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Le blog de Susanna Huygens

Que la route vous soit belle en 2020

31 Décembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

@ DR

Voici une année qui se termine... elle fût certains jours, fort belle et d'autres moins... Il en sera probablement ainsi en 2020 pour beaucoup d’entre nous... La cupidité de certains met le monde à mal et cette fin d'année ne semble guère de bon augure... mais l'espoir, il nous faut garder et trouver refuge dans la poésie du monde, en espérant qu’un jour à force de l’appeler, de la dire, de la murmurer, de l’invoquer, elle finira par métamorphoser ces âmes les plus perverties par l’illusion de l’or et du pouvoir qui détruisent tout, n’ayant jamais assez.

 

De cette année 2019, je retiendrais mon merveilleux séjour dans mon sud l'été dernier et par-dessus tout, la sublime exposition que la BNF consacre à l’œuvre littéraire de JRR Tolkien. Loin du film extrêmement commercial dont ne me restait à l’esprit que la violence et les effets spéciaux, je découvre chaque jour, d’abord par la lecture de sa bio puis du Hobbit, et désormais par celle du Seigneur des anneaux que je suis en train d’achever, la beauté d’une création d’un extrême raffinement et d’une beauté surnaturelle.

 

@ DR

A travers cet auteur, je retrouve tout ce qui occupe mes pensées, ma quête. Cette nature qui parle et qui vit à côté de nous et que nous n’entendons pas ou si mal, parce que nous lui prêtons un langage humain, anthropomorphe à l’excès… Mais les voix du vent que je peux encore surprendre à Fontfroide, ne me disent pas des mots, elles murmurent quelque chose d’autre, un langage différent… Cela ressemble au fond à ce langage des elfes inventé par Tolkien… C’est irréel et pourtant, lorsque je parviens à le mettre en mot… Cela pourrait parfois ressembler à ce chant que Frodo chante doucement à la veille de son départ pour l’horizon des Havres gris :

 

"Pourrait encor surgir au détour du sentier,

Une nouvelle route, une porte cachée,

Et si j’ai du passer chaque fois mon chemin,

Bientôt viendra le jour où je prendrai enfin

Ces sentiers dérobés qui promettent merveilles,

Qui à l'ouest de la Lune, qui à l'est du Soleil...

 

@ Musée du Louvre - RMN

A ! Elbereth Gilthoniel !

silivren penna miriel

o menel aglar elenath !

Giltoniel, A ! Elbereth !

... Il demeure en nous, éternel,

Même en ces contrées éloignées,

Le souvenir de la lumière,

Clarté étoilée sur les Mers »

 

Chère lectrice, cher lecteur… Puissent vos rêves trouver le chemin qui vous permettra de vivre harmonieusement cette année qui vient. Puissiez – vous aussi, contribuer à cette poésie du monde qui vous appelle. « La route se poursuit sans fin / Qui a commencé à ma porte / Et depuis m’a conduit si loin ». Très belle et poétique année 2020 à chacun.

 

Par Monique Parmentier

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Elkano : Voyage vers l'infini

17 Décembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

@ Alia vox

Voici un programme, dont la splendeur vous émerveillera. Il est le fruit d’un travail d’ensemble, d’une grande cohérence. Il nous emporte sur les mers, tout autour du monde, à la quête d’un passage qui bien plus que commercial, est un cheminement humaniste à destination d’un monde qui s’enrichit de toutes ses différences.

Bien que Jordi Savall n’y participe pas, il ne fait pas que prêter sa maison d’édition, Alia Vox, à des musiciens qui travaillent régulièrement avec lui. Il en est aussi clairement le parrain et l’inspirateur. Enrike Solinís, reconnaît cette filiation et source d’inspiration dans son texte d’introduction. Ce dernier porte avec passion et une réelle maturité, ce programme qui nous conte le voyage de Juan Sebastian Elkano (1476-1526), second de Magellan, qui parvint avec 18 survivants (sur plus de 200 hommes) à terminer le premier tour du monde.

Sur un programme de chants et de musique de l’Âge d’Or de la navigation basque, il nous relate et nous fait percevoir un monde en plein bouleversement, prenant conscience d’une diversité qui s’ignorait, mais aussi des émotions plus personnelles, passant de la joie à la mélancolie, de la passion à la mort. Après le portrait du navigateur, Enrike Solinís et ses compagnons, tels les marins de Magellan, découvrent les mille et une couleurs musicales des univers traversés. Ils nous invitent à un voyage mythique à travers le temps et l’espace, rendant réel, vivant, vibrant les mondes traversés. Langage universel et atemporel, la musique n’en possède pas moins autant de nuances que de peuples croisés, permettant d’évoquer cette route des épices et ses voyageurs, qui ont ouvert les horizons et redonné à la Terre, cette saveur des fruits exotiques.

Ce CD si merveilleusement réalisé, nous permet de découvrir cette relation des basques avec la mer qui tient de la légende, remontant à la nuit des temps. La musique de ce peuple, aux origines mystérieuses, a tout au long de son histoire fusionné le fruit de ses rencontres. Le répertoire sélectionné fait briller un syncrétisme religieux (païens, chrétiens, juifs, musulmans), qui par son ouverture et une écoute des univers sonores et des âmes d’ailleurs possède une palette luxuriante de toute beauté. Enrike Solinís porte avec ferveur ses sources, faisant rayonner ces univers musicaux qui s’entrecroisent et s’entrechoquent.

@ Musée du Louvre

Entre textes récités, danses et chants, musiciens et auditeurs accompagnent Juan Sebastian Elkano, sur toutes les terres du monde, avec ce cœur basque fait de passion et de curiosités.

Ce Cd avant de nous entraîner sur les voies maritimes, nous présente le monde où naît Juan Sabastian Elkano, nous introduisant ainsi dans ce monde perdu, nous permettant d’oublier le sens de la réalité contemporaine et nous transportant dans les ports ouverts sur l’Atlantique, prêt au départ vers l’inconnu. On est au début du XVIe siècle, l’Europe renonce par gourmandise, à sa vision fermée du monde et ouvre de nouvelles voies commerciales, lui permettant d’accéder aux épices, à la soie, aux trésors de tous ces « nouveaux mondes » qu’elle prétendait ignorer pour mieux respecter ce mythe de l’Eglise catholique, de la Terre plate.

Dès l’ouverture, la mer et ses embruns se font ressentir. Le chant traditionnel basque qui ouvre ce CD, Ale, Arraunean, est donc une véritable invitation à embarquer et chaque pièce musicale choisit, nous présente l’univers dans lequel va naître le navigateur avec un réalisme poétique qui nous saisit.

Chaque récitant, nous conte avec un réel talent l’amour et les querelles, les doutes et la peur, la faim et l’émerveillement. Entre rires et larmes, la tragédie et la comédie, s’emparent des vies de ces explorateurs, que rien ne peut arrêter si ce n’est la mort. Porté par un chant traditionnel Malyo-Polynésien de toute beauté, le voyageur se laisse séduire pour mieux repartir vers ces lointains infinis et mystérieux. Ce CD est une réussite éblouissante, où la fantasmagorie de la musique et des paysages évoqués, vous enchantera.

Récitants : Josean Bengoetxea, Tahar Hacini, Dayana Contreras

Voix : Bernadeta Astari, Darlene Gijuminag, Kristina Aranzabe, Maika Etxekopar, Xabier Amuriza, Leire Berasaluce, Lalldor Mar Steffanson, Mari José Pérez.

Jon Etxabe, ténor ; Daniele Carnovich, baryton ; David Sagastume, contreténor.

DONOSTIAKO ORFEOI GAZTEA ETA TXIKIA, Esteban Urzelay, chef de chœur

Musiciens d’Euskal BarrokEnsemble. Direction artistique, Enrike Solinís

2 CD ALIA VOX Durée du CD1 71’12 et du CD2 : 74’44. Livret : Français/Anglais/Castillan/Catalan/Basque/Allemand/Italien. Enregistrement et édition entre juin et décembre 2018

Enregistrement, Montage et Masterisation : Jordi Gil

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Silent Night, le chemin de l'étoile

8 Décembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

@ Hirundo Maris

Après le bouleversant CD, Il Viaggio d’amore, Hirundo Maris, notre merveilleuse hirondelle des mers, poursuit son vol, vers des horizons toujours plus doux, plus radieux et nous revient avec Silent Night. L’ensemble catalan-norvégien se propose ici, de redonner à la nuit de Noël, loin des fonds musicaux qui animent nos centres commerciaux, ce caractère unique de la veillée qui unie autour d’un conteur, dans la joie, l’amour, l’espoir et le partage, les êtres humains quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. Car bien au-delà de la simple fête chrétienne, le choix des pièces et les couleurs luxuriantes que nous offre l’ensemble, réuni autour d’Arianna Savall et de Petter Udland Johansen, ouvre les perspectives à l’infini. Ce Cd sorti à l’occasion des fêtes de Noël, l’année dernière, m’est parvenu juste à temps, pour que je puisse ici l’évoquer, à un moment où il me semble que la poésie est plus que jamais le meilleur des refuges. Et dès les premières notes, de ce chant traditionnel commun aux cultures du nord et du sud de l’Europe, The Holly and the Ivy & El noi de la mare, il suffit de fermer les yeux, laisser la harpe filer les notes, pour que du chant des musiciens redevenus des elfes, les mots magiques, « il était une fois/Once upon a time », se fassent entendre et nous permettent de percevoir la légende et la féerie du monde.

Arthur Rackham @ DR

Ici tout est à fleur de doigts et d’âmes : le timbre si pur d’Arianna et si cristallin de ses harpes qui baignent de lumière tout ce qui nous entoure, mais aussi le timbre de Petter si séduisant, si fervent, si ensorcelant. Leur univers est celui des troubadours. Et alors que les longues nuits d’hiver, projettent des ombres étranges et parfois effrayantes autour de nous, les musiciens redonnent aux braises qui résistent leur flamboiement, éloignant la peur et la mélancolie, nous conduisant dans une farandole grisante. L’éphémère retrouve l’éternité, dans une sensation de bonheur ineffable. La rondeur sonore du cornet interprété par Ian Harrison, qui accompagne avec tendresse, les voix d’Arianna et Petter, dans « Ô nuit brillante », ou de couleurs rougeoyantes et si sensuelles dans La Salve, est d’une splendeur digne des anges musiciens que l’on trouve sur les retables médiévaux. Tout comme d’ailleurs, le violon céleste de Adam Taubitz dans The Wesford Carol, tandis que la guitare acoustique et le Dobro de Sveinung Lilleheir et les flûtes de Gesine Bänfer, crée un caractère fascinant et puisant de contes et d’histoires des temps anciens. La contrebasse de Miquel Ángel Cordero, fidèle parmi les fidèles de l’ensemble, diffuse un effet de profondeur et de moëlleux, évocateur d’espaces étoilés infinis ou de tapisseries aux mille fleurs.

@ DR

Entre chants catalan, provençal ou norvégien, entre mélodies celtiques et arrangements de Jordi Savall pour El cant dels ocells ou d’Arianna Savall pour La Salve ou Rug Muire Mac do Dhia (un poème irlandais qui peut se traduire par « Marie a porté le fils de dieu »), ici tout n’est qu’harmonie et invitation aux voyages de l’âme vers la paix et le bonheur. La magnificence des percussions de Pedro Estevan, enrichit les pièces de nuances subtiles et opulentes.

Filippino Lippi Santa Maria sopra Minerva, Rome

Musiciens et chanteurs, nous font percevoir la musique des étoiles qui rythment le pas des bergers ou des rois mages en route sur les chemins de sable, où ils nous invitent à les rejoindre pour partager le Mystère de la nuit de Noël. Tous les musiciens d’Hirundo Maris donnent à un moment ou un autre dans chaque pièce, des variations, des atmosphères d’une délicatesse qui nous surprend à la limite du secret d’une émotion à laquelle on ne peut résister, nous envoûtant aux larmes. Et lorsque, dans Silent Night la cornemuse de Ian Harrison, brise le silence de la nuit, comme un éclat de rire ou de larme -de joie-, la musique du silence, qui nous a bercée, apaisée, enchantée nous entraîne dans la danse de la vie qui reprend ses droits. Les voix d’Arianna Savall et Petter Udland Johansen, deviennent à jamais, le flambeau qui nous permettra de suivre ce chemin si bienveillant de la musique des sphères.

« Quand le récit de leurs pérégrinations fut terminé, il y eut d’autres contes, puis d’autres encore : des contes d’il y a longtemps, des contes de choses récentes, et des contes en dehors du temps ». JRR Tolkien

Par Monique Parmentier

Hirundo Maris, Arianna Savall, soprano, Baroque triple harpe et Renaisssance harp ; Petter Udland Johansen, ténor, hardingfele, mandolin ; Adam Taubitz, violin ; Sveinung Lilleheier, Dobro, acoustic guitar ; Gesine Bänfer, cittern, flute, whistles ; Ian Harrison, whistle, border pipe, mute cornett, Miquel Ángel Cordero, double bass ; Pedro Estevan, percussion

1 CD Deutsche Harmonia Mundi 62’35. Livret : Anglais/Allemand. Enregistrement réalisé à Kirche Maisprach du 15 au 18 juin 2018

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Noël... La musique des étoiles

3 Décembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

© The Tolkien Estate Ltd 1976, 1979

Noël approche et je suis très en retard... J'ai toujours eu un côté lapin blanc qui court après le temps. Mais cette année ce sont des soucis familiaux qui ne me permettent pas d'être aussi disponible que je le souhaiterais. Si effectivement, je peux lire Tolkien dans mes trains du quotidien et ainsi fuir ce monde réel si étouffant, si écrasant, sans rêve et poésie, je ne peux parvenir à consacrer le temps nécessaire à la rêverie musicale comme le nécessite l'écriture, sur les merveilles que me transmettent les musiciens.

@ Hirundo Maris

Normalement, je vous inviterais avant Noël à découvrir, le CD enregistré par l'ensemble Hirundo Maris, Silent Night... Rien à voir avec les innombrables enregistrement sirupeux des tubes qui animent les centres commerciaux, temples de la consommation. Ce CD est une merveilleuse invitation au silence des nuits d'hiver, aux chemins de sables des rois mages qu'évoque la chaude voix de ténor de Petter Udland Johansen, et à la douceur des cristaux de neige de la délicate et féérique voix de soprano d'Arianna Savall. Jeux des miroirs de glace où chacun à fait sien l'univers de l'autre.

@ Alia Vox

Mais ne manquez surtout pas non plus, les CD, dont je vous parlerais dès que possible, édités par Alia Vox cette année. Tout d'abord celui de l'ensemble Euskal, Elkano. Une invitation aux voyages, dans le temps et dans l'espace, sur la route des épices. Le talent de cet ensemble, vient de la chaleur de ses couleurs et de la passion musicale qui en émane.

 

@ Alia vox

Et puis bien évidemment, il y a également, deux des derniers enregistrements de Jordi Savall. Retrouver le maestro et cette tension, ce sens du tragique unique dans cette Passion selon Saint Marc de JS Bach, reconstituée. Cet extraordinaire enregistrement est une invitation à une introspection qui emporte nos âmes vers des routes chaotiques, à la limite du vertige, de l'insondable infini.

@ Alia Vox

Quant à l'enregistrement de la Judith Triomphante de Vivaldi, elle permet au maestro catalan, de nous montrer combien les idées reçues sur Vivaldi, nous font parfois ignorer des chefs-d'œuvre envoûtants.

@ Duo Tartini

Je reviendrais j'espère très vite sur ces CD, pour mieux vous en parler, mais ils méritent de figurer au pied du sapin... et il en est un autre, celui du Duo Tartini, Continuo Addio, qui complétera si bien, par sa délicate poésie, ce qui fait le charme de Noël, un temps hors du temps, celui des retrouvailles, de la nuit illuminée par des constellations lointaines et cette étoile unique, surgit du néant, qui nous permet de retrouver en nous l'enfant que nous avions laissé s'endormir. Nous permettant à nouveau de nous émerveiller de la beauté du monde.

Par Monique Parmentier

 

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