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Le blog de Susanna Huygens

Porpora : des voix d'anges

29 Avril 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

visuel_porpora.jpgNicola Porpora (1686-1768)

Vespro per la festivita dell'Assunta

Martin Gester - Le Parlement de Musique - La maîtrise de Bretagne

 

Depuis plusieurs années le Parlement de Musique, sous la direction de Martin Gester, s'intéresse au répertoire des ospedali vénitiens, ces orphelinats où l'on enseignait la musique aux jeunes filles, faisant d'elles de véritables virtuoses.

Les plus grands compositeurs de l'époque dont Vivaldi y trouvèrent un vivier de voix idéales pour le répertoire sacré.

Après le Prete Rosso, Giovanni Battista Bassani, Johann Adolf Hasse, Nicolo Jommelli et Gaetana Latilla, c'est à Nicola Porpora que Martin Gester consacre ce nouvel enregistrement pour le label Ambronay. Pris sur le vif lors d'un concert du festival en septembre 2011, il nous dévoile ainsi, entouré d'une très belle distribution vocale, la musique des Vêpres créée pour les festivités de l'Assomption en août 1744.

Destinée à des voix de femmes et constituée de cinq psaumes, cette messe ne nous est pas parvenue dans son intégralité. 

L'histoire de cette œuvre est plutôt bien connue, puisqu'elle fit l'objet dès sa création de soucis pour le compositeur accusé de réutiliser des pièces issus de motets existants, ce qui normalement lui était interdit, son contrat le liant aux ospedali lui faisant obligation de composer des oeuvres nouvelles. Il existe de Porpora un courrier en date de janvier 1745 où il en décrit les différentes pièces.

Si l'essentiel des pièces composant cette messe est conservé à la British Libray (dont trois des cinq grands psaumes la composant : Laetatus sum, Nisi Dominus et le Lauda Jerusalem), d'autres pièces comme le Magnificat ont malheureusement été perdues.

C'est donc une reconstitution à partir de ces trois psaumes de ces Vêpres que nous livre ici Martin Gester, complétant les passages manquants par des psaumes équivalents, réutilisant ainsi comme cela pouvait parfois se faire à l'époque, certaines pièces "orphelines" datant de la période romaine ou napolitaine du compositeur.

Dans le livret soigné qui constitue une excellente introduction à l'écoute de cet enregistrement, le musicologue Kurt Markström et Martin Gester, nous délivrent quelques clés, nous montrant combien cette messe des Vêpres n'est pas seulement belle formellement, mais se révèle être un chaînon entre la polyphonie baroque sur le point de disparaître et le style classique naissant. Ainsi le rôle dévolu aux solistes, fait t-il la part belle à une flexibilité et une légèreté vocale, à une sophistication des ornementations très proche de celle que l'on peut trouver chez Mozart ou Haydn.

Pour des nécessités techniques, l'ensemble du concert n'a pas été enregistré (le Nisi Dominus donné en concert n'a pas été retenu, ainsi pas comme nous l'explique le livret). Et afin d'en resserrer la dramaturgie, le Salve Regina a été déplacé une fois encore uniquement au CD.

La prise de son permet de revivre l'exaltation du concert dès les premières mesures du Laudate pueri Dominum.

Les trois solistes magnifiques illuminent cette musique par leurs timbres superbes. On retiendra surtout l'Alto Delphine Galou qui transcende chacune de ses interventions et ce dès le A solis ortu dans le même Laudate pueri Dominum et plus encore dans le Salve Regina. Sa vocalité troublante, son timbre chamarré aux graves de velours, une sensualité flamboyante, l'aisance des vocalises séduisent. La soprano Mallia Vargas éblouit tout autant, accompagnée par le violoncelle solo d'une grande délicatesse de Patrick Lango dans Qui habitare, elle irradie de présence tout comme dans le Gloria. Un timbre fruité, des vocalises d'une merveilleuse agilité ouvrent les voûtes de la basilique vers un ciel d'un bleu d'azur.

 

La maîtrise de Bretagne fait non seulement preuve d'une belle homogénéité, mais bien plus que cela d'une présence habitée du chant. Soprani et alti nous emportent et nous élèvent avec ferveur et une fougue d'une impétueuse jeunesse.

 

La maîtrise de Bretagne offre des couleurs de toute beauté à cet enregistrement. Le théorbe dans le Salve Regina aux larmes si tendres et doloristes, aux cordes somptueuses, servent avec feu la musique de Porpora. Quant à la direction de Martin Gester, attentive à la somptuosité du chant, elle tend la dramaturgie avec une fougue contenue n'en rendant que plus intense cette prière à la Vierge.

Si la prise de son est parfois presque un peu trop brutale, à la limite de la saturation, car au  cœur de l'orchestre, elle offre toutefois une belle lisibilité de l'ensemble.

Voici donc un bel enregistrement que je ne peux que vous recommander.

 

Par Monique Parmentier

1 CD Ambronay - live recording - concert enregistré le 16 septembre 2011 dans l'abbatiale d'Ambronay

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Max Emanuel Cencic : une vie dédiée à la musique

19 Avril 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Interview

cencic420c.jpgMax Emanuel Cencic fait partie de ces artistes qui n'hésite pas à prendre des risques, y compris celui de la critique découlant de ses choix artistiques, plutôt que de se contenter d'une carrière facile. Il produit lui-même certains de ces projets. Nous l'avions rencontré l'année dernière pour parler de sa carrière et de ses projets. L'un d'entre eux va voir la jour durant la saison 2012/2013. Artasese de Leonardo Vinci .
Pourquoi chantez-vous ?
Chanter pour moi est une obsession. C'est parfois un métier de fou. Je pourrais travailler dans un bureau, j'ai étudié les affaires internationales et ainsi avoir une vie plus tranquille, mais j'aime chanter et c'est un choix de vie.
 
Pourquoi vous produire vous - même ?
J'ai chanté presque que tout ce qui existe dans le répertoire depuis que j'ai commencé ma carrière.
J'ai dû faire presque 2000 spectacles depuis que je chante, c'est-à-dire depuis 28 ans. Au risque de paraître "prétentieux" peut-être, c'est une expérience je pense qu'aucun autre contre-ténor ne possède. Je dis cela pour vous permettre de mieux cerner tout ce que j'ai fait dans ma vie. Je ne pense à rien d'autres qu'à la musique.... En arrivant à Zagreb par exemple, j'ai eu trois répétitions avec un pianiste et alors que cela faisait 15 ans que je ne les avais pas travaillé, j'ai chanté des lieder de Schubert. J'ai d'ailleurs enregistré deux CD de lui. Il n'y a pas de limites de répertoire pour un contre-ténor. Cette musique est dans mon sang. Donnez moi du Richard Strauss et je le chanterai sans problème, tout comme Ravel ou Poulenc. Mon répertoire est extrêmement large. J'ai même chanté du Verdi ou du Bach... Je n'ai pas de soucis à chanter l'ensemble du répertoire, mais l'on m'a catalogué comme un chanteur baroque. Regardez mon disque Rossini, certains ont considéré que c'était réservé aux voix de femmes, mais je peux le faire. Il n'y a pas très longtemps j'ai demandé sur une scène de télévision si l'on voulait bien faire connaître mon enregistrement de Schubert et l'on a ri. Les gens pensent que je suis fou. Je rêve d'être suivi sur ces autres répertoires.
 
rinaldo-lausanne.jpg
© marc vanappelghem
J'entends encore ce directeur d'opéra me dire " oh j'étais très surpris, dans votre Rinaldo, votre voix était très puissante. Je n'ai jamais pensé qu'un contre-ténor puisse avoir une voix aussi puissante". Ce a quoi j'ai répondu "donnez-moi un Rossini". Malheureusement, la réponse a été négative. J'ai même pourtant chanté dans Médée avec plus de 120 musiciens dans la fosse.
 
Vous voyez je me bats chaque jour avec la programmation et c'est pour cela que j'ai commencé à produire mes opéras moi-même. J'ai commencé avec Faramondo et Farnace et maintenant Artasese avec Philippe Jaroussky. Thésée et Tamelano sont également prévus. C'est très difficile de convaincre les programmateurs de faire quelque chose de nouveau. Ils ont peur de ne pas vendre si le public n'est pas préparé. Ils trouvent tout trop difficile.
En tant qu'artiste je raisonne mes projets. Peut - être ont-ils raison, le contexte économique est difficile, mais pour ma part en tant qu'artiste je trouve tous ces arguments frustrants. Je n'ai pas la liberté de faire tout ce que je veux. Mais j'ai contrairement à d'autres chanteurs désormais cette force de pouvoir proposer mes propres programmes et transmettre en partie certaines de mes idées. J'aime ce répertoire. Mais je suis loin de pouvoir faire tout ce que j'aimerais.
Il y a 30 ans on n'acceptait pas les contre-ténors dans les rôles que je chante aujourd'hui. C'est un combat contre la rigidité d'une certaine perception sociale. Alors que l'on est dans une société que l'on dit ouverte, aujourd'hui encore on est victime de préjugés. Il y a une certaine immobilité autour de nous.    
 
PJaroussky.jpgUne nouvelle production en 2013 avec Philippe Jaroussky, Artaserse. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
C'est un opéra romain et tous les rôles comme dans le San't Alessio de Stephano Landi seront chantés par des hommes. On aura comme pour Farnace, une tournée avec mise en scène et dans certains cas comme au TCE à Paris, on le donnera en version concert. Un CD est prévu et la tournée passera par Nancy, Cologne et Bilbao... Le compositeur Léonardo Vinci est très mal connu. Je suis très fier d'avoir poussé à cette redécouverte.
 
Ce que j'aime par-dessus tout c'est travailler en équipe. Je voudrais en profiter pour tout particulièrement remercier les directeurs d'opéras, Valérie Chevalier, Laurent Spielmann à Nancy, EricVigier à Lausanne et Eric Laufenberg à Cologne... A tous ceux qui m'ont soutenu sur ce projet et m'ont aidé à trouver un metteur en scène. Ce sera un opéra extraordinaire. J'ai essayé d'associer les meilleurs contre-ténors du monde : Francesco Fagioli, Youri Minenko qui a gagné le troisième prix à Cardiff, sopraniste extraordinaire... et un ténor Daniel Pehle.
 
Avec un casting international ne défendez-vous pas l'idée que la musique est un langage commun à tous  ?
Sur mes projets, j'invite des artistes qui ne sont pas forcément très connus dans le monde baroque mais qui sont formidables. Sur Farnace, pour le CD, j'avais invité par exemple Ruxandra Donose qui est plutôt une rossinienne ou Daniel Behle qui est un mozartien. Et bien sûr des personnes comme Ann Hallenberg ou Karina Gauvin ou un jeune chanteur comme Emioliano Gonzalez Toro qui travaille avec Christophe Rousset ou enfin Mary Ellen Nesi avec qui j'ai déjà travaillé sur Faramondo. Mais sur les représentations certains n'étant pas libres je suis amené à travailler avec d'autres. 
Vous savez je parle cinq langues, j'aime venir en France et je m'y sens chez moi. J'aime avoir autour de moi des casts internationaux. Les nationalités ne me m'intéressent pas du tout, j'ai une "haine" envers tous les nationalismes. Je ne les supporte pas. Car si aujourd'hui on est si libre de nous déplacer je ne pourrais comprendre comment l'art ne pourrait pas voyager entre des nations et partager la beauté. Je suis un peu une "mixture" viennoise. La seule chose qui compte dans l'art c'est l'excellence.
 
Interview réalisée par Monique Parmentier
Photos : DR sauf indication contraire  
Pour information : Nous retrouvons Max Emanuel Cencic dans le rôle titre de Il Farnace de Vivaldi à l'Opéra du Rhin (Strasbourg), du 18 au 26 mai avec l'ensemble I Barocchisti dirigé par Diego Fasolis.

L'opera est disponible au disque
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Sonates et partitas : La grâce et la générosité

15 Avril 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

AmandineSableSon enregistrement paru à la fin de l'année 2011 des sonates et partitas de Bach a été consacré par Diapason et par plusieurs autres magazines. Le public comme les critiques sont tombés sous le charme d'une interprète unique par sa personnalité et son sens si sincère et humaniste de l'interprétation de celui dont trop souvent on fait un monument intouchable. Comme pour les 4 saisons de Vivaldi en 2008, Amandine Beyer renouvelle notre écoute, en nous offrant une vision lumineuse et généreuse, à son image, d'une musique qui elle-même chante le don et l'amour de la vie.
 
Il n'y avait plus une seule place de libre au théâtre des Abbesses en ce 14 avril. Il faut dire que depuis la publication du disque, nous étions nombreux à attendre en concert ce programme merveilleux. Aucun autre interprète, ne parvient autant à nous faire ressentir l'extrême sensibilité de la virtuosité, si proche de l'humaine faiblesse et dont émane une force qui apaise et transfigure l'existence.  
Sans partition, Amandine Beyer s'est présentée devant son public, nous offrant en attendant l'intégrale qu'elle nous donnera l'année prochaine à Paris en deux concerts, une sonate (en la mineur BWV 1003) et deux partitas (en mi majeur BWV 1006 et en ré mineur, BWV 1004).
 
Et dès les premières mesures le charme agit. On en oubli, ce monde extérieur qui cogne et s'agite, pour ne plus voir et entendre que cette âme absolue qu'offre les œuvres pour violon de Jean-Sébastien Bach.
Chaque geste, chaque sourire, chaque regard nous dit combien cette musique est dans son extrême complexité, d'une simplicité rayonnante, une offrande musicale qui se partage en toute amitié. Ainsi la virtuosité n'est donc plus un art abstrait, elle est la vie qui se donne pour libérer de la douleur et créer la joie. L'extrême délicatesse du geste, nous offre des fins de phrases, qui se prolongent à l'infini en des traits de lumière torsadés et envoutants. Tel un oiseau de feu, Amandine Beyer, semble rayonner. Elle crèe des nuances d'une élégance extrêmement fines et fulgurantes. Son violon semble lui murmurer des secrets qu'elle nous transmet avec humilité et talent. Autour d'elle, ses ombres dansantes, dues à un très bel éclairage, semble nous inviter à entendre l'invisible.  
 
Amandine Beyer nous subjugue et nous emporte jusqu'au vertige, dans cette solitude si riche, Sei Solo, comme dans l'Andante de la sonate en la majeur (BWV1003), où elle semble se jouer des doubles - cordes, nous en révélant non pas la complexité technique mais plus encore l'incandescente beauté qui en justifie l'existence. Tandis que la chaconne, de la partita en ré majeur (BWV 1004) concluant le concert dans son ivresse, a été un instant de grâce absolu. Comment ne pas y entendre plus qu'un chef d'œuvre, un coeur qui bat ?
Lorsque l'archet interrompt sa course, le geste de la musicienne, prolonge à jamais ce sentiment de bonheur et de grâce. Instant d'émotion d'une telle intensité qu'aucun mot ne peut en fait en rendre toute la quintessence. 
 
Par Monique Parmentier
 
Photo : Monique Parmentier à Sablé en 2008
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Striggio : la splendeur de l'âme baroque... sous la Renaissance

7 Avril 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

Duomo_florence.jpg Pourtant même si ne m'ont pas  encore  été offerts ni  le CD ni le DVD réalisés pour ce double évenement (la vrai recréation de cette messe et l'anniversaire du Concert Spirituel) je désire vous faire part de mon émerveillement devant cette résurrection prafaitement réalisée. Dépassant le fait qu'un modeste journaliste internet a peu de poids pour eux, avides de reconnaissances plus officielles.
J'ai avant tout envie  de parler de leur formidable travail et de vous donner envie de le découvrir. Pour la beauté de la musique et le gout de son partage..

 

Donc s'il n'y a pas pour l'instant de CD ou de DVD a chroniquer vous trouverez sur Classique News celui sur le concert à la Chapelle Royale (n'hésitez pas à aller la lire).

 

Cette extravagance baroque (enfin plutôt Renaissance) qu'ils sortent pour fêter leurs 25 ans est d'une telle splendeur que je ne peux que vous recommander d'aller l'entendre en concert (n'ayant pas écouté le disque je ne peux vous certifier qu'il est à la hauteur, mais c'est probable). De toute manière il est clair qu'une telle oeuvre est avant tout faite  pour vous emporter sur des rivages inconnus... et que cela n'est réellement possible qu'en concert.... Surtout qu'il n'est pas certain que vos voisins ne vous haïront pas au bout de cinq minutes d'écoute chez vous d'une telle splendeur. Cela dit mes voisins, et bien ils l'entendront quand même et peut - être même l'aimeront-ils...

 

Donc si le coeur vous en dit, pas l'ombre d'une hésitation. Dès les concerts de l'été dernier, j'avais été transporté et les progrès réalisé depuis, ne font que me conforter. Je retournerais l'entendre dès que l'occasion s'en représentera. Bravo à tous les artistes pour le travail réalisé, puissions nous un jour, modeste journaliste musical, avoir le droit de dire à tous que l'âme baroque n'a pas fini de nous étonner, de nous éblouir, de nous secouer et de nous emporter. Outre la bande annonce ci-dessous pour le DVD et le CD, le film retraçant cette belle aventure qui est passé sur France 2 et est en replay pour quelques jours et il va y avoir une retransmission de l'un des concerts également. Restez vigilant... Attention, chef-d'oeuvre absolu...

 

Alessandro-Striggio.jpgQuant à Alessandro Striggio (1535 - 1592),  ... Ce noble mantouan d'origine, s'il naquit et mourut dans sa ville d'origine, vécut à Florence où il fut au au service des Médicis : Cosme 1et et son fils François.
Il voyagea pour leur compte en Europe. Il visita ainsi, Paris après Vienne et Munich et avant Londres. A chaque souverain, en France Charles IX, il laissa une copie de sa messe à 40 voix, mais seul l'exemplaire (ou du moins une copie de l'exemplaire Français, réalisée au XVIIe siècle) est parvenu jusqu'à nous. Cet exemplaire est actuellement conservé à la BNF.

Cosme_1er_Angelo_Bronzino_036.jpgCe personnage passionnant dont nous ne savons que peu de chose, a laissé par sa correspondance adressée au duc Cosme 1er un témoignage de ce voyage et du succès qu'il rencontra avec cette messe à 40 voix composée pour le duc lors d'une grande occasion non identifiée avec certitude. Car de grandes fêtes animaient régulièrement la Cour de Cosme 1er qui souhaitait ainsi proclamer sa gloire.
Alessandro Striggio fut à la fois un violiste virtuose et jouait également de la lira da braccio et composa des madrigaux.Un témoignage de l'un de ses contemporains, Cosimo Bartoli (1503 - 1572), nous apprend "qu'il joue avec une rare élégance et émerveille ses auditeurs".
Bien que le Concert Spirituel est intitulé son programme extravagances baroques, certains classeront Striggio comme un compositeur de la fin de la Renaissance Italienne.
Si Striggio composa un motet à 40 voix "Ecce beatam lucem".  Sa messe à 40 voix (60 pour l'Agnus Dei) que l'on croyait perdu est un aboutissement et une fenêtre ouverte sur l'avenir. Elle donne naissance à un style purement baroque : le style monumental. La Missa sopra Ecco si beato giorno est d'une audace qui laisse sans voix l'auditeur, tant sa complexité est redoutable. Elle influença aussi bien Tallis en Angleterre qu'Orazio Benevoli  (1605 - 1672), l'un des grands représentants du style monumental du XVIIe siècle italien.
Mais derrière ce mot de "monumental", il ne faut pas forcément voir quelque chose de lourd. Bien au contraire. Pensez-donc aux colosses torses du Bernin ? Cette messe, interprété avec tant d'ardeur par le Concert Spirituel (je ne vous parle de la version bien triste par son manque d'audace et d'imagination qu'en a réalisé Robert Holliworth avec son ensemble I Fagiolini), vous transporte dans un univers extravagant, où la lumière de l'indicible et les couleurs vives de l'orchestre et des chanteurs, devient un enchantement baroque.
 
Copryright : DR pour le portrait de Striggio et la photo du Duomo. France 2 et le Concert spirituel pour les vidéos. Galerie des Offices à Florence pour le portrait de Cosme 1er par Il Bronzino
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