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Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
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Je vous évoquais il y a peu, dans mon article intitulé "Away! away! for I will fly to thee", le souvenir qu'il me restait d'un étang que je pouvais apercevoir au loin, lorsque je m'installais sur le mur du verger de la propriété pour laquelle mon grand-père et mon père étaient jardiniers.
Il ne reste plus de cet étang, comme du verger d'ailleurs, aucune trace, effacés par l'urbanisation à outrance de la région parisienne. J'étais bien trop jeune pour avoir un appareil photo. Ce sont donc des impressions qu'il m'en restait. Sentiment d'une beauté composée de myriades de facettes de couleurs et de reflets.
Je vous décrivais ainsi mes souvenirs, réveillé par Secret Garden : « Secret Garden, m'a ramené vers des souvenirs d’enfance qui me reviennent toujours. Mes souvenirs et ma quête sont liés, intenses et vivants : des faisceaux de lumière, un monde vaporeux, « bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe » (Henri de Régnier) , perlé de scintillements qui reflète la douceur du chant des oiseaux, aux robes-atmosphères comme dans Peau d’âne. Un univers tour à tour translucide et opaque, un jeu de nuances dans les paysages où le regard s'abîme. Redevenir ce que je n'ai pas été mais rêvait d'être en regardant la lumière jouer avec les ailes de myriades d'insectes, au-dessus de cet étang qui s'évanouissait dans l'horizon. Un songe qui s'emparait de mes paupières lourdes d'un sommeil pailleté d’azur et d’or. Une étincelle de songe et d'harmonie. Ce qui pour moi donne sens, est cet émerveillement que je ressentais en rêvant face à l’horizon d’une campagne aujourd’hui disparue, promesse de mondes beaux et généreux, vibrant et mélodieux, « rayonnant d’une surnaturelle clarté ». (Jean Lorrain – 1855/1906), tels que je les ai perçus dans un jardin, il y a bien longtemps. La nature, le jardin, les vents, les parfums, les couleurs, la lumière, ma quête est celle de la poésie et de la musique du monde. »
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Ces souvenirs étaient là enfouis dans ma mémoire et en sommeil, atténués par les nécessités du quotidien. J'aimerais forcément, dans l'espoir qu'apercevoir la beauté rendrait les êtres humains plus ouverts à la poésie les partager. Vivant dans le monde de l'image, il est devenu difficile d'offrir à des personnes qui veulent que tout aille vite, d'offrir par les mots cette imperceptible beauté d'une nature pas encore ravagée, saccagée. Une carte ancienne trouvée sur EBay, pourra peut-être me permettre de partager, en partie seulement, ce sentiment de plénitude. Il manquera toujours le scintillement de la lumière du soleil et son miroitement dans les eaux, et les sons, les murmures du vent, bourdonnements des insectes, le croassement des grenouilles, les chants des oiseaux, la vibration des ailes des libellules et des papillons, la cloche qui sonne au loin. Mais pourquoi ne pas tenter de les imaginer. Si vous le souhaitez, j'espère que ces images vous permettront de vous échapper vers un horizon si vivant, si loin des bruits industriels, mécaniques, pour retrouver le battement de votre coeur d'enfant. Malgré toutes les horreurs que produit l'humanité, je tente encore et toujours de préserver ce refuge, où tous les rêves sont possibles.
Ô le calme jardin d'été où rien ne bouge !
Sinon là-bas, vers le milieu
De l'étang clair et radieux,
Pareils à des langues de feu,
Des poissons rouges.
Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
Calmes et apaisées
Et lucides - comme cette eau
De confiance et de repos.
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Et l'eau s'éclaire et les poissons sautillent
Au brusque et merveilleux soleil,
Non loin des iris verts et des blanches coquilles
Et des pierres, immobiles
Autour des bords vermeils.
Et c'est doux de les voir aller, venir ainsi,
Dans la fraîcheur et la splendeur
Qui les effleure,
Sans crainte aucune et sans souci,
Qu'ils ramènent, du fond à la surface,
D'autres regrets que des regrets fugaces.
Emile Verhaeren
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I recently mentioned to you, in my article entitled "Away! away! for I will fly to thee", the memory I had of a pond that I could see in the distance, when I sat on the wall of the orchard of the property where my grandfather and father were gardeners.
There is no longer any trace of this pond, or of the orchard, erased by the excessive urbanization of the Paris region. I was much too young to have a camera. So these are impressions that I had left. A feeling of beauty composed of myriad facets of colors and reflections.
I described my memories to you, awakened by Secret Garden: "Secret Garden brought me back to childhood memories that still come back to me. My memories and my quest are linked, intense and alive: beams of light, a vaporous world, "blue like the shadow of trees on the grass" (Henri de Régnier), pearled with sparkles that reflect the sweetness of birdsong, with atmospheric dresses like in Peau d'âne. A universe that is by turns translucent and opaque, a play of nuances in the landscapes where the gaze is lost. To become again what I was not but dreamed of being by watching the light play with the wings of myriads of insects, above this pond that vanished into the horizon. A dream that took hold of my eyelids heavy with a sleep glittered with azure and gold. A spark of dream and harmony. What gives meaning to me is the wonder I felt while dreaming of the horizon of a countryside that has now disappeared, the promise of beautiful and generous worlds, vibrant and melodious, “radiating with a supernatural clarity.” (Jean Lorrain – 1855/1906), as I perceived them in a garden, a long time ago. Nature, the garden, the winds, the perfumes, the colors, the light, my quest is that of poetry and the music of the world.
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These memories were buried in my memory and dormant, attenuated by the necessities of everyday life. I would like to share them, in the hope that seeing beauty would make human beings more open to poetry. Living in the world of images, it has become difficult to offer to people who want everything to go quickly, to offer in words this imperceptible beauty of a nature not yet ravaged, ransacked. An old card found on eBay, could perhaps allow me to share, only in part, this feeling of plenitude. I will always miss the sparkle of sunlight and its shimmering in the waters, and the sounds, the murmurs of the wind, the buzzing of insects, the croaking of frogs, the songs of birds, the vibration of the wings of dragonflies and butterflies, the bell ringing in the distance. But why not try to imagine them. If you wish, I hope that these images will allow you to escape to a horizon so alive, so far from industrial, mechanical noises, to find the beating of your child's heart. Despite all the horrors that humanity produces, I still try and always to preserve this refuge, where all dreams are possible.
Par Monique Parmentier
Vœux 2024
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En retard, je suis. Mais avec l'hiver et la pluie, je me blottis dans la lecture. Et je l'avoue, l'actualité ne m'a guère donner envie d'en passer par des vœux qui sonneraient faux. J'ai résolu, il y a bien longtemps de ne jamais aborder ici, des sujets d'actualité. Tout est si laid, d'une cruauté et d'un cynisme sans nom autour de nous, qu'il n'est nul besoin de rajouter des opinions provoquant en retour, de toute manière des insultes avec ceux qui ne les partageraient pas.
De tout coeur, je souhaite à mes visiteurs une belle et douce année 2024. En espérant, que malgré ce monde en souffrance, vous parviendrez à vous créer de merveilleux recoins d'harmonie et de petits bonheurs.
Par Monique Parmentier
L'extraordinaire histoire de la Villa Alice : le sel de la vie
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Il est arrivé. Je l'attendais. Il est arrivé alors que l'automne, sous une pluie froide et continue, vient me conforter dans ce besoin de me blottir, sous un plaid chaud. Il est arrivé et je l'ai longtemps regardé. Il est si beau. Oui, il est simplement beau. Sur sa reliure, une maison, une belle maison, sobre et ancienne, sans fioriture, juste quelques plantes grimpantes et en pots. Une maison aux volets ouverts, entouré d'un filigrane doré... Comme un livre de contes, la porte fermée, nous invite à l'ouvrir. Irréel, et pourtant si vrai, il attend dans mes mains que je l'ouvre. Il attend que quelqu'un à haute voix disent, "il était une fois". Il fleure bon les livres de mon enfance. Je vais l'ouvrir, et me laisser emporter, par l'histoire que je connais pourtant déjà un tout petit peu, ou que je crois connaître, car je suis Maële Vincensini, son autrice, depuis plusieurs mois sur Instagram.
La villa Alice, ce n'est pas seulement une histoire, une histoire vraie qui ressemble à un conte, c'est un peu aussi, mais pas seulement, la maison de famille dont nous rêvons tous. Mais aurions nous eu le courage, avant d'en faire nôtre, d'en accepter et d'en raconter l'histoire, pour en assurer la transmission de l'âme, de son âme si belle ? Maële et Renaud, ont su la percevoir et réanimer ses braises.
Je ne peux que vous inviter, à vous procurer, L'Extraordinaire histoire de la Villa Alice. Vous y découvrirez combien la mémoire de "ceux qui ne sont rien" est tellement plus belle que la légende dorée de nos stars médiatiques.
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Au coeur du Finistère Maële et son mari Renaud, ont découvert leur maison enfouie sous une épaisse végétation, abandonnée, ouverte à tout vent. Ils ont su que cette maison serait la leur, mais on su aussi immédiatement, que son histoire deviendrait la leur, cette ligne conductrice qui permet de s'enraciner. Alice, sa propriétaire, une belle dame très âgée accepta de la leur vendre, à une seule condition, que cette maison soit une maison de famille, une maison pour des enfants et des parents. Elle ne pouvait pas, cette belle dame, si seule, mieux choisir ceux à qui par le biais d'une vente, elle allait transmettre son bien. Au travers des objets si modestes, ceux du quotidien de plusieurs générations, Maële parvient à retrouver l'histoire d'une famille désormais pour partie éteinte, voir ignorante de son passé. Elle transmets ici, à son tour et ce faisant nous réapprend le sens de la mémoire et le sens de cette vie qui passe si vite, oui si vite. Et alors même que la mémoire d'Alice s'éteint progressivement, avant que de disparaître, si bien entourée, grâce à Maële, Renaud et leurs deux enfants, elle retrouve, ses derniers cousins, si lointains dont le temps avait effacé les liens.
Du XIXe siècle à aujourd'hui, cette maison, nous murmure, non seulement l'histoire de famille qui l'a bâti, mais aussi la nôtre. Celle de nos familles, ceux qui ne sont rien et qui furent sacrifiés sur les champs de batailles de la grande boucherie de 14/18, et de la résistance durant la Seconde guerre mondiale et du courage toujours de ceux qui ne sont rien, qui traversent la monstruosité de ces conflits et de leurs drames, et entre ces deux moments où la grande histoire côtoie celle du quotidien, le sel de la vie : les grèves pour survivre, les difficultés du quotidien, mais aussi les joies de l'apprentissage, d'une école apprenante et empathique. Chère Maële, j'ignore si vous me lirez, mais merci (mille e mille volte grazie) de m'avoir donné envie de relire les mémoires de mon grand-père, de regarder les photos anciennes que je détiens, de jeter un coup d'oeil sur un arbre généalogique qui ne me disait plus rien, depuis que mon grand-père, nous a quitté. Oui, Alice avait raison "ça passe si vite". On en prend conscience, un jour, lorsque vient le jour où l’on se demande ce que l'on a fait de tout ce temps.
Alice et Maële, vous invite à vous construire une mémoire, afin de la transmettre. En la lisant, vous retrouverez peut-être ce qui fait tant défaut à notre époque, ce besoin de partager la beauté des coeurs. Grâce à Maële et sa si douce et généreuse famille et à Alice, la flamme devenue si ténue de l'âme de la Villa Alice, a retrouvé sa luminosité. C'est à ranimer cette même flamme qui sommeille en vous que ce livre participera. Ce livre nous parle d'émotions, de rires, de larmes, de joies, de peines et de douleurs. Ce livre est la vie, la vie qui passe si vite. Faites de petits riens et de beaux et parfois terribles souvenirs.
J’aimerais ici remercier, la jeune maison d’édition indépendante bretonne Locus Solus, qui n’a pas hésitée à produire un si beau livre, un livre qui est fait pour faire scintiller votre bibliothèque de rêve. Et lorsque l'on regarde leur catalogue, ont peut y découvrir d'autres merveilles, comme autant de tableaux dans une galerie d'art, prêt à prendre vie lorsque les mots seront portés par la parole des lecteurs. Un travail d'édition remarquable, à suivre pour ensoleiller nos longues journées d'hiver et redonner aux parents le goût de l'histoire contée avant de s'endormir, aux enfants (petits et ... grands) récalcitrants.
N'hésitez pas, à entreprendre cet étrange et fascinant voyage en si belle compagnie.
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Par Monique Parmentier
La magie Fontfroide
La magie Fontfroide... des instants bénis des dieux, des rencontres parfois improbables dans un cadre somptueux, au milieu des vignes et de la garrigue. Une invitation aux voyages, à l'ailleurs, à la pluralité des mondes, à l'innefable richesse de la diversité des mondes.
Un grand merci à Montserrat Figueras, la première épouse de Jordi Savall, qui m'avait tellement recommandé d'y aller et m'avait dit que j'y trouverais une sérénité unique et bienveillante.
Un grand merci à Jordi Savall, d'être bien plus qu'un grand artiste, un humaniste éclairé et généreux.
Un grand merci à tous les musiciens qui chaque été nous font découvrir des univers fraternels et magiques.
Un grand merci aux amis de Fontfroide et à Laure d'Andoque pour la convivialité de leur accueil, leur sourire, l'empathie partagée.
Cette année, je ne pourrais être au festival, mais je compte bien retourner à l'abbaye et un jour retrouver, dans la chaleur de l'été, ces instants uniques, une fois que j'aurais trouvé ce home sweet home dans ma ville de coeur : Narbonne.
Par Monique Parmentier
Belle et harmonieuse année 2023
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Chère lectrice et cher lecteur,
voici venu le temps des vœux. Dans ce monde qui me semble avoir perdu le sens du beau, de l’altruisme, de l’empathie, de la modestie et de la simplicité… de la poésie, je m’en viens vous apporter mes vœux pour la nouvelle année. Fasse que la guerre s’éloigne, que la paix revienne, que la fraternité et la générosité apaisent les cœurs et brisent les chaînes de la haine et de la peur. Et aucune pièce musicale pouvait dire avec autant de beauté, de temps suspendu, ce qu'aucun mot ne pourra vraiment dire : Lux aeterna d'Edward Elgar.
Alors qu’en ce moment, je découvre pour mon plus grand bonheur, l’œuvre enchantée de William Morris, c’est avec un si beau texte de Colette et des cartes de vœux qui me ramènent aux jours de l’an de mon enfance, que je vous souhaite le meilleur, le plus doux, le plus onirique… que la joie et la santé guident vos pas dans ce monde si incertain.
Par Monique Parmentier
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COLETTE — Le jour de l'An à Saint-Sauveur
Qui pourrait me rendre la solennité puérile des jours de l'An d'autrefois?
Une enfant très aimée, entre des parents pas riches, et qui vivait à la campagne parmi des arbres et des livres, et qui n'a connu ni souhaité les jouets coûteux : voilà ce que je revois, en me penchant ce soir sur mon passé... Une enfant superstitieusement attachée aux fêtes des saisons, aux dates marquées par un cadeau, une fleur, un traditionnel gâteau... Une enfant qui d’instinct ennoblissait de paganisme les fêtes chrétiennes, amoureuse seulement du rameau de buis, de l'œuf rouge de Pâques, des roses effeuillées à la Fête-Dieu et des reposoirs – syringas, aconits, camomilles – du surgeon de noisetier sommé d'une petite croix, bénit à la messe de l'Ascension et planté sur la lisière du champ qu'il abrite de la grêle... Une fillette éprise du gâteau à cinq cornes, cuit et mangé le jour des Rameaux; de la crêpe, en carnaval; de l'odeur étouffante de l'église, pendant le mois de Marie...
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Vieux curé sans malice qui me donnâtes la communion, vous pensiez que cette enfant silencieuse, les yeux ouverts sur l'autel, attendait le miracle, le mouvement insaisissable de l'écharpe bleue qui ceignait la Vierge? N'est-ce pas? J'étais si sage!... Il est bien vrai que je rêvais miracles, mais... pas les mêmes que vous. Engourdie par l’encens des fleurs chaudes, enchantée du parfum mortuaire, de la pourriture musquée des roses, j'habitais, cher homme sans malice, un paradis que vous n'imaginiez point, peuplé de mes dieux, de mes animaux parlants, de mes nymphes et de mes chèvre-pieds... Et je vous écoutais parler de votre enfer, en songeant à l'orgueil de l'homme qui, pour ses crimes d'un moment, inventa la géhenne éternelle... Ah! qu'il y a longtemps!...
Ma solitude, cette neige de décembre, ce seuil d'une autre année ne me rendront pas le frisson d'autrefois, alors que dans la nuit longue je guettais le frémissement lointain, mêlé aux battements de mon cœur, du tambour municipal, donnant, au petit matin du 1er janvier, l'aubade au village endormi... Ce tambour dans la nuit glacée, vers six heures, je le redoutais, je l'appelais du fond de mon lit d'enfant, avec une angoisse nerveuse proche des pleurs, les mâchoires serrées, le ventre contracté... Ce tambour seul, et non les douze coups de minuit, sonnait pour moi l'ouverture éclatante de la nouvelle année, l'avènement mystérieux après quoi haletait le monde entier, suspendu au premier branches du vieux sapin de mon village.
Il passait, invisible dans le matin fermé, jetant aux murs son alerte et funèbre petite aubade, et derrière lui une vie recommençait, neuve et bondissante vers douze mois nouveaux... Délivrée, je sautais de mon lit à la chandelle, je courais vers les souhaits, les baisers, les bonbons, les livres à tranches d'or... J'ouvrais la porte aux boulangers portant les cent livres de pain et, jusqu'à midi, grave, pénétrée d'une importance commerciale, je tendais à tous les pauvres, les vrais et les faux, le chanteau de pain et le décime qu'ils recevaient sans humilité et sans gratitude...
Matins d'hiver, lampe rouge dans la nuit, air immobile et âpre d'avant le lever du jour, jardin deviné dans l'aube obscure, rapetissé, étouffé de neige, sapins accablés qui laissiez, d'heure en heure, glisser en avalanches le fardeau de vos bras noirs, – coups d'éventail des passereaux effarés, et leurs jeux inquiets dans une poudre de cristal plus ténue, plus pailletée que la brume irisée d'un jet d'eau... Ô tous les hivers de mon enfance, une journée d'hiver vient de vous rendre à moi! »
COLETTE — Le jour de l'An à Saint-Sauveur ; Les vrilles de la vigne (1908)
Impression d'automne
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“As a child I felt myself to be alone, and I am still, because I know things and must hint at things which others apparently know nothing of, and for the most part do not want to know. Loneliness does not come from having no people about one, but from being unable to communicate the things that seem important to oneself, or from holding certain views which others find inadmissible.”
« Enfant, je me sentais seul, et je le suis encore, parce que je sais des choses et que je dois faire allusion à des choses dont les autres ne savent apparemment rien et que la plupart ne veulent pas savoir. La solitude ne vient pas de n'avoir personne autour de soi, mais de ne pas pouvoir communiquer les choses qui semblent importantes pour soi, ou d'avoir certaines opinions que d'autres trouvent inadmissibles ».
Carl Jung
Narbo Via … la poésie d’un monde disparu
L’été dernier, en raison de la Covid, je n’avais pu aller visiter, le nouveau musée narbonnais, consacré au passé antique de la ville : Narbo Via
Contrairement à Nîmes, alors même que Narbonne a connu un passé bien plus prestigieux, les vestiges extérieurs de la ville antique ont quasiment tous disparus.
Mais de nombreuses fouilles ont révélé, tant à l’emplacement de la zone urbaine que de l’antique zone portuaire de nombreux vestiges. Un musée existait dans l’ancien palais de l’archevêché, mais afin de mettre en valeur les plus récentes découvertes, la ville a construit un nouveau musée.
Une belle réussite, tant au niveau de l’architecture du bâtiment, que de ces espaces et aménagements. La fluidité de la visite, permet aux visiteurs de tout âge, de profiter avec plaisir, de l’invitation au voyage que nous offre ce nouveau musée.
Narbo Martius fut la première colonie romaine fondée hors d'Italie en 118 avant notre ère. Il était donc parfaitement normal d'y consacrer un musée pouvant montrer au public toute la richesse des collections dispersées entre les réserves, le musée épiscopal et l'extraordinaire collection de pierres lapidaires qui jusqu'à présent étaient empilées, sans aucune mise en valeur, dans Notre-Dame de Lamourguier, une église proche des Halles.
Ces blocs épars, près de 2000 bas-reliefs, proviennent pour l'essentiel de monuments funéraires. Ils sont extrêmement variés, allant de la simple stèle au vestige monumental. Je vous recommande la lecture d'un excellent article scientifique, écrit pour la Revue Patrimoines du Sud par Carole Papin en 2015.
Désormais et grâce à une muséographie adaptée et à une signalétique/cartels interactifs, on peut en découvrir tout à la fois la délicatesse de certains détails et l'intérêt historique.
Le musée présente également de magnifiques mosaïques mais aussi des fragments de fresques, des petits objets de la vie quotidienne et de très belles sculptures ainsi que toutes les découvertes archéologiques faites autour du port de Narbo Martius.
Véritable invitation à un voyage dans le temps et dans un paysage méditerranéen, quasiment onirique, tant il nous paraît plus authentique et préservé.
Je vous invite, sur la route des vacances à vous y arrêter, pour une visite que vous ne regretterez pas, tant ce bâtiment à l'architecture contemporaine d'une grande élégance, met en valeur les œuvres exposées. Durant ma visite, j'ai eu le sentiment que le temps s'était arrêté, me permettant de savourer la grâce et la splendeur de ces "tessons" de vie. Purs instants de poésie que les architectes du projet ont su saisir.
Par Monique Parmentier
Narbonne, ma belle
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Alors que comme chaque année, TF1 demande à ses auditeurs d’élirent le plus beau marché de France et que Les Halles de ma ville de cœur y concourent, je termine un premier court séjour me permettant d’enclencher ma recherche d’appartement. J’ai donc pu appréhender ce qui permettra je l’espère rapidement de trouver ce petit T2 de mes rêves me permettant de m’installer dans ma ville lumière.
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Et bien évidemment, je suis retournée à ma Caverne d’Ali Baba pour y savourer non seulement quelques unes des gourmandises de mon sud, mais également d’y partager tant de sourires, cette convivialité qui est l’âme de Narbonne.
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N’hésitez pas à y passer et à voter pour ce qui est plus qu’un simple lieu où se rassembleraient des commerces de bouche. Ici bat le cœur du bonheur, simple et si vrai, du partage.
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J’ai repris mes longues promenades à la découverte de ces jardins extraordinaires baignés de lumière bleue et profité de ma chambre avec vue au Zenitude Hôtel (un grand merci à toute l’équipe de me permettre de la retrouver à chacun de mes séjours et de cet accueil à l’image de la ville si souriant).
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Narbonne, ma belle, je reviens bientôt.
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par Monique Parmentier
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Eloge de l'amitié, ombres de la trahison
Il est des textes qui m'ont profondément marqué parce qu'ils sont arrivés dans ma vie à un moment où ils se sont révélés essentiels, m'apportant des réponses à des questions douloureuses et ainsi le réconfort. Ces textes, parfois, sont alors allés se lover dans un coin de ma mémoire, tandis que d'autres s'éloignaient à jamais. Le texte de Tahar Ben Jelloun, sur l'Eloge de l'amitié, ombres de la trahison, a été un texte révélateur, exprimant bien au-delà d'un sentiment, une valeur qui dans nos sociétés n'a plus vraiment sa place ou à perdu son sens profond. J'appartiens à une génération, qui a non seulement lu le Grand Meaulnes et en a été profondément marqué, mais au-delà a assimilé la beauté de l'amitié comme un de ces éléments de la poésie du monde, pierre de fondation de tout ce que je suis, de tout ce dont je rêve et qui nourrie mon âme.
Ce texte est venu à moi, en 2012, une année de remise en question. Où une personne mal intentionnée et des "amis" communs, m'ont profondément fait douter de ce qui était pour moi, inconsciemment jusqu'alors une valeur fondatrice. Ce texte m'a permis d'effacer mes doutes et m'a depuis accompagné. Si la blessure est restée, il m'a permis de la panser. Depuis, avec la très belle lettre de Jacqueline de Romilly qui évoque aussi la beauté sensible de l'amitié, si proche de l'amour, mais si différente, ce texte m'accompagne à jamais.
Mais celui - ci plus que d'autres, m'a fait prendre conscience de ce en quoi la "trahison", l'avilissement de cette valeur Amitié par des faux amis peut redoutablement faire mal. Ainsi désormais lorsque certains veulent me faire douter ou que sans savoir pourquoi, le souvenir de la douleur me revient, je me remémore ce texte si beau, si juste :
Vœux
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Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie autant exaltée par un événement public. Le lancement réussi du James Webb Space Télescope (JWST pour les intimes) m’a rappelé en cette deuxième année de gestion calamiteuse de Covid, que si l’humanité est capable du pire trop souvent, elle peut aussi être capable de nous offrir le plus beau cadeau de Noël qui soit, en démontrant que la science porte aussi en elle une part de rêves et de magie. Durant mon enfance et mon adolescence, j’ai été astronome amateur et je n’ai jamais cessé de m’intéresser aux sciences et particulièrement à l’astronomie et aux technologies qui font réellement progresser l’humanité comme celles qui ont permis cet envol et permettront les observations du JWST.
Une fois installée dans mon sud, je compte bien m’acheter un nouveau télescope et observer, contempler le ciel et ses merveilles. Rien n’est plus fascinant et n’offre une si grande plénitude que l’observation des planètes 🪐, de la galaxie d’Andromède ou des voiles de la Nébuleuse d’Orion.
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En attendant, je souhaite à mes lecteurs, une année 2022, plus harmonieuse que 2021. La santé retrouvée … SVP faites vous vacciner et admettez les frustrations qu’impliquent pour un temps le respect des gestes barrières. On ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie, mais l’essentiel désormais n’est il pas de sortir enfin de cette crise sanitaire qui nous met sur la voie de ce qui nous attend avec la crise climatique. Essayez de trouver le bonheur dans ces petits riens. Pour ma part, entre Tolkien et le suivi des observations du JWST, je patienterai en attendant le printemps, en espérant que je puisse enfin aller chercher à cette période l’appartement de mes rêves.
Belle, heureuse et harmonieuse année à mes lecteurs.
Monique Parmentier