Le crépuscule celtique ... L'univers merveilleux de Yeats
Nay, are there not moods which shall find no expression unless there be men who dare to mix heaven, hell, purgatory, and faeryland together, or even to set the heads of beasts to the bodies of men, or to thrust the souls of men into the heart of rocks? Let us go forth, the tellers of tales, and seize whatever prey the heart long for, and have no fear. Everything exists, everything is true, and the earth is only a little dust under our feet.
William Butler Yeats - The celtic twilight - Le crépuscule celtique
Allons de l'avant, nous les conteurs d'histoire, et emparons nous de tout ce à quoi le coeur aspire, sans avoir peur de quoi que ce soit. Tout existe, tout est vrai et la terre n'est qu'un peu de boue sous nos pieds.
(Traduction pour les éditions La Part Commune
Lire, retrouver ce plaisir oublié dans une vie active trop trépidante dont le seul but est de survivre face à la pression de la cupidité des dirigeants de ce monde. Lire, vivre, rêver, loin de ce monde toujours plus déprimant. Klincksiek pour la Rose Secrète et La part commune pour le Crépuscule celtique sont deux très belles éditions/traductions d'un poète merveilleux, que je vous invite à découvrir. Un monde de fées et fantômes, où l'imaginaire est invité à se libérer des contraintes et des a priori. Un monde libre, dont la beauté est l'horizon infini que nous ouvre le poète conteur.
Par Monique Parmentier
L’or du temps
Une main fermée sur le vent. Les cinq doigts plissant la lumière - elle tient la pièce d’or ardente qui l’éclaire.
On cherche le destin au sens de la raison. Le reste est mieux caché aux coins de la maison et dans les replis de la tête, de la bouche qui souriait derrière les barreaux qui gardent la fenêtre.
Chef-d’oeuvre du vide qui roulait, actif dans l’infini et le temps qui s’arrête.
Un rayon de soleil déchire la nuée - mais l’ombre de l’oubli est déjà toute prête.
Pierre Reverdy - Sable mouvant - Au soleil du plafond - La liberté des mers
Pour quelques jours à Narbonne, j’y découvre les lumières de la fin d’été, le vent de l’automne qui se lève. Si mon rêve d’installation s’éloigne face à un marché de l’immobilier absurde et dément, je ne renonce pas à ses séjours qui se font forcément plus court, du fait de l’inflation galopante, mais toujours si merveilleux. J’y poursuis ma quête de la poésie de lumière, tout en savourant avec toujours autant de plaisir les gourmandises.
Par Monique Parmentier
Away! away! for I will fly to thee
« On that first morning when the sky was blue again Mary wakened very early. The sun was pouring in slanting rays through the blinds and there was something so joyous in the sight of it that she jumped out of bed and ran to the window. She drew up the blinds and opened the window itself and a great waft of fresh, scented air blew in upon her. The moor was blue and the whole world looked as if something Magic had happened to it. There were tender little fluting sounds here and there and everywhere, as if scores of birds were beginning to tune up for a concert. Mary put her hand out of the window and held it in the sun. »
« A l’aube du premier jour qui vit revenir le beau temps, Mary se réveilla de bonne heure. Le soleil filtrait dans la chambre à travers les fentes des volets, et ce spectacle était si joyeux qu’elle s’élança hors de son lit et courut jusqu’à la fenêtre. Elle l’ouvrit, poussa les volets et un grand souffle d’air frais et parfumé l’enveloppa. La lande resplendissait de toutes les nuances de bleu, comme si un enchanteur avait, pendant la nuit, métamorphosé le paysage. De doux chants d’oiseaux résonnaient dans l’air matinal, tous différents, tels des instruments s’accordant avant un concert. Elle tendit la main et sentit la caresse du soleil ». Traduction pour Folio Junior d’Antoine Lermuzeaux /Secret garden de Frances Hodgson Burnett (1849-1924)
Depuis mon dernier article, d'autres livres, plus beaux les uns que les autres me sont arrivés. De Tristan & Isoulde et la Vita Nuova de Dante illustrés tous deux par Evelyn Paul (1883-1963), en passant par le Royaume de la Perle illustré par Edmund Dulac (1882-1953) et des Poèmes sur la nature (Nature Poems) de Percy Bisshe Shelley (1792-1822) illustrés par William Hyde (1858-1925), Wonderbook de Nathaniel Hawthornes (1804-1864) illustré par Arthur Rackham (1867-1939) tous ont été des moments bonheur, lorsque j’ai ouvert les enveloppes les contenant. Je n’étais pas partie pour m’arrêter en chemin, mais en feuilletant le dernier arrivé, j’ai eu envie de faire une pause jusqu’à la rentrée (mettant ainsi à profit ces mois de difficultés dans les transports provoqués par les JO), pour m’interroger sur le sens que je souhaitais donner à cette collection, partie d’un défi personnel, mais dont chaque nouvel album venait à me rappeler, une quête qui sommeillait en moi depuis de longues années.
Certains penseront que durant mes séjours musicaux à Fontfroide, j’en avais trouvé la voie. Mais ce n’est que maintenant que je réalise, à travers mes souvenirs, qu’effectivement, je m’en suis rapprochée, les jardins et la musique m’en offrant des fragments, des chemins à suivre.
C'est à la lecture d'un livre dont je n'ai pu encore acquérir la première version illustrée par Charles Robinson (1870-1937), c’est un de mes projets, que je me suis souvenue de ce qui me guidait depuis tant d'années, dussè-je passer auprès de bien des gens pour une « neuneu ». Secret Garden, m'a ramené vers des souvenirs d’enfance qui me reviennent toujours tels que je les ai perçus dans un jardin, il y a bien longtemps. La nature, le jardin, les vents, les parfums, les couleurs, la lumière, ma quête est celle de la poésie et de la musique du monde.
Mes souvenirs et ma quête sont liés, intenses et vivants : des faisceaux de lumière, un monde vaporeux, « bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe » (Henri de Régnier) , perlé de scintillements qui reflète la douceur du chant des oiseaux, aux robes-atmosphères comme dans Peau d’âne. Un univers tour à tour translucide et opaque, un jeu de nuances dans les paysages où le regard s'abîme. Redevenir ce que je n'ai pas été mais rêvait d'être en regardant la lumière jouer avec les ailes de myriades d'insectes, au-dessus de cet étang qui s'évanouissait dans l'horizon. Un songe qui s'emparait de mes paupières lourdes d'un sommeil pailleté d’azur et d’or. Une étincelle de songe et d'harmonie. Ce qui pour moi donne sens, est cet émerveillement que je ressentais en rêvant face à l’horizon d’une campagne aujourd’hui disparue, promesse de mondes beaux et généreux, vibrant et mélodieux, « rayonnant d’une surnaturelle clarté ». (Jean Lorrain – 1855/1906).
Ce qui me frappe chez certains illustrateurs, ceux qui me touchent, c’est ce sentiment d’un pinceau léger comme un souffle qui m’invite, encore et toujours, à m’émerveiller. Certaines des œuvres illustrées sont-elles – mêmes de véritables joyaux littéraires, d’autres appartiennent à une littérature aujourd’hui délicieusement suranée, au style empesé et aux références si, -trop-, modernes à leur époque, qu’elles ne nous « parviennent » plus, ne nous parlent plus. Etrangement, les illustrations elles leur insufflent une nouvelle vie et nous donnent bien souvent envie de les imaginer telles qu’elles devraient être pour devenir intemporelles. Ce sont les illustrations d’Edmund Dulac qui font d’un texte de présentation sur le monde de la perle, un conte de nacre et d’ivoire, aux princesses d’ambre et d’ivresse. L’illustrateur y est le ciseleur qui transcende un objet et ses mythes, en conte joyau.
Me revient en mémoire ces mots d’un critique d’art : « … tout leur mystère, la rêverie qu’ils comportent, l’infini qui les enveloppe, les correspondances intimes et insaisissables qu’ils ont entre eux », voici ce qui m’émerveille.
Dans les jardins secrets murmurant, si souvent illustrés par Charles Robinson, dans ces mondes enluminés d’Evelyn Paul, dans ces personnages si vibrant de Florence Harrison, je me sens chez moi… à l’horizon, dans ces ailleurs rêvés. Découvrir grâce à une spécialiste de Shelley tout l’amour de ce dernier pour la nature, devenu une source d’inspiration pour de nombreux illustrateurs, dont les horizons flamboyants, fulgurants de William Hyde, mais aussi les roses de velours au parfum captivant de Charles Robinson, m’ont progressivement ramené à ces instants de « silence » bourdonnant et contemplatif de mon enfance. A ces émerveillements qui me permettait de ressentir le monde, dans mon jardin clos de murs anciens.
Les illustrateurs que je découvre font vibrer les mots des poètes de couleurs nouvelles, ouvrant de nouvelles perspectives.
Mon Secret garden est un jardin de roses et de jasmin, mais aussi un potager aux carrés parfaitement dessinés, promesses de saveurs gourmandes aux couleurs d’été ou aux goûts plus prononcés de l’hiver.
Mon Secret garden, est un jardin anglais, clôt, débouchant sur une maison ou un manoir ancien, d’où pourraient surgir des dames et chevaliers, des sorcières et sorciers, des hobbits ou des elfes… un monde de fantasy, où l’imagination est laissée libre, sans les moqueries d’un monde adulte où règne l’ennui de bon aloi prenant la pose de l’intellectuel fatigué, cartésien ou … freudien.
Le temps qui passe y est nimbé de lumière, je m’y installe pour lire, tout en laissant mon regard vagabondé et mes livres anciens y auraient pour étagère des branches d’arbres noués.
A la rentrée, à mon retour du sud, je reprendrais mes promenades, en quête de quelques livres et probablement viendrais je enfin à travailler, sur ce journal d’un autre temps, celui où petit à petit, avant que de partir, je consignerai ces petits riens, qui font tout le sel de la vie. Ces petits riens qui sont composés des mêmes atomes qui me font, atomes qui un jour repartiront en quête d'une nouvelle étoile.
Par Monique Parmentier
« Souvenez-vous. Voici le printemps. Nous allons
Prendre ce vert chemin. Il conduit au vallon
Et passe près de la fontaine
Qui murmure tout bas et jamais ne se tait,
Et dont le jeune avril en averses a fait
Déborder la vasque trop pleine.
Nous avons tout un jour pour marcher devant nous,
Tout un jour ! … »
Henri de Régnier (1864 – 1936)
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
Mais (tant je suis pauvre) je n’ai que mes rêves
J’ai répandu mes rêves à tes pieds
Marche légèrement : tu marches sur mes rêves.
William Butler Yeats (1865-1939)
Since my last article, other books, each more beautiful than the other, have arrived. From Tristan & Isoulde and Dante's Vita Nuova both illustrated by Evelyn Paul (1883-1963), through the Kingdom of the Pearl illustrated by Edmund Dulac (1882-1953) and Nature Poems by Percy Bisshe Shelley (1792-1822) illustrated by William Hyde (1858-1925), Wonderbook by Nathaniel Hawthornes (1804-1864) illustrated by Arthur Rackham (1867-1939) all were happy moments, when I opened the envelopes containing them. I hadn't set out to stop along the way, but while leafing through the latest arrival, I wanted to take a break until the start of the school year (thus taking advantage of these months of transport difficulties caused by the Olympics ), to question myself about the meaning I wanted to give to this collection, part of a personal challenge, but of which each new album came to remind me, a quest that had been dormant within me for many years.
Some will think that during my musical stays in Fontfroide, I had found the way. But it is only now that I realize, through my memories, that I have indeed come closer to it, the gardens and the music offering me fragments, paths to follow.
It was while reading a book of which I have not yet been able to acquire the first version illustrated by Charles Robinson (1870-1937), it is one of my projects, that I remembered what had guided me since so many years, even if I had to pass by many people as a “neuneu”. Secret Garden, took me back to childhood memories that always come back to me as I saw them in a garden, a long time ago. Nature, the garden, the winds, the perfumes, the colors, the light, my quest is that of the poetry and music of the world.
My memories and my quest are linked, intense and alive: beams of light, a vaporous world, “ bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe » ” (Henri de Régnier), beaded with sparkles which reflect the sweetness of the song of the birds, with atmospheric dresses as in Peau d'âne. A universe by turns translucent and opaque, a play of nuances in the landscapes where the gaze is lost. To become again what I was not but dreamed of being while watching the light play with the wings of myriad insects, above this pond which vanished into the horizon. A dream that took possession of my eyelids, heavy with a sleep glittering with azure and gold. A spark of dream and harmony. What gives meaning to me is the wonder I felt while dreaming of the horizon of a countryside that has now disappeared, the promise of beautiful and generous worlds, vibrant and melodious, “ rayonnant d’une surnaturelle clarté ”. (Jean Lorrain – 1855/1906).
What strikes me about certain illustrators, those who touch me, is this feeling of a brush as light as a breath which invites me, again and again, to marvel. Some of the illustrated works are – even real literary gems, others belong to a literature that is deliciously outdated today, with a starched style and references so, -too-, modern in their time, that they do not remind us no longer reach us, no longer speak to us. Strangely, the illustrations breathe new life into them and often make us want to imagine them as they should be to become timeless. These are the illustrations of Edmund Dulac which make a presentation text on the world of pearls, a tale of mother-of-pearl and ivory, with princesses of amber and intoxication. The illustrator is the engraver who transcends an object and its myths, into a jeweled tale.
These words of an art critic come to mind: “… tout leur mystère, la rêverie qu’ils comportent, l’infini qui les enveloppe, les correspondances intimes et insaisissables qu’ils ont entre eux ”, this is what amazes me.
In the whispering secret gardens, so often illustrated by Charles Robinson, in these illuminated worlds of Evelyn Paul, in these vibrant characters of Florence Harrison, I feel at home... on the horizon, in these dreamed elsewhere. Discover, thanks to a Shelley specialist, all of the latter's love for nature, which has become a source of inspiration for numerous illustrators, including the flamboyant, dazzling horizons of William Hyde, but also the velvet roses with their captivating scent of Charles Robinson, gradually took me back to those moments of buzzing, contemplative “silence” from my childhood. To these wonders which allowed me to feel the world, in my garden enclosed by ancient walls.
The illustrators I discover make the words of poets vibrate with new colors, opening new perspectives.
My Secret garden is a garden of roses and jasmine, but also a vegetable garden with perfectly designed squares, promises of gourmet flavors in summer colors or the more pronounced tastes of winter.
My Secret garden, is an English garden, enclosed, leading to an old house or manor, from which ladies and knights, witches and wizards, hobbits or elves could emerge... a fantasy world, where the imagination is left free, without the mockery of an adult world where normal boredom reigns, taking the pose of the tired intellectual, Cartesian or... Freudian.
The time that passes is shrouded in light, I sit there to read, while letting my gaze wander and my old books would have knotted tree branches as shelves.
At the start of the school year, on my return from the south, I would resume my walks, in search of a few books and probably I would finally come to work, on this diary from another time, the one where little by little, before leaving, I will record these little things, which make all the spice of life. These little nothings which are composed of the same atoms which make me, atoms which one day will leave in search of a new star.
« Souvenez-vous. Voici le printemps. Nous allons
Prendre ce vert chemin. Il conduit au vallon
Et passe près de la fontaine
Qui murmure tout bas et jamais ne se tait,
Et dont le jeune avril en averses a fait
Déborder la vasque trop pleine.
Nous avons tout un jour pour marcher devant nous,
Tout un jour ! … »
Henri de Régnier (1864 – 1936)
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
Mais (tant je suis pauvre) je n’ai que mes rêves
J’ai répandu mes rêves à tes pieds
Marche légèrement : tu marches sur mes rêves.
William Butler Yeats (1865-1939)
It was between night and the dawn of day that a vision came...
Undine. Arthur Rackham... Ma bibliothèque idéale, il y encore si peu, était un rêve. Bien sûr, une bibliothèque idéale, ce sont avant tout des œuvres merveilleuses, dont peu importe l'édition, l'essentiel est le talent de leur auteur.
Mais il fut un temps, où certains chefs-d'œuvre, ont bénéficié d'éditions illustrées et reliées de toute beauté. Ces éditions, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, étaient conçues pour que les lecteurs puissent offrir à leurs proches, enfants ou adultes, des livres "cadeaux", dont la lecture offrirait la sensation de vivre un rêve éveillé. Ce type d'éditions avait été rendue possible, grâce à des progrès techniques permettant de rendre en particulier les couleurs féériques des univers que chaque livre vous invitait à découvrir en sa compagnie.
Depuis maintenant, quelques mois, après avoir essayé de vous partager ma passion pour ces belles éditions anglaises, puisque ce sont elles qui m'attirent, sans en avoir à ma disposition que des reproductions trouvées sur Internet, j'ai osé entreprendre un voyage me menant à elles et en acquérir déjà certaines. Toutefois, un peu comme mon premier Dulac ou Florence Harrison, les livres illustrés par Arthur Rackham, me semblaient inaccessibles, mais je gardais dans un recoin de mon petit coeur baroque, l'idée qu'un jour peut - être, je pourrais acquérir Undine ou Midsummer night's dream, puisque le rêve d'un Florence Harrison s'était réalisé.
Et voilà qu'un libraire/antiquaire anglais, grâce à une enchère, m'a permis de voir arriver, un bon génie, il y a quelques jours, venant me remettre ce nouvel enchantement.
Undine, n'est pas un conte de fées. mais un conte de Friedrich de La Motte-Fouqué (1777 - 1843), un conte tragique appartenant à la littérature germanique, au même titre que les légendes qu'a illustré Wagner musicalement. D'ailleurs Ondine fut d'abord un livret d'opéra dont la musique était de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822). L'illustration de ce conte, qui date de 1909, représente un tournant dans la carrière d'Arthur Rackham (1867-1939). Loin du dessin de presse ou de la littérature enfantine, il va désormais imaginer des mondes oniriques et poétiques, aux clairs-obscurs habités par des personnages fantastiques, qu'ils soient beaux ou laids, terrifiants ou féériques, irréels et si vrais, porteurs de sombres mystères, issus de mondes secrets. Il illustrera par la suite le cycle du Ring of the Nibelung ou les contes de Grimm, d'autres histoires tragiques et sombres.
Undine ressemble aux vagues de son monde originel et sa chevelure se fond dans l'onde ou dans la lumière du clair de lune. Ses protecteurs de la forêt semblent parfois sortir d'un cauchemar, tandis que de son prince et de sa rivale, aux traits si délicats et froids, émanent cette rage et cette fragilité qui mènent à la tragédie.
Par sa correspondance, on sait qu'Arthur Rackham pris du plaisir à illustrer Undine. On connait aussi les artistes qui l'ont inspiré, tel Albrecht Dürer (1471 - 1528) et son Chevalier, la Mort et le Diable, pour l'illustration "Little niece", said Kühleborn, " forget not that I am here with thee as a guide". Rien de surprenant, Arthur Rackham est un homme de grande culture qui si il avouait mettre les maîtres italiens de la Renaissance à son panthéon, avait aussi une grande admiration pour les artistes du nord et particulièrement Dürer.
Arthur Rackham avait inventé ses propres techniques de dessin. Il utilisait un crayon pour les détails et les formes, qu’il retravaillait au stylo et à l’encre de Chine. Il effaçait ensuite les traces de crayon quand le tout avait pris la forme désirée. Pour les dessins en couleur, il superposait de multiples fines couches d’aquarelle, créant des teintes translucides. Je ne peux que vous recommander la lecture de sa biographie en anglais que l'on doit à James Hamilton chez Pavilion datant de 1990 et remise à jour en 2010. L'auteur a organisé une exposition qui a tournée au Royaume-Uni entre 1979 et 1980.
Une traduction en français du conte existe en ligne. Je ne peux que vous la recommander, elle est accompagnée des planches en couleurs et semi couleurs. Mais Arthur Rackham, a pris soin d'accompagner les en-têtes de chapitres de petites illustrations à l'encre (château et animaux fantastiques) et les pages de couvertures sont à l'intérieur illustrées également. Ouvrir les pages de ce livre, tourner les feuilles cartonnées, c'est partir... Une invitation aux voyages, dans laquelle, vous ne pouvez qu'aimez à vous perdre un temps, vous invitant à faire confiance à l'étrangeté porteuse de poésie, face à une humanité dans le rejet.
Si j'ai cité cet extrait du poète Gallois, Dylan Thomas, au début de mon article, c'est peut-être parce qu'Ondine au même titre que de nombreuses œuvres musicales d'Hoffmann, a fait les frais d'analyses des différents courants de la psychanalyse, une "science" qui prétend faire dire aux poèmes qu'au fond il ne serait que l'expression des plus basses pensées des poètes. Arthur Rackham lui, nous en a transmis la beauté sombre du monde humain en opposition au monde si cristallin des eaux, de l'héroïne. Parcourir Undine, c'est accepté qu'il peut exister des mondes, qui dépassent l'esprit humain, le transcende, l'interroge, l'interpelle, mais surtout l'invite à la contemplation. Ecouter chanter les pages du livre, tandis que vous le feuilleter et vous laisser emmener par les mots et les images, rares, étranges et d'une beauté saisissante, vers un ailleurs, le temps d'un instant. Undine comme tous les poèmes permet à la réalité de devenir autre et pourquoi pas meilleure par sa beauté. Révélant qu'il n'est pire rejet que de celui de ne vouloir voir la beauté que selon des canons officiels.
Par Monique Parmentier
"A good poem is a contribution to reality. The world is never the same once a good poem has been added to it. A good poem helps to change the shape of the universe". Dylan Thomas (poète gallois)
Undine. Arthur Rackham... My ideal library, until recently, was a dream. Of course, an ideal library is, above all, wonderful works, the edition of which does not matter, the main thing is the talent of their author.
But there was a time when certain masterpieces benefited from beautifully illustrated and bound editions. These editions, at the end of the 19th and beginning of the 20th century, were designed so that readers could offer their loved ones, children or adults, “gift” books, the reading of which would offer the sensation of living a waking dream. This type of edition had been made possible, thanks to technical progress making it possible to render in particular the magical colors of the universes that each book invited you to discover in its company.
For a few months now, after trying to share with you my passion for these beautiful English editions, since they are the ones that attract me, without having at my disposal anything other than reproductions found on the Internet, I dared to undertake a trip myself. leading to them and already acquiring some of them. However, a bit like my first Dulac or Florence Harrison, the books illustrated by Arthur Rackham seemed inaccessible to me, but I kept in a corner of my little baroque heart, the idea that one day perhaps, I could acquire Undine or Midsummer night's dream, since Florence Harrison's dream had come true.
And now an English bookseller/antique dealer, thanks to an auction, allowed me to see a good genius arrive a few days ago, coming to give me this new enchantment.
Undine is not a fairy tale. but a tale by Friedrich de La Motte-Fouqué (1777 – 1843), a tragic tale belonging to Germanic literature, in the same way as the legends that Wagner illustrated musically. Moreover, Ondine was first an opera libretto with music by Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822).The illustration of this tale, which dates from 1909, represents a turning point in the career of Arthur Rackham (1867-1939). Far from press drawings or children's literature, he will now imagine dreamlike and poetic worlds, with chiaroscuro inhabited by fantastic characters, whether they are beautiful or ugly, terrifying or magical, unreal and so true, bearers of dark mysteries, from secret worlds. He will subsequently illustrate the cycle of the Ring of the Nibelung or the Grimm tales, and other tragic and dark stories.
Undine resembles the waves of her original world and her hair blends into the wave or the light of the moonlight. Her protectors of the forest sometimes seem to come out of a nightmare, while her prince and her rival, with their delicate and cold features, emanate this rage and this fragility which lead to tragedy.
Through his correspondence, we know that Arthur Rackham took pleasure in illustrating Undine. We also know the artists who inspired him, such as Albrecht Dürer (1471 - 1528) and his Knight, Death and the Devil, for the illustration "Little niece", said Kühleborn, " forget not that I am here with thee as a guide.” Nothing surprising, Arthur Rackham is a man of great culture who although he admitted to putting the Italian masters of the Renaissance in his pantheon, also had great admiration for the artists of the north and particularly Dürer.
Arthur Rackham had invented his own drawing techniques. He used a pencil for details and shapes, which he reworked with pen and Indian ink. He then erased the pencil marks when everything had taken the desired shape. For color drawings, he layered multiple thin layers of watercolor, creating translucent hues. I can only recommend reading his biography in English by James Hamilton at Pavilion dating from 1990 and updated in 2010. The author organized an exhibition which toured the United Kingdom between 1979 and 1980.
A French translation of the story exists online. I can only recommend it to you, it comes with color and semi-color plates. But Arthur Rackham took care to accompany the chapter headers with small ink illustrations (castle and fantastic animals) and the cover pages are also illustrated inside. Opening the pages of this book, turning the cardboard sheets, is like leaving... An invitation to travel, in which you can only enjoy losing yourself for a while, inviting you to trust in the strangeness that carries poetry, facing a humanity in rejection.
If I cited this extract from the Welsh poet, Dylan Thomas, at the start of my article, it is perhaps because Ondine, in the same way as many musical works by Hoffmann, bore the brunt of analyzes of the different currents of psychoanalysis, a “science” which claims to make the poems say that deep down it is only the expression of the lowest thoughts of the poets. Arthur Rackham transmitted to us the dark beauty of the human world in opposition to the crystalline world of waters, of the heroine. Traveling through Undine, it is accepted that there can exist worlds, which go beyond the human mind, transcend it, question it, challenge it, but above all invite it to contemplation.
Listen to the pages of the book sing, while you leaf through it and let yourself be taken by the words and images, rare, strange and strikingly beautiful, to somewhere else, for a moment. Undine, like all poems, allows reality to become different and why not better through its beauty. Revealing that there is no worse rejection than wanting to see beauty only according to official canons.
Par Monique Parmentier
Fair was the morn and gay the flowers,
The grasses sweet and tall :
But there on the verge of the glassy lake
Was a peal outshinning all.
Vhat glitters there amid the grass ?
A blossom white as snow ?
Or is it a gem àf Heavenly light
Fallen to earth below ?...
Le chant d'Undine pour l'anniversaire de Bertalda
Sources : Arthur Rackham : a life with illustration - James Hamilton
Article et Photos : Monique Parmentier
Sources :
- Undine illustré par Arthur Rackham - 1rt edition 1909 Chez William Heinemann
- Arthur Rackham : a life with illustration - Pavilion (v 2010)
- Texte en anglais : Gutenberg.org
- Traduction en français : Wikisource
Oh, Could reach across the sea To where it meets the sky
And ever as she grew, the harp grew with her, always to fit, her hand and many a pretty tune she played upon it, yet none so sweet as that witch came in catches, here and there a word, and ever the sweet music, that crept into the heart like a warm wind of summer, telling of some far-off country that we know not albeit it seems laden with it sweetness.
Il est des livres qui vous attire comme un aimant et qui vous font voyager vers des rivages idylliques, où règnent beauté et harmonie. Clair de Lune & other troubadour Romances, est de ceux là. Une rencontre inattendue, qui vous touche au plus profond du coeur et de l'âme. Vous ne le trouverez sur aucune chaîne de distribution. Cet ouvrage a été publié en 1921 et fait partie de ces livres dits "anciens" qui me subjuguent chaque jour davantage, au point que je dois résister de plus en plus à leurs charmes.
Je n'ai encore que des informations fragmentaires sur cet ouvrage. L'illustratrice, Evelyne Paul (1883 - 1963) et la vicomtesse Clifden (1853-1921), décédée au moment de la sortie de ce livre, à laquelle fut dédié ce travail d'un charme vibrant sont les seules sur lesquelles j'ai pu trouver quelques rares informations parcellaires. De l'auteur, Michaël West et du compositeur de ces chants trouvères, tels que les imaginaient les années folles, Alfred Mereer, ne sont pour l'instant que des noms. Mais c'est en écoutant Arianna Savall que je les lis en tentant une traduction, cela dit plutôt facile... Car tout dans ce livre, en donne le sentiment de devoir être dit, plus que lu, chanté, murmuré dans la nuit, une nuit éclairée à la bougie et par un feu qui crépiterait dans une immense cheminée.
Ce livre envoûtant, nous demande de nous abandonner à la vibration du temps qui s'évanouit dans la beauté. Il est réellement ensorcelant.
Ce livre est venu à moi par des chemins détournés. Par son illustratrice, que j'ai découvert tout d'abord par le livre Myths & Legends of Japan et ses illustrations d'une délicatesse si proche de l'art des estampes, dont ce pays nous a offert de si précieux trésors.
Je bénis l'instant où j'ai hésité en découvrant d'abord dans ces livres d'après-guerre qu'Evelyn Paul a illustré, son Tristan et Iseult, entre ce dernier et ce quelque chose d'indéfinissable qui m'a attiré vers ce Clair de Lune unique et si captivant. Le soin apporté à protéger ce livre et sa reliure en daim aux lettrines dorées par sa première propriétaire y contribue, tout comme la dédicace et ses illustrations si raffinées et féériques... l'idée aussi que ce livre était une invitation musicale au rêve et parmi les photos misent en ligne par le libraire/antiquaire, une harpiste et son prince, elfe/trouvère, me rappelant deux artistes merveilleux, qui me manquent tant, mais aussi d'autres amis musiciens qui m'ont si souvent transportés dans des univers oniriques. Ce livre fait partie de ceux qui transmettent un lien secret entre ses auteurs et ses lecteurs, des livres univers, évocateur du rêve.
Je retourne à ma lecture et à ma recherche, persuadée qu'un jour viendra ou Tristan et Iseult mais aussi sa version illustrée de la Vita Nuova, rejoindront mon étagère. Du moins, je l'espère de tout coeur, car avec Florence Harrison, désormais Evelyn Paul a conquis mon petit coeur de baroqueuse. Peut - être un jour viendrais je compléter cet article, si je trouve quelques informations sur les auteurs, la récipiendaire et surtout Evelyn Paul. Si vous en avez, n'hésitez pas à me contacter.
Par Monique Parmentier
There are books that attracts you like a magnet and that make you travel to idyllic shores, where beauty and harmony reign. Clair de Lune & Other Troubadour Romances, is one of them. An unexpected meeting, which touches you deep in the heart and soul. You will not find it on any distribution chain. This work was published in 1921 and is one of those so -called "old" books that captivate me every day, to the point that I must resist more and more their charms.
I still have only fragmentary information on this work. The illustrator, Evelyne Paul (1883 - 1963) and the Viscountess Clifden (1853-1921), died at the time of the release of this book, to which this work of a vibrant charm was dedicated are the only ones on which I could find some rare plot information. From the author and the composer of these songs, such as the Roaring Twenties imagined, are only names for the moment. But it is by listening to Arianna Savall that I read them while trying a translation, that said rather easy ... Because everything in this book, gives the feeling of having to be said, more than read, sung, whispered in the night, A night lit by candle and by a fire that would crackle in a huge fireplace.
This bewitching book asks us to abandon ourselves to the vibration of time that passes in beauty. He is really bewitching.
This book came to me by diverted paths. By its illustrator, which I first discovered by the book Myths & Legends of Japan "and its illustrations of a delicacy so close to the art of prints, which this country has offered us such precious treasures.
I bless the moment when I hesitated by first discovering in these post-war books that Evelyn Paul illustrated, her Tristan and Isolde, between the latter and this something indefinable which attracted me towards this unique and captivating Moonlight. The care taken to protect this book and its suede binding with golden initials by its first owner contributes to this, as does the dedication and its refined and magical illustrations... the idea also that this book was a musical invitation to dream and among the photos posted online by the bookseller/antique dealer, a harpist and her prince, elf/trouvère, reminding me of two wonderful artists, who I miss so much, but also of other musician friends who have often transported me into worlds dreamlike. This book is one of those which transmit a secret link between its authors and its readers, universe books, evocative of dreams.
I return to my reading and research, convinced that one day will come or Tristan and Iseult but also its illustrated version of the Vita Nuova, will join my shelf. At least, I hope this wholeheartedly, because with Florence Harrison, now Evelyn Paul conquered my little baroque heart. Perhaps one day I will complete this article, if I find some information on the authors, the recipient and especially Evelyn Paul. If you have any, please do not hesitate to contact me.
Par Monique Parmentier
Oh could reach reach across the sea to
where it meets the sky :
where never winds nor tempest be,
where morning ne'er draws nigh,
What breaks upon with its beams,
nor noon to watch us weep,
But always twilight, ful of dreams,
and clouds that droop with sleep :
Where all my song shall come to me.
Could I but reach across the sea.
Texte de Michael West - Illustration Evelyn Paul for Clair de Lune & Other Troubadour Romances 1921
And we the shadows of the dream,
I dare not guess; but in this life
Of error, ignorance, and strife,
Where nothing is, but all things seem
And we the shadows of the dream,
It is a modest creed, and yet
Pleasant if one considers it,
To own that death itself must be,
Like all the rest, a mockery.
Percy Bysshe Shelley (1792 - 1822) - The sensitive plant
Je vous l'écrivais dans un précédent article, j'allais revenir vers vous, pour vous parler d'un ouvrage que je savais être merveilleux et qu'il me tardait de recevoir. J'avoue une très légère folie le concernant, car j'ai dépassé la somme au-delà de laquelle se génère des droits de douane pour le faire entrer sur le territoire. Mais au fond folie très légère, car j'ai du rajouter 20 euros et apprendre surtout à patienter, car même pour un modeste mais beau livre, les formalités prennent un peu de temps.
Si ce livre a immédiatement attiré mon attention, lorsqu'une des collectionneuses l'a évoqué sur son blog, c'est parce que ce livre illustré par Charles Robinson, ne pouvait que séduire la descendante de plusieurs générations de jardiniers, j'imagine. Parce qu'il parle à mes souvenirs d'enfance dans les jardins, à la féérie d'un monde en voie de disparition, celui d'une nature où virevoltent les insectes et les taches de lumière sur les feuillages, les nymphes et les fées que notre imagination féconde peuple, s'y dissimulant aux regards froids et cyniques, de ceux qui veulent effacer les rêves, pour réduire l'humanité à la seule cupidité pour mieux la gouverner.
Sensitive Plant, est d'abord un poème de Schelley écrit en 1820, plusieurs fois réédité et qui au cours du XIXe et du XXe siècle (du moins à ses débuts) fut illustré par des artistes qui y ont recherché cette infini beauté que célébrait le poète et qui donne sens à la vie.
J'ai tendance à penser, mais encore me faudrait-il pouvoir faire une comparaison de visu, que cette édition de 1911, illustrée par Charles Robinson (1870-1937), est la plus fascinante et la plus belle. Peut - être, parce qu'elle conserve une forme d'innocence que celle de 1898 (pourtant nettement pré-raphaëlite) de Laurence Housman (1867-1959) n'a pas (mais je garde dans un petit coin de ma mémoire, le souvenir de cette édition, pour le cas où je pourrais un jour la trouver à un prix accessible, car elle est fort belle). D'autant plus que Laurence Housman est pour moi, un auteur et artiste à découvrir également.
Je commence seulement à feuilleter cet ouvrage merveilleux qui m'est arrivé hier, après un périple passant par la douane et des entrepôts anglais et français.
« Une plante sensible dans un jardin a grandi, et les jeunes vents l’ont nourrie de rosée argentée et elle a ouvert ses feuilles en éventail à la lumière, et les a fermées sous les baisers de la nuit »... Sensitive plant est un poème qui célèbre la vie, nous encourageant à en savourer chaque instant, chaque raie de lumière, chaque parfum, à aimer cette nature qui nous appelle. Si les spécialistes de Shelley ne considère pas ce long poème comme son meilleur, ce poème n'en est pas moins par sa thématique et son traitement, un bien beau poème, plein de charmes, offrant aux illustrateurs de ces éditions de la seconde partie du XIXe et du début du XXe siècle, l'occasion d'enchanter les lecteurs.
Il fut publié dans un recueil d'œuvres intitulé Prometheus Unbound and Other Poems. Ecrit par Shelley à la mort de son fils William, alors qu'il séjournait à Pise en Italie, afin de les accompagner, lui et sa femme dans leur deuil, le poème décrit un jardin de fleurs entretenu par une dame sans nom. Parmi toutes les fleurs, la « plante sensible » ou le mimosa (Mimosa Pudica), se démarque dans le jardin. Tout au long des trois sections du poème, il marque les saisons à mesure qu'elles progressent du printemps à l'hiver, mais aussi du jour à la nuit.
And the beasts, and the birds, and the insects were drowned
In an ocean of dreams without a sound;
Whose waves never mark, though they ever impress
The light sand which paves it, consciousness;
Si la poésie de Shelley est si profondément liée à son destin... romantique et tragique, et si sa poésie me séduit donc forcément, ma collection ne porte pas sur ce poète, mais sur les illustrateurs. Depuis déjà un moment, j'envisage d'écrire sur cet univers. Mais je n'ai pas encore trouvé d'ouvrages d'histoire de l'art, les étudiants et les informations dont je dispose me semblent trop parcellaires et je découvre de plus en plus, combien ce monde de l'illustration au début de l'édition moderne est bien plus riche que je ne l'imaginais.
Est ce la retraite, l'âge, le fait de savoir que le temps se réduit, je reviens à ce qui a accompagné mes lectures d'enfant. Certes les livres illustrés de l'époque n'avait plus rien à voir, avec ces merveilles produites par l'édition anglaise des époques victorienne et edwardienne. Mais quelque part, à travers la presse enfantine des années 60 et aussi quelques très beaux livres de la bibliothèque de mon grand-père et les illustrateurs de bandes dessinés, il m'en est resté l'étrange sentiment, d'avoir beaucoup voyagé grâce à mes lectures. Les mots et les images me permettant de me créer un imaginaire que j'ai tenté de préserver, parce qu'ils sont le meilleur des refuges, contre les violences de ce monde et la meilleure source d'espoir.
Tolkien m'a ouvert aussi un nouveau monde, avec ses propres illustrations mais aussi celles de ceux qui par leur talent (Alan Lee et John Howe en particulier), ont donné vie aux chemins de la Terre du Milieu
Parviendrais - je un jour, une fois rassemblé une petite bibliothèque idéale, à trouver matière, à un article sur l'univers de l'illustration qui tiendrait la route, où me contenterais-je de vous inviter à découvrir quelques photos de ces ouvrages, à la richesse luxuriante... Je peux vous assurer que lorsque j'ai sortie The sensitive Plant de son carton, pour en découvrir le papier de soie qui le recouvrait, une émotion fulgurante m'a saisie. Le sentiment, qui s'est confirmé, qu'un trésor d'une beauté sans pareil, allait m'emporter bien loin du quotidien. Si vous me cherchez, je serais dans ce jardin... Celui dont les secrets peuvent vous guérir de la mélancolie et donner du sens au temps qui passe.
The snowdrop, and then the violet,
Arose from the ground with warm rain wet,
And their breath was mixed with fresh odour, sent
From the turf, like the voice and the instrument
Par Monique Parmentier
I wrote this to you in a previous article, I was going to come back to you, to tell you about a work that I knew was wonderful and that I was looking forward to receiving. I admit a very slight madness concerning him, because I exceeded the sum beyond which customs duties are generated to bring him into the territory. But basically very slight madness, because I had to add 20 euros and above all learn to be patient, because even for a modest but beautiful book, the formalities take a little time.
If this book immediately caught my attention, when one of the collectors mentioned it on her blog, it is because this book, illustrated by Charles Robinson, could only appeal to the descendant of several generations of gardeners, I imagine. Because it speaks to my childhood memories in gardens, to the magic of a disappearing world, that of a nature where insects and spots of light swirl on the foliage, nymphs and fairies that our imagination fertilizes people, hiding from cold and cynical glances, of those who want to erase dreams, to reduce humanity to greed alone to better govern it.
Sensitive Plant, is firstly a poem by Schelley written in 1820, republished several times and which during the 19th and 20th centuries (at least at its beginnings) was illustrated by artists who sought in it this infinite beauty that celebrated the poet and who gives meaning to life.
I tend to think, but I would still have to be able to make a visual comparison, that this 1911 edition, illustrated by Charles Robinson (1870-1937), is the most fascinating and the most beautiful. Perhaps because it retains a form of innocence that that of 1898 (yet clearly pre-Raphaelite) by Laurence Housman (1867-1959) does not have (but I keep in a small corner of my memory, the memory of this edition, in case I could one day find it at an affordable price, because it is very beautiful). Especially since Laurence Housman is for me, an author and artist also worth discovering.
I am only beginning to leaf through this marvelous work which arrived to me yesterday, after a journey passing through customs and English and French warehouses.
A Sensitive Plant in a garden grew,
And the young winds fed it with silver dew,
And it opened its fan-like leaves to the light.
And closed them beneath the kisses of Night.
Sensitive plant is a poem that celebrates life, encouraging us to savor every moment, every ray of light, every scent, to love this nature that calls us. If Shelley specialists do not consider this long poem to be his best, this poem is nonetheless, through its theme and its treatment, a very beautiful poem, full of charm, offering to the illustrators of these editions of the second part of the 19th and early 20th centuries, the opportunity to delight readers.
It was published in a collection of works entitled Prometheus Unbound and Other Poems. Written by Shelley on the death of his son William, while staying in Pisa in Italy, to accompany him and his wife in their mourning, the poem describes a flower garden tended by an unnamed lady. Among all the flowers, the “sensitive plant” or mimosa (Mimosa Pudica), stands out in the garden. Throughout the three sections of the poem, he marks the seasons as they progress from spring to winter, but also from day to night.
And the beasts, and the birds, and the insects were drowned
In an ocean of dreams without a sound;
Whose waves never mark, though they ever impress
The light sand which paves it, consciousness;
If Shelley's poetry is so deeply linked to his destiny... romantic and tragic, and if his poetry therefore necessarily appeals to me, my collection is not about this poet, but about the illustrators. For a while now, I've been thinking about writing about this universe. But I have not yet found any works on the history of art, the students and the information I have seems too fragmentary to me and I am discovering more and more, how much this world of illustration at the beginning of the Modern publishing is much richer than I imagined.
Is it retirement, age, the fact of knowing that time is shortening, I return to what accompanied my childhood readings. Certainly the illustrated books of the time no longer had anything to do with these marvels produced by the English publishing of the Victorian and Edwardian eras. But somewhere, through the children's press of the 60s and also some very beautiful books from my grandfather's library and the comic book illustrators, I was left with the strange feeling of having traveled a lot thanks to to my readings. Words and images allow me to create an imagination that I have tried to preserve, because they are the best refuge, against the violence of this world and the best source of hope.
Tolkien also opened up a new world for me, with his own illustrations but also those of those who through their talent (Alan Lee and John Howe in particular), brought the paths of Middle-earth to life.
Would I manage one day, once I had assembled an ideal little library, to find material, an article on the world of illustration that would hold up, or would I content myself with inviting you to discover some photos of these works, with luxuriant richness... I can assure you that when I took The sensitive Plant out of its box, to discover the tissue paper which covered it, a dazzling emotion seized me. The feeling, which was confirmed, that a treasure of unparalleled beauty was going to take me far away from everyday life. If you are looking for me, I will be in this garden... The one whose secrets can cure you of melancholy and give meaning to the passing of time.
The snowdrop, and then the violet,
Arose from the ground with warm rain wet,
And their breath was mixed with fresh odour, sent
From the turf, like the voice and the instrument
Par Monique Parmentier
A Sen
Enigme
Plus rien ne viendra
Le printemps ne sera plus
Des calendriers millénaires le prédisent à chacun
Mais l’été aussi et tout ce qui porte des noms si bons
Comme estival
Ne viendra plus
Tu ne dois pas pleurer
Dit une musique
Sinon
Personne
Ne dit
Rien
Ingeborg Bachmann (1926 – 1973)
Le sourire du Sphinx
Traduction de Françoise Rétif dans Europe
Not of this wold is the story of sorrow
Like the string of jewels
Worn on the neck
Of the Weaving-meaden,
That dwells in Heaven -
Oh ! The lustre of the jewels
Flung across two valleys
From Aji-suki-taka-hiko-ne !
Et si l'histoire du chagrin n'est pas de ce monde, ce matin, un vrai petit trésor qui m'a provoqué une joie très intense d'autant plus qu'inattendue, m'est arrivé du sud. Je vous en dirais un peu plus prochainement, mais dans ma quête de beauté et de poésie, un livre édité au Royaume-Uni en 1912, en anglais, a été mis en vente sur Ebay, par un libraire/antiquaire des Pyrénées Orientales.
Ce livre est venu à moi et j'ai su en le voyant qu'il me faudrait parvenir jusqu'à lui. Tandis que je consultais le site d'une libraire anglaise, il a attiré mon regard, bien que bien trop cher, ceci impliquant de forts droits de douane, alors même que j'en attends un autre avec un tel cas de figure. Mais la curiosité l'a emporté, j'ai voulu en savoir plus, j'ai donc cherché à en savoir plus sur ce livre et là, au détour d'une page de recherche, un lien qui redirige vers EBay, m'emmenant presque par la main, tout là-bas, dans mon sud tant aimé, pour y découvrir un exemplaire, pour quatre fois moins cher que l'exemplaire aperçu sur le site de cette libraire anglaise. Les livres en anglais en France, hormis ceux illustrés par Arthur Rackham, ne sont pas recherchés par les collectionneurs français apparemment et j'ai une petite longueur d'avance sur les anglais et américains qui en sont les quasis seuls acheteurs.
Son prix ne me bloquant pas, n'ayant pas d'étapes administratives et douanières à franchir, j'ai pu me laisser aller à ce sentiment qui m'avait poussé à en savoir plus. Parmi les photos, je vois le nom et les adresses de sa première propriétaire. Les quelques secondes de réflexion, ne le furent pas, je voulus trop en savoir plus sur elle. Je l'imaginais en 1912, comme Anna dans les Yeux Noirs, une belle dame de blanc vêtu, portant un large chapeau. En la cherchant et en la retrouvant, ce n'est plus une jeune fille ou une jeune femme que j'ai trouvé, mais une belle dame entre 40 et 50 ans, en 1936. J'ai ainsi appris, que comme certaines riches anglaises durant la Grande crise, elle s'engagea dans des actions caritatives, se spécialisant au sein de l'organisation dans l'organisation de spectacles en costumes et en la création d'un ensemble de Jazz pour des ouvriers gallois. J'ai également donc ainsi pu découvrir sa photo, son sourire doux et généreux.
Si quelqu'un peut m'aider à en savoir plus, en particulier ses dates de vie, j'en serais ravie. Elle s'appellait Kate Coghill et vivait déjà en 1912 et toujours en 1936, au domicile de ses parents au 14 Stanhope Gardens à Londres et avait également une adresse dans le Sussex à Battle, Grouham Manor (dont contrairement à la première, je n'ai retrouvé nulle trace, peut être détruit durant la Seconde guerre mondiale ou lors d'aménagements plus récents).
Ce livre Myths & legends of Japan, est une pure merveille. De sa reliure, au papier utilisé, aux histoires collectées par Frederick Hadland Davis et à ses enchanteresses illustrations d'Evelyn Paul (1883 - 1963);
Je reviendrais certainement vers vous, lorsque j'en saurais plus et pour vous parler de cette illustratrice que je découvre.
Par Monique Parmentier
Like the string of jewels
Worn on the neck
Of the Weaving-meaden,
That dwells in Heaven -
Oh ! The lustre of the jewels
Flung across two valleys
From Aji-suki-taka-hiko-ne !
And if the story of sorrow is not of this world, A real little treasure that caused me very intense joy, especially since it is outstanded. I will tell you a little more soon, but in my quest for beauty and poetry, a book published in the United Kingdom in 1912, in English, was put up for sale on Ebay, by a bookseller/antique dealer in the Pyrénées Orientales.
This book came to me and I knew when I saw it that I would have to reach it. While I was consulting the website of an English bookseller, it caught my eye, although it was far too expensive, implying high customs duties, even though I was waiting for another one with such a situation. But curiosity won out, I wanted to know more, so I tried to find out more about this book and there, at the turn of a search page, a link which redirects to EBay, taking me almost by hand, right there, in my beloved south, to discover a copy, for four times cheaper than the copy seen on the website of this English bookseller. Books in English in France, apart from those illustrated by Arthur Rackham, are not sought after by French collectors apparently and I have a small head start over the English and Americans who are almost the only buyers.
Its price did not hold me back, and there were no administrative and customs steps to go through, so I was able to indulge in the feeling that had pushed me to find out more. Among the photos, I see the name and addresses of its first owner. The few seconds of reflection were not, I wanted to know more about her. I imagined her in 1912, like Anna in Black Eyes, a beautiful lady dressed in white, wearing a large hat. By looking for her and finding her, it was no longer a young girl or a young woman that I found, but a beautiful lady between 40 and 50 years old, in 1936. I thus learned, that like certain rich English women during During the Great Depression, she became involved in charitable activities, specializing within the organization in organizing costume shows and creating a Jazz ensemble for Welsh workers. I was also able to discover her photo, her sweet and generous smile.
If anyone can help me find out more, especially his life dates, I would be grateful. Her name was Kate Coghill and she was already living in 1912 and still in 1936, at her parents' home at 14 Stanhope Gardens in London and also had an address in Sussex at Battle, Grouham Manor (of which unlike the first, I do not found no trace, may have been destroyed during the Second World War or during more recent developments).
This book Myths & legends of Japan is a pure marvel. From its binding, to the paper used, to the stories collected by Frederick Hadland Davis and his enchanting illustrations by Evelyn Paul (1883 – 1963);
I will certainly come back to you when I know more and to tell you about this illustrator that I am discovering.
Par Monique Parmentier
And it opened its fan-like leaves to the light. And closed them beneath the kisses of Night.
Durant l'hiver, je vous présentais quelques livres de ma bibliothèque idéale, de ma bibliothèque de rêve.
Je vous présentais alors les livres qui m'ont fait rêver enfant, des livres illustrés de l'époque victorienne, des livres de contes ou de poésie, mais aussi de botaniques ou consacrés aux oiseaux. Tous ces livres cadeaux, que l'amélioration des techniques d'édition, ont créé pour que les présents de Noël, soient aussi lumineux que le firmament et crée chez les plus jeunes, comme chez leur aînés le gout pour un beau idéal, légendaire, onirique... Le goût d'un beau qui ne cesserait d'accompagner la vie, même dans les pires moments. JRR Tolkien et CS Lewis, qui durent comme beaucoup de ceux qui connurent ce type de lecture, affronter les champs de bataille et de boucherie de la première guerre mondiale en ont témoigné dans leurs oeuvres et leur quête. L'imaginaire que ces livres leur ont offert, leur a ensuite permis de concevoir des mondes où la beauté, l'empathie, l'amitié finissent par venir à bout du pire. Tolkien particulièrement a choisi envers et contre tout, une fin heureuse... car ses héros, malgré les blessures, se retrouvent et vivent dans un monde en paix, qu'ils lèguent aux générations suivantes.
Dans notre monde agité, grossier, vulgaire, violent, j'ai décidé de tout faire pour maintenir le cap que je me suis toujours fixée, croire en la beauté du monde et en ce qui fait de l'humanité l'essentiel de ce qu'elle devrait idéalement être, cette étincelle de conscience face à l'univers infini, à la peur, à la cupidité.
Je me réfugie dans les livres et j'ai donc osé débuter une petite collection de ces livres de rêve, pour m'échapper d'un quotidien morne et si profondément désespéré au regard du monde qui m'entoure.
Ce début de collection, c'est un peu le hasard qui le conduit. Par jeu, j'ai mis dans un moteur de recherche de sites de vente en ligne, le nom magique, celui d'Edmund Dulac, sans même imaginer un seul instant qu'il me serait accessible. Et là, tout a commencé... Il était une fois... Once upon a time.
Une fois le Dulac arrivé, j'ai mis dans le même moteur de recherche, le nom de celle qui me touche le plus, Florence Harrison, et la magie a encore opéré... Depuis le hasard, le fait de suivre sur Instagram des collectionneuses et collectionneurs, si fins connaisseurs, passionnés par ces livres qu'ils aiment et du coup, trois autres livres sont déjà venus s'ajouter. Je guette le suivant, véritable coup de coeur, mais dont seul le titre de cet article, vous murmurera le chemin qui pourrait mener à sa connaissance.
Je me suis aperçue au fur et à mesure que j'entre dans cette démarche de la collection, que je prenais conscience de mes motivations et du chemin qu'il me fallait parcourir. Un chemin que je vais suivre, comme on poursuit une quête, un chemin de poésie qui me permet d'espérer et de donner du sens.
En attendant, voici quelques merveilles de mon "Secret garden"
...The light winds which from unsustaining wings
Shed the music of many murmurings ;
The beams which dart from many a star
Of the flowers whose hues they bear afar...
Par Monique Parmentier
During the winter, I presented to you some books from my ideal library, from my dream library.
I then presented to you the books that made me dream as a child, illustrated books from the Victorian era, books of stories or poetry, but also botanical ones or dedicated to birds. All these gift books, which the improvement of publishing techniques, have created so that Christmas presents are as luminous as the firmament and create in the youngest, as in their elders, a taste for a beautiful, legendary ideal, dreamlike... The taste of beauty that never ceases to accompany life, even in the worst moments. JRR Tolkien and CS Lewis, who like many of those who experienced this type of reading, endured the battlefields and slaughter of the First World War, bore witness to this in their works and their quest.. The imagination that these books offered them then allowed them to design worlds where beauty, empathy, friendship end up overcoming the worst. Tolkien in particular chose against all odds, a happy ending... because his heroes, despite their wounds, find themselves and live in a world at peace, which they bequeath to the following generations.
In our hectic, crude, vulgar, violent world, I decided to do everything to maintain the course that I have always set for myself, to believe in the beauty of the world and in what makes humanity the essence of what we it should ideally be, this spark of consciousness facing the infinite universe, fear, greed.
I take refuge in books and so I dared to start a small collection of these dream books, to escape from a gloomy daily life that is so deeply desperate in terms of the world around me.
This start of the collection is a bit of a coincidence. As a game, I put the magic name, that of Edmund Dulac, into a search engine for online sales sites, without even imagining for a single moment that it would be accessible to me. And there it all began... Once upon a time... Once upon a time.
Once the Dulac arrived, I put in the same search engine the name of the one who touches me the most, Florence Harrison, and the magic happened again... Since chance, following people on Instagram collectors, such fine connoisseurs, passionate about these books that they love and as a result, three other books have already been added. I'm watching for the next one, a real favorite, but only the title of this article will whisper to you the path that could lead to its knowledge.
I realized as I began this process of collecting, that I became aware of my motivations and the path I had to take. A path that I will follow, like one pursues a quest, a path of poetry that allows me to hope and give meaning.
In the meantime, here are some wonders from my "Secret garden"
...The light winds which from unsustaining wings
Shed the music of many murmurings ;
The beams which dart from many a star
Of the flowers whose hues they bear afar...
Par Monique Parmentier
Je regarde voler mon rêve, papillon
Et, poète royal en robe vermillon,
Autour de l’éventail fleuri qui l’a fait naître,
Je regarde voler mon rêve, papillon.
Albert Samain, Au jardin de l'infante
Je m'absente de plus en plus. A cela plusieurs raisons. La première, il m'a fallu renoncer à mon rêve de sud. Le marché de l'immobilier y est comme partout, tant en locatif qu'à la vente, proche du néant. Le locatif à cause de la rareté des biens et du comportement des agences immobilières, inacceptable à mon âge, que de la vente où les prix sont abusifs et où une fois encore les agences prennent les acheteurs pour des idiots. Je n'avais pas envie de m'énerver plus longtemps. Cela faisait deux ans que je cherchais. Il m'a donc fallu imaginer ma retraite autrement. Par ailleurs, cette même retraite, ou du moins le suivi de mon dossier m'a demandé un peu de temps (mais cela dit, cela c'est fait en à peine un peu plus d'un mois et c'est réglé avant même ma date de départ. Donc me voilà rassurée).
Imaginer ma retraite autrement, cela veut dire, que vais-je faire de ce temps pour le remplir au mieux et appréhender cette période de la vie. D'abord avant ma date effective, faire tous mes bilans de santé, tant que j'ai ma mutuelle entreprise, ensuite trouver des activités réalisables dans un espace différent, qui n'existe pas encore vraiment (Dès que je serais à la retraite, je vais voir si je peux m'aménager un coin à moi, un bureau / véranda. Ces travaux m'occuperont donc un peu). Mes activités tourneront moins autour de mon blog, vous l'avez compris. Je vais pour le plaisir me constituer un petit bout de bibliothèque idéale, en partant en quête de ces beaux livres illustrés de l'époque victorienne, qui me font rêver depuis l'enfance, mais l'essentiel de cette quête se fera probablement via Internet... Probablement, car cela fait partie du rêve, retourner au Royaume-Uni et en Irlande, pour y visiter les libraires (entre-autre). Et sinon, que deviendra l'écriture... Elle passera plutôt par un joli carnet, relié sur le mode Olive Fairy book. Petit carnet très personnel, pour lequel j'ai encore besoin de trois petites choses pour y travailler. Il sera aussi en partie constitué de ces chromos et "découpis" victoriens, au charme onirique. Je suis déjà pour cela en contact avec deux pages sur Etsy (Chatelainefinds et Majilly, mais j'en ai repéré d'autres). J'ai aussi retrouvé quelques unes de ces petites merveilles, dans les souvenirs que nous a laissé ma grand - mère. J'ai repéré également et m'en suis déjà procuré un, les numéros hors série de Noël de l'Illustration, une superbe revue française née durant le XIXe siècle et disparue juste après la seconde guerre mondiale. Une revue qui disposait de moyens d'impression, lui permettant de reproduire des oeuvres d'art, dont les livres actuels ne disposent plus.
Certains vont me dire, "mais comment pouvez-vous vous montrer aussi légère, dans ce monde qui va mal ?". Comme je l'ai déjà dit, je me refuse ici ou sur mon compte Instagram d'aborder, tous ces sujets qui me rappelle la violence et la vulgarité d'un monde où la haine se répandent de plus en plus, alors que la poésie tente désespérément de survivre. Alors, je m'y réfugie, consciente que de moins en moins de gens ont envie de savoir qu'elle est là, à portée d'esprit, prête à les libérer et à appréhender le monde qui les entoure, autrement et ainsi peut-être à retrouver l'humanité qui s'est perdue.
Evidemment, je vais reprendre le chemin de la lecture. Et puis, mais plutôt à partir de l'année prochaine, les jeux olympiques venant désorganiser les transports et les hébergements, un peu voyager et retourner dans mon sud.
Voilà cher lecteur. Bien sûr je reviendrais, lorsqu'un livre ou quelque chose m'inspirera ce bref instant de poésie, que j'aurais plaisir à partager avec ceux qui comme moi, le recherche. Ma quête, aussi éperdue soit-elle ne changera pas, elle sera toujours celle d' un once upon a time qui peut donner à espérer, un tout petit peu, juste ce qu'il faut, pour qu'avant de s'endormir vienne à nous ce papillon étoilé et chamarré venu de cet autre monde, celui des rêves.
Par Monique Parmentier
Une clairière
fière de sa lumière
la meute des regrets
désorientée
des riens joyaux
d’un bonheur quotidien
la Mort étonnée
de tant de sérénité
du chant de l’oiseau
riposte inconsciente
au Temps
du rire des enfants
malgré le sang versé
et les larmes
des amoureux
aux étreintes vénitiennes
indifférents à la haine
dévorante
Kamal Zerdoumi, 2020