par ce dernier pour nous parvenir, en ces lieux et ces collections, ajoutent une touche de fantasmagorie à ce livre unique. Un livre de rêves, fait pour rêver, oublier, s'oublier, partir, voyager, au -delà des horizons du quotidien. En conservant sa part de mystère, il porte en lui, ce qui contribue à souligner, l'objet baroque dans toute son étrangeté. Il nous invite à inventer, une autre histoire, celle que nous souhaitons en le feuilletant, qu'il nous raconte.
Par Monique Parmentier
La retraite : Versailles entre ombres et pénombres
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Pour célébrer ce moment tant attendu, il faut bien en attendant de trouver mon home sweet home dans le sud, ranger, trier... et donc mettre ici quelques photos qui remontent maintenant à il y a quelques années. Elles ont été prises entre le Grand et le Petit Trianon, un lundi après-midi et en soirée, une journée d'hiver.
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Une visite privée, un jour de fermeture, en compagnie de Jérémie Benoît, à l'époque conservateur en chef au Musée National du Château de Versailles, chargé du domaine de Trianon.
Je n'ai jamais vraiment chercher à faire des photos illustratives, mais plutôt comme à chaque fois à rechercher la poésie des lieux.
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Toutefois, vous apercevrez à un moment, Jérémie Benoît soulever la housse d'une chaise de la chambre de la Reine au Petit Trianon, nous révélant ainsi le tissu original.
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Je garde de merveilleux souvenirs de mes années Versailles, avec de belles rencontres et découvertes. J'ai quitté Versailles en 2015, sans regret, mais en emportant avec moi, ces instants uniques. Mon coffre à trésor, me permettra de vous inviter ainsi à des promenades de temps en temps, au coeur de ce que certains ne voient que comme un lieu de prestige et de pouvoir, mais qui conserve ce petit quelque chose d'unique... l'onirisme des lieux qui ne se révèlent vraiment que dans le silence.
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Ce blog va évoluer et va devenir, une fois installée, un blog d'art de vivre dans le sud, mêlant culture, gastronomie et passeggiata.
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Par Monique Parmentier
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Jeux de lumière, "mystères" de Versailles
Versailles est un lieu hors du temps. Se promener dans le château la nuit offre un sentiment étrange. Plus vous pourrez vous y isoler - et j'ai eu cette chance de participer à des visites privés, où cela est possible-, plus vous ressentirez ce lieu.
J'ai ainsi pu y adopter mon propre rythme pour savourer l'onirisme du lieu. Ainsi à chaque visite, de nuit ou du lundi, j'ai pu partir loin, bien plus loin que je n'aurais oser en rêver.
Cela m'a permis aussi de comprendre pourquoi, certains lieux, vous permettent d'effacer cette réalité mais aussi pourquoi il peut être si difficile dès le lendemain d'être confronté au quotidien.
J'ai passé 5 belles années à Versailles. J'ai grâce aux conservateurs -qui je pense appréciaient ma passion un peu hors nome pour la poésie du lieu et en étant bénévole à la Société des amis de Versailles à une époque où cela était possible pour la fille du jardinier-, avoir accès à l'ensemble de ces lieux magiques et des collections. lLà où aujourd'hui, je doute que cela soit encore possible. Plus personne, en dehors du personnel habilité, ne peut par exemple désormais, accéder aux toits et certains conservateurs véritables passionnés qui aimaient partager la beauté de ces trésors dont ils avaient la responsabilité, sont partis à la retraite.
Comment les remercierais-je assez pour tous ces merveilleux moments.
Classant désormais mes photos, que je n'ai souvent partagé qu'avec quelques amis, je vous les livre ici, au compte goutte, en espérant que vous les apprécierez.
Parfois, comme dans mon article sur les vases Landry, je vous mettrais des précisions sur les objets ou les lieux.
Parfois je ne vous mettrai en ligne que quelques photos, quelques impressions et je laisserai vos esprits vagabonder, se nourrir de vos rêves, en espérant que cela vous permettra d'enchanter votre quotidien, comme cela fut le cas pour moi, et cela encore aujourd'hui, cinq ans après avoir quitté Versailles.
Un grand merci à Anémone Wallet, qui fut la directrice des Amis de Versailles qui m'accepta comme bénévole et qui m'a beaucoup manqué, tant son énergie et son ouverture d'esprit, étaient une vraie motivation.
Un grand merci aux conservateurs qui m'ont donné l'accès à ce qui aurait du m'être inaccessible : Alexandre Maral, François-Xavier Hans, Jérémie Benoit, Bertrand Rondot.
Un grand merci à certains gardiens, possesseurs des clés qui m'ont ouvert jusqu'à des placards à balai, recelant des petits trésors d'architecture et dont la gentillesse fut toujours un plaisir.
Un grand merci à Claude Rozier-Chabert que je n'oublierai jamais et qui disparu trop vite et trop tôt. Grâce à lui mon regard sur les jardins s'est enrichi d'un ésotérisme poétique. Un grand merci à son épouse Chantal, qui a du quitter les Amis de Versailles trop vite et qui comme Anémone a tant manqué à mes dernières années de bénévolat.
Un grand merci à Marie-Noëlle et certains autres bénévoles que je n'ai pas oublié. Tous resteront chers à mon cœur car j'ai partagé avec celles et ceux dont je me souviens et qui se souviennent de moi, de merveilleux moments.
Je tiens aussi à remercier Laurent Brunner, directeur de l'Opéra Royal (et au passage Opus 64) pour m'avoir permis de couvrir les si beaux concerts programmés avec un goût sans faille par ce directeur qui aime la musique avec une passion et une rigueur loin d'exclure l'émotion baroque. L'Opéra Royal est bien plus qu'une institution, ou un lieu magnifique, c'est une salle qui à une âme, qui fait rêver et qui mérite de recevoir et d'offrir des concerts aussi extraordinaires que fantasmagoriques que ceux que j'ai eu la chance d'y entendre.
Promis il y aura bien d'autres photos. Je reviendrais, entre deux articles sur d'autres sujets. J'ai de quoi vous apporter un peu de féérie pour un moment encore.
Par Monique Parmentier
Perspectives versaillaises
Versailles fait forcément rêver... Pouvoir visiter le château et le prendre en photo, loin des bains de foule, un vrai bonheur. Voici un de ces moments magiques, dont j'ai pu bénéficier. Ce lieu hors du temps, permet de réaliser des photos quasi irréelles.
Photo prise dans les Petits appartements, depuis la salle du bain du Roi, il y a maintenant 5 ou 6 ans.
Par Monique Parmentier
Trésor caché de versailles : les vases Landry
Deux vases en albâtre, véritable merveilles des collections du Château de Versailles ne sont pas visibles du grand public, probablement parce que très fragiles mais sont pour les photographes amateurs ou non, un véritable bonheur. Les voici donc photographiées dans l'escalier d'accès à la Conservation, du temps où cette dernière était en encore dans le Pavillon Dufour. Désormais, les vases ont suivi le déménagement et sont exposés aux visiteurs se rendant dans les bureaux du Grand Commun.
Il s'agit d'une paire en albâtre proposé par le marchand Landry, qui se trouvait Passage des Panoramas à Paris. La transaction fût proposée le 19 juin 1825. On est alors sous le règne de Charles X. Sont représentés sur l'un Apollon et sur l'autre Diane. Ils furent livrés au Garde-Meuble le 11 novembre 1826, sous le règne de Charles X, où ils restèrent au magasin jusqu'en 1851, puis envoyés au Grand Trianon pour être placé dans le Salon Rond de l'Aile droite. Ils rejoignirent la Conservation au début des années 1960.
A chacune de mes visites à la Conservation, j'ai adoré les photographier, tant la lumière et la transparence de la matière donnent à ces objets un côté irréel, onirique et poétique. Surtout lorsque vous pénétrez dans les lieux lorsque la nuit tombe.
C'est tout d'abord le vase de Diane (la Nuit) que j'ai photographié. On peut y voir son char, tiré par des chevaux et le sacrifice d'Iphigénie. Les anses figurant des figures féminines ailées. Ces mêmes figures féminines se retrouvent sur le vase d'Apollon. Sur ce dernier, les deux avant dernières photos, vous pouvez voir, le sacrifice à Diane sculpté.
Sur la photo d'ensemble, vous pouvez voir à l'arrière plan deux sculptures. La première, modèle d'un antique qui se trouve à Rome, appelé le "Tireur d'épine", fut réalisé par Claude Ramey (1754-1838) alors qu'il se trouvait à Rome en 1784. Envoyé à Paris en 1786, il ne rejoint le Garde-Meuble qu'en 1807 et les collections des Tuileries. Ce n'est qu'à la fin de la Restauration qu'il rejoint Versailles, au Grand Trianon dans la Salle du Conseil, avant de rejoindre les jardins de ce même Trianon. En face de ce marbre, ce trouve l'Amour endormi de Jean-François Lorta (1752-1837), commande de Charles X. Ce marbre sculpté date de 1819 et fut placé aux côtés du "Tireur d'épine" dans les jardins du Grand Trianon, avant de rejoindre les réserves puis l'accueil de la Conservation.
Par Monique Parmentier
PS : pour celles et ceux qui souhaiteraient voir le "Tireur d'épines" en bronze se trouvant à Rome, ayant servi de modèle au petit marbre versaillais de Claude Ramey, je rajoute ici une photo ici à à gauche et à droite, le "Tireur d'épines" versaillais.
Un peu de beauté dans un monde de brut

Après une journée sans poésie, confrontée à la médisance et la bêtise, comme aujourd’hui, il m’arrive en quête de beauté de me replonger dans mes photos... et de retomber sur ces instants parfaits qui comme ici après presque 5 ans sont toujours aussi vivants et vibrants.

Un après-midi parfait au château de Versailles. Et qu’importe alors la méchanceté, la médiocrité auxquelles j’ai été confrontée. La beauté efface tout. Et la Galerie des Glaces pour moi toute seule ou des Grandes eaux exceptionnelles destinées à un tournage, me rappellent ce que le mot « privilégié » peut vouloir vraiment dire, lorsque j’ai été là à cet instant précis où la féerie est devenue réalité. Et qu’importe la jalousie que cela peut provoquer, d’autant plus qu’aux yeux des jaloux, ils estiment que de tels privilèges n’auraient pas dû revenir à la fille du jardinier. Ces instants de beauté sont ce qui me protège de ce calvaire à vivre quotidiennement, ces instants de beauté et leurs souvenirs m’aident à vivre les difficultés et à conserver la certitude qu’il y en aura d’autres, n’en déplaise aux esprits chagrins.
Se souvenir à la nuit tombée des planchers qui craquent et des murmures fantômatiques, des reflets déformés des songes du passé dans les glaces du plus beau des palais du monde et de ce pas de danse esquissé et à jamais perdu.

Vue des toits du Château de Versailles

J'ai eu la chance exceptionnelle de pouvoir monter en compagnie d'un conservateur du château de Versailles, il y 5 ans, sur les toits du plus superbe de tous les châteaux. Je vous livre quelques photos que j'ai pu réaliser à cette occasion.

Je ne suis que trop consciente de la chance que représente une telle visite, qui même pour des VIP serait aujourd'hui impossible pour des raisons de sécurité.
La beauté de l'horizon, le sentiment de flotter dans les airs, découvrir des détails des sculptures de la Chapelle Royale avant l'évocation de sa restauration qui à l'époque était plus qu'espérée... Tout cela est unique. Sujette aux vertiges, le conservateur du château m'avait réservé une magnifique surprise. Il m'avait invité à un concert privé. Car historien, il est aussi musicien et interprète avec un réel talent des pièces du répertoire baroque à l'orgue. Ce jour là, avec toutefois beaucoup de concentration, j'ai oublié mes vertiges.
Nous avons donc fait un circuit autour de la Chapelle Royale et entre cette dernière et l'Opéra royal.

La Chapelle Royale qui est une chapelle palatiale a été construite à la fin du règne du Roi soleil, elle fut terminée en 1710.
Elle est dédiée à Saint Louis.
Le plan extérieur de l’édifice, sa situation dégagée, la hauteur du bâtiment, ses arcs-boutants, ses gargouilles, sa toiture et son lanternon sont autant d'éléments qui font référence à l’architecture palatine.

"Le roi n’y descendait que pour les grandes fêtes religieuses où il communiait, pour les cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit, pour les baptêmes et pour les mariages des Enfants de France qui y furent célébrés de 1710 à 1789.

Au-dessus de l’autel, autour de l’orgue de Cliquot orné d’un beau Roi David en relief et dont les claviers ont été tenus par les plus grands maîtres comme François Couperin, la musique de la Chapelle, renommée dans toute l’Europe, chantait quotidiennement des motets tout au long de l’office." (Château de Versailles spectacles).
Louis XIV en avait rêvé mais c'est Louis XV qui fit construire l'Opéra Royal. Alors que le domaine avait déjà connu de très nombreuses fêtes dont les légendaires fêtes de l'Ile enchantée, aucun lieu définitif n'avait été trouvé pour décor des spectacles et grands dîners d'apparats.
L'Opéra royal fut inauguré en 1770 à l'occasion du mariage du futur Louis XVI et de de l'archiduchesse d'Autriche, Marie - Antoinette.
Monique Parmentier
La magie des grandes eaux au Grand Trianon à Versailles
A Versailles, il y a les Grandes Eaux du parc, ou plûtot du Petit Parc, autour du château, accompagnées par de la musique qui résonne dans tous les hauts parleurs placés à des endroits stratégiques et il y a celles du Grand Trianon qui ne sont données que deux à trois fois par an, sans autre musique que celle de l'eau, du vent, des murmures des feuillages et du chant des oiseaux. Ce sont les Grandes eaux, telles que les a connues Louis XIV. Pure féérie que je vous invite à découvrir en quelques photos.
Avec d'abord le jet central du Fer à cheval qui donne sur le Grand Canal.
Cette année ces Grandes Eaux ont été données pour le 15 août et nous les retrouverons pour les journées du Patrimoine.
La fragilité du réseau hydraulique et des bassins ne permet pas de les donner plus souvent. Par ailleurs, les fontainiers pris par celles du parc, ne disposent à cette occasion que de une heure trente pour nous les offrir, qu'ils en soient remercier. Car ces Grandes Eaux de Trianon, vous permettront de redécouvrir la vraie magie de ce métier unique.
Tendez l'oreille, ouvrez grand les yeux et laisser à l'enfant qui sommeille en vous suivre les chemins qui vous mèneront aux Sources.
J'avoue qu'en arrivant vers midi, je pensais avoir tout vu à Versailles et qu'il me serait donc difficile d'être encore émerveillé, tant la foule qui se bouscule dans les allées du parc et les Grands Appartements fini par rendre le lieu assez insupportable. La chance du Grand Trianon, c'est qu'il n'a quasi pas connu Marie-Antoinette, que son ameublement empire n'attire pas autant les touristes et que son état général, en fait en quelque sorte le château de la Belle au Bois Dormant. Et c'est tant mieux, car l'on peut encore s'y promener sans être bousculé, entendre les oiseaux chanter, y apercevoir une faune sauvage (comme les hérons qui fuient désormais les abords du Grand Canal, les faucons... Ici pour un peu, certains jours de brouillards on pourrait presque croiser des fantômes).
Alors chaque visite, nous y offre le vrai plaisir d'une solitude toute relative mais oh combien paisible, dans cet endroit où la beauté et l'harmonie règnent encore.
Le Grand Trianon, c'est vous savez celui qui a remplacé en 1687, le petit Trianon de Porcelaine. Ce dernier trop fragile, ne résistait pas aux intempéries. Sans compter que celle pour qui il fût conçu, Mme de Montespan, avait été répudiée, laissant sa place à la Belle Indienne, Mme de Maintenon.
On doit le Trianon que nous connaissons aujourd'hui, à Jules - Harduin Mansart, l'architecte du roi, dont Le Nôtre considérait qu'il faisait fort bien son métier de... Maçon. Alors s'il nous prend parfois à regretter de ne pouvoir voir ce petit palais, dont "l'exotisme" tout relatif devait être particulièrement ensorcellant, ce palais de marbre n'en possède pas moins de charmes.
Quant à ses jardins, s'ils ont beaucoup souffert du temps qui passe et des tempêtes, ils restent un enchantement.
Voici deux photos du bassin du Plat fond. Ce dernier est situé dans le fond du Jardin en face du palais. Il est orné de deux dragons sur les côtés et de deux sculptures en bronze, deux amours s'amusant sur deux ilôts jonchés de coquillages de François Girardon.
Si nous devons le palais du Grand Trianon à Mansart, c'est bien Le Nôtre qui dessina les jardins. Mais avant lui une famille de jardiniers fidèles au domaine du Roi y travailla. Parmi eux, Michel II Le Bouteux (1623-entre 1696/1716). Issu lui aussi d'une famille de jardinier, il avait en charge les fleurs et les orangeries.
Et c'est l'une des particularités de ces jardins du Grand Trianon. Contrairement à ceux du parc, les fleurs y tenaient une place essentielle. Elles embaumaient l'air porté par les vents. Les jardiniers d'aujourd'hui vieillent avec un grand soin à nous en rendre tous les sortilèges.
Samedi, comme au temps du Roi Soleil, les fontainiers ont comme leurs illustres prédecesseurs, équipés d'une clé lyre fait jaillir les mystères des eaux. La magie opère instantanément. L'eau, la terre et l'air s'en sont donnés à coeur joie, ce 15 août pour nous emporter dans des instants de pures fantasmagories. Soleil et nuages, jouant à cache-cache, nous ont invité à vibrer, sur un univers où la nature accepte de se laisser apprivoiser pour mieux transcender les éléments.
Le superbe Buffet d'eau, bassin de marbre que l'on doit à Mansart, chante sur plusieurs registres, tandis que du jet "du plat font" (voir plus haut) émane un grondement tellurique.
Les nymphes vous grisent de leur chant et de leurs danses et aux Sources, l'ancien bosquet aujourd'hui disparu, semble murmurer des souvenirs et des ris, d'un temps ancien. Des enfants jouent au milieu de dieux et déesses qui viennent vous inviter à oublier le temps présent, à redécouvrir un univers sans autre bruit que celui des coeurs qui battent à l'unisson de l'univers.
Par Monique Parmentier, article et photos.
Photos de la Méridienne
La Société des Amis de Versailles a déjà participé à la restauration de pièces du château. Depuis le début de l'année 2014, c'est la Méridienne, ou Boudoir de la Reine, pièce qui se trouve à l'arrière de la chambre de la Reine qui fait l'objet d'une restauration portant sur les boisseries, les planchers, la mise en sécurité de la pièce. Une deuxième tranche de travaux devrait par la suite concerner les tissus. Cette pièce est un petit bijou, offert par le Roi à la Reine, elle est le reflet des arts décoratifs extrêmement fins et délicats qui donnent à cette période de l'histoire de l'art, toute sa grâce. Les métiers d'art à l'époque y réalisent de nombreuses prouesses, d'autant plus que la pièce du être réalisé en un temps record.
En attendant, un article plus précis, voici quelques photos que j'ai réalisé lors d'une visite de chantiers :
Depuis quelques temps, comme je vous l'avais écrit précédement, je ne couvre plus que quelques concerts pour Classique news et ODB Opéra. Avec le temps, je me rends compte combien cela me convient. Et jusqu'à la rentrée, il en restera ainsi. Je trouve sur ces deux sites mon équilibre t et je retrouve du temps pour lire et surtout organiser un déménagement prochain.
C'est encompagnie de Murray Perahia, que je vous offre ces photos, témoignage d'un travail merveilleux. Je retrouve ainsi ce temps de la simple écoute, loin de la surproduction d'articles. Depuis que le manipulateur toulousain a disparu de ma vie, j'ai compris combien, mon amour de la musique, se contentait du rare. Tancrède de Campra, mardi prochain devrait ainsi m'apporter de belles émotions.
Trianon de porcelaine
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C'était un petit château à l'orée de la forêt... Un petit château destiné à abriter les amours d'un roi pour une dame aussi belle qu'ensorcelante mais pas sans danger.
C'était un petit château de porcelaine dont le luxe intérieur égalait les senteurs de ses jardins de Flore. D'ailleurs à l'époque, on l'appelait le château de Flore.
C'était un petit château de bleu et de blanc, couleurs des rois de France dont la fragilité causa sa perte.
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Aujourd'hui, il ne nous en reste que quelques gravures, quelques "porcelaines" (en fait des faïences) souvent brisées que parfois encore lors de promenades dans les jardins du Grand Trianon, si l'on sait observer on trouve quelques éclats.
Voici donc ce petit château qui appartient désormais à un Versailles disparu, dont le charme et la douceur, n'avaient d'égale que le bonheur d'y séjourner. Ce petit château qu'aujourd'hui l'on nomme le "Trianon de Porcelaine" appartenait à un Versailles dont les secrets, nous mènent sur les chemins du baroque, en un temps où le classicisme n'avait pas encore tout écrasé de son poids d'absolutisme.
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Je vous raconterais donc ici son histoire.... Je vous invite pour cela à me suivre au-delà de l'horizon... Dans un monde qu'il vous faut imaginer aux couleurs aussi vives qu'un Printemps naissant.
Sur ce tableau de Pierre Patel qui date de 1668 regardez bien la perspective... Suivez la ligne d'horizon... Et si vous observez bien, aucun des deux bras du Grand Canal n'est encore creusé. Sur votre droite, à l'emplacement du Grand Trianon que vous connaissez aujourd'hui, vous pouvez apercevoir, le clocher d'une église, quelques maisons... Et la forêt... et oui droit devant vous, l'horizon est libre de partout, l'emprise des hommes sur les paysages est encore respectueuse.
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C'est en cette année 1668, que Mme de Montespan, la très belle et envoûtante Athénaïs devint la maîtresse de Louis XIV.
Deux ans plus tard, ils chercheront un refuge, un lieu où se retirer loin des fracas des travaux permanents du château, de la chaleur de l'été, et vivre leur passion dans un endroit raffiné offrant plus d'intimité. "Ce petit Palais d’une construction extraordinaire, et commode pour passer quelques heures du jour pendant le chaud de l’Esté"
Le vieux village de Versailles résistera un peu plus longtemps (d'ailleurs si vous regardez bien à gauche sur le tableau de Patel, on aperçoit encore - sur ce qui deviendra l'emplacement du Grand Commun- l'église Saint Julien) que le petit village de Trianon... Et c'est ainsi que notre petit château de "porcelaine" va surgir comme par enchantement de la forêt.
Il fut construit à partir de 1670 sur les plans de Louis le Vau (1612-1670) qui mourut cette année là et c'est son gendre François d'Orbay qui l'acheva. Tandis que s'édifiait ce petit château, Michel Le Bouteux, jardinier fleuriste, neveu de le Nôtre, traçait et plantait le jardin.
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Il nous reste un témoignage (si ce n'est le seul, l'un des très rares) de l'émerveillement que produisait ce lieu sur ceux qui le connurent. Nous le devons à Félibien, historiographe du Roi (1619 - 1695) :
"Car n'ayant esté commencé qu'à la fin de l'hyver, il se trouva fait au Printemps comme s'il fust sorty de terre avec les fleurs des jardins qui l'accompagnent & qui, en mesme temps parurent disposez tels qu'ils sont aujourd'hui, & remplis de toutes sortes de fleurs, d'orangers et d'arbrisseaux verts. ... L'on pourroit dire de Trianon, que les Graces & les Amours qui forment ce qu'il y a de parfait dans les plus beaux & les plus magnifiques ouvrages de l'Art, et mesmes qui donnent l'accomplissement à ceux de la Nature, ont esté les seuls architectes de ce lieu & qu'ils en ont voulu faire leur demeure".
Ainsi Trianon dès sa naissance est avant tout un palais dédié à Flore, à la sensualité des parfums et à l'amour.
Dans ce palais de Flore, on trouvait un pavillon qui nous montre combien ce lieu était avant tout dédié au jardin : le Cabinet des Parfums. Il s'agissait probablement d'une serre, contenant des fleurs (des tubéreuses, des lys et du jasmin) que l'on protégeait en hiver, mais destinée à la visite.
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Voici un plan de l'intérieur du Trianon de "porcelaine" : Robert Danis, La Première Maison royale de Trianon : 1670-1687, Paris, Albert Morancé, 1926
Il n'existe actuellement qu'un seul meuble aujourd'hui connu de ce Trianon : une petite table en ivoire et lapis-lazuli attribuée à l'ébéniste Pierre Gole. Elle se trouve actuellement, à Los Angeles (et oui) au Musée Paul J. Ghetty, elle ne peut que vous donner une idée de la délicatesse de ce lieu unique.
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Une estampe de Nicolas de Poilly qui est à la BNF au Cabinet des Estampes, réalisée à l'époque où le Trianon de Porcelaine existait, c'est- à-dire durant la seconde partie du XVIIe siècle, nous donne une idée de l'apparence extérieure des bâtiments, lorsqu'on arrivait depuis le château dans ce joli petit pavillon, composé de plusieurs bâtiments.
Le "Trianon de porcelaine", ne doit pas cette dénomination moderne à une quelconque confusion quant à matière de ces plaques décoratives de faïences et non de porcelaines. Au XVIIe siècle, les occidentaux ne savaient pas encore produire cette dernière, qui arrivait de Chine. Ils mirent donc au point des techniques pouvant l'imiter.
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Ce Trianon que nous disons de porcelaine, doit en partie son nom aux couleurs dominantes de bleu et blanc qui le recouvraient en partie. Peu d'articles lui ont été consacré. Celui qui nous donne le plus de précisions sur ce que nous savons aujourd'hui le concernant, a été écrit par Madame Annick Hetzmann (Documentaliste au Services des plans et archives du château de Versailles) dans le Versalia n°8 (revue publiée par la Société des Amis de Versailles). En fait, ce petit château n'a que peu été représenté, peu renseigné. Ce sont essentiellement grâce aux Comptes des Bâtiments du Roi qui sont aux Archives Nationales que nous connaissons l'origine des faïences utilisées. Essentiellement de Hollande et de Lisieux, avec des éléments provenant de Saint-Cloud (mais en fait peut-être importés de Hollande par la fabrique) et de Rouen.
Tout le château n'en était probablement pas recouvert et la "porcelaine" doit également et surtout son nom à des techniques de peintures, réalisées dans des tons bleus et blancs, à l'imitation de la porcelaine chinoise. Tout laisse à penser que la toiture par exemple était peinte, tout comme à l'intérieur les décors sur stuc, ainsi que celui des portes et à l'extérieur, les grilles des volières, les vases en cuivre sur les combles ou ceux disposés sur les gradins des cascades.
En revanche, l'on sait que les faïences disposées dans des cadres de bois participaient aux décors aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Félibien, l'historiographe de Louis XIV, tout comme les comptes du Roi, nous apprennent que dans le salon, pavements et lambris en bénéficiaient. Il s'agissait pour les trois pièces centrales des carreaux bleus et blancs de Hollande, tandis que les deux cabinets étaient carrelés en violet. D'après l'inventaire du mobilier, Madame Annick Hetzmann, nous apprend que le mobilier du salon et des deux chambres étaient quant à lui fait de "bleu gris lin". Ce que nous confirme la petite table au Ghetty actuellement. Les jardins n'étaient donc pas en reste et outre des vases en faïences bleue et blanche, il fut ajouté en 1682 et 1683, deux cascades (voir estampe de Nicolas de Poilly), constituées de gradins, situées en vis-à-vis, à l'extrémité chacune d'une même allée. Plusieurs carreaux furent utilisés pour leur décor, mais dont on ignore avec précision la couleur et la provenance.
Sources :
- Article de Madame Annick Heitzmann - Trianon : la place de la faïence dans le château de porcelaine. Versalia N° 8 de 2005
- Félibien, Description sommaire du château de Versailles, 1674
- Jérémie Benoit (conservateur en chef des Trianons) : Un palais privé à l'ombre de Versailes
- Collectif, château de Faïence, XIVe - XVIIIe siècles, Marly-le-Roi, éd. Musée Promenade de Marly-le-Roy, 120 p., cat. exp. Musée-Promenade de Marly-le-Roi/Louveciennes, 9 oct - 10 déc 1993
- Forum Connaissances de Versailles
Illustrations : bases de données RMN/Château de Versailles - Photographie personnelle des faiences retrouvées exposées au Grand Trianon pour les "Les fleurs du roi" du 2 juillet au 29 septembre 2013. Je découvre ce jour (20 janvier 2018 que ce blog http://thisisversaillesmadame.blogspot.fr/2016/12/trianon-de-porcelaine.html c’est permis de copier tout mon dossier et ma photo des porcelaines, cela est d’une rare grossièreté et malhonnêteté),