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Le blog de Susanna Huygens

La porte de félicité : entre deux mondes

25 Septembre 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

visuel-copie-4La Porte de Félicité

Constantinople 1453, entre Orient et Occident

Doulce Mémoire : Denis Raisin Dadre

Ensemble Kudsi Erguner

 

Les voix s'élèvent a capella, bouleversantes et irradiantes. La douleur et la compassion qu'elles expriment sont si intenses que dès les premières mesures l'on perçoit le déchirement que vécu l'Occident chrétien en ce mois de mai 1453, tandis que Constantinople tombe sous les assauts des troupes ottomanes de Mehmet II. Le monde chrétien vacille, cédant une part de sa place à une civilisation dont tout semble la séparer, y compris sa musique.

Depuis sa création par Denis Raisin Dadre, Doulce Mémoire redonne vie à la musique de la Renaissance tant profane que sacrée. Sans aucune limite de frontières, ces musiciens poursuivent leurs explorations, nous révélant merveille après merveille, des univers où la splendeur vocale et musicale le dispute à la ferveur des sentiments. Ne se contentant plus des musiques françaises et italiennes, Denis Raisin Dadre semble suivre des chemins qui auraient pu être ceux que tous ces grands explorateurs qui partaient à la recherche de nouveaux mondes empruntèrent. La confrontation musicale qu'il nous propose ici, en compagnie de l'ensemble turc Kudsi Erguner (du nom de son créateur) se révèle un dialogue d'autant plus riche entre Orient et Occident, qu'il permet une véritable rencontre de rêves que tout oppose.

Les ottomans eurent l'intelligence et l'ouverture d'esprit nécessaire pour conserver juste à côté de Constantinople une enclave gênoise, Galata, où se côtoyaient toutes les cultures du temps. Français, italiens, grecs, turcs, chrétiens, musulmans et juifs partagèrent ainsi leur goût pour la musique et tout particulièrement pour les musiques de cour.  Ces musiques savantes furent ainsi capables d'engendrer une véritable écoute entre ceux que des différences qui semblaient irrémédiables séparaient.

Ce CD est d'autant plus une grande réussite que, ni Denis Raisin Dadre, ni Kudsi Erguner ne cherchent à fusionner les deux univers musicaux, chrétiens et ottomans, pour mieux plaire aux oreilles des uns ou des autres. Les frottements, les dissonances sont ici d'autant plus expressifs qu'ils proviennent d'une pensée modale si différente propre à chacune des deux cultures. Le dialogue instauré ici est d'une infinie richesse.

Musiciens et chanteurs nous invitent à un voyage mélodique où la richesse instrumentale et vocale superpose deux univers d'une grande beauté. La poésie chrétienne et la poésie ottomane sont aussi raffinées l'une que l'autre. Et l'ensemble des interprètes ne peut qu'être loué. Ils nous font ressentir et vibrer les émotions de ces hommes qui vivent la fin du Moyen-Âge, la fin d'une ère chrétienne où tout et particulièrement la musique, ne devait qu'être harmonie. Pour eux vont s'ouvrir de nouveaux horizons qui remettent en cause bien des certitudes. Voix et instruments s'opposent et pourtant se rencontrent. Les timbres et les techniques vocales pourtant si dissemblables dialoguent. Leur mélancolie nous chavire. La suavité du timbre du contre-ténor Paulin Bündgen ou l'art recherché du chanteur Bora Uymaz, nous envoûtent. Leurs ornementations s'entrelaçent telles des calligraphies savantes et complexes.

Les instrumentistes vont au-delà d'un simple accompagnement, ils apportent des lumières et des ombres subtiles et sensibles. Le luth et l'oud, la flûte et le ney, la harpe renaissance et le qanoun, offrent des sonorités d'une rare élégance, laissant filer le temps et les mots, en une intimité où les plus tendres ou douloureux sentiments s'expriment tandis que les bombardes et dulcianes annoncent tout le brillant des fêtes et des défilés à la gloire des souverains terrestres et célestes.

Toutes les pièces nous charment et nous interpellent. Quelles soient issues de la civilisation chrétienne, du motet composé par Guillaume Dufay à l'occasion de la prise de Constantinople qui ouvre ce CD, aux chansons de Gilles Binchois "Adieu mes très belles amours" et de Richard Tocqueville "La doulce Jouvencelle", aux poésies improvisées du monde ottoman, les gazel si évocatrices d'un Orient mystérieux et somptueux.

A l'écoute de ce CD il ne pourra que vous apparaître que la musique rend le partage des rêves possible, surtout lorsque un humaniste respectueux de l'autre et de ses différences guide les intentions. Sans une véritable ouverture d'esprit, sans amitié la musique ne peut vivre.

La magnifique prise de son souple et équilibrée permet de savourer aussi bien les pièces intimes que celles où l'on trouvent dulcianes et bombardes Et si le livret rédigé par Denis Raisin Dadre vous donnera quelques clés clefs historique et musicologique, on aurait peut - être aimé en savoir un peu plus sur toutes les pièces retenues ici. Voici un CD que je vous recommande chaudement. La Porte de Félécité n'a jamais si bien porté son nom.

 

Par Monique Parmentier

1 CD ZZT Enregistré à l'église Arménienne d'Istanbul du 9 au 13 juin 2012 Réf : ZZT314 - Code barre 3 76000 293144

A voir les trois vidéos Outhere consacré à l'enregistrement

- Vidéo 1 ; - Vidéo 2 ; Vidéo 3

- A réécouter et revoir sur France Musique, la Matinale

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Ambronay : une oasis musicale

23 Septembre 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

visuel-copie-1.jpgSe rendre à Ambronay, c'est se rendre dans un îlot de verdure, quelque part en un lieu intemporel, mélange d'hier et de demain, entre un ici et un ailleurs celui d'un univers où le TGV nous mène et celui d'une abbaye plus que millénaire, où la musique est reine.

 

Chaque automne, en ce lieu si magique résonnent des musiques que l'on dit anciennes, mais aussi du jazz et de la musique du monde, des musiques que l'on dit romantiques ou contemporaines. Pour sa 33ième édition, le Festival d'Ambronay a retenu le thème des Métamorphoses.

 

Pour le samedi de ce second week-end - sur les quatre que compte le festival - nous avons suivi deux concerts aussi différents et passionnants l'un que l'autre. Certes ils ont un commun de nous laisser le sentiment d'un inabouti, mais avec la certitude que c'est justement ce qui fait le bonheur du spectacle vivant.

desmarets_groupe_Bertrand-Pichene.jpegL'une des plus belles réalisations d'Ambronay est son Académie et tout particulièrement les "résidences jeunes ensembles". Ainsi sont accueillis de jeunes artistes, à l'avenir prometteur mais incertain. Ils trouvent ici auprès d'Alain Brunet et de ses équipes tout un environnement qui leur permet non seulement de progresser dans leur art, mais également d'être entourés et conseillés afin de se préparer à un contexte économique dans lequel être un artiste demande une préparation rigoureuse à l'insertion professionnelle.

Et avant même le concert de 17 heures, certains musiciens de l'ensemble qui devait nous offrir leur première carte blanche, l'Ensemble Desmarets, ont offert aux promeneurs de la visite accompagnée des lieux des surprises musicales. Ainsi les violes de gambes ont fait vibrer les voûtes plusieurs fois séculaires de l'abbaye bénédictine de leur chant mélancolique et automnal.

contre_tenors_Bertrand-Pichene.jpegNous les avons retrouvés ensuite en concert. Sur un programme de musique anglaise du XVIIe siècle dédié à Purcell, nous avons eu le plaisir d'entendre de jeunes artistes passionnés et plein de fougue. Ils ont proposé au public un concert bien construit et préparé. Le résultat a été un moment radieux et riche d'espérance. Certes le continuo était un peu trop riche et l'un des contre-ténors - Damien Ferrante - encore en devenir. Mais en revanche, le second contre-ténor, Rodriguo Ferreira nous a enchanté, tant par sa présence que par sa diction soignée et par son timbre tout à la fois moiré et rayonnant. Dans Ode on the Death of Mr. Henry Purcell de John Blow, l'hommage à l'Orfeo Britannicus, a été grâce à lui un instant de réelle émotion. Mais il faut également souligner le talent des musiciens et tout particulièrement la sombre beauté des violes, le duo ludique et expressif des flûtes dans le bis extrait de Fairy Queen, le théorbe ardent. Tel le papillon sortant de sa chrysalide l'Ensemble Desmarets, semble avoir trouvé à Ambronay un accompagnement bénéfique, qui lui permet d'aborder l'avenir sereinement.

 

Patricia Petibon Bertrand PichèneLe concert du soir était consacré à un récital, intitulé Amour & Folie. Il était donné par la soprano Patricia Petibon qui fit ses débuts à l'Académie baroque européenne d'Ambronay en 1994. Retour aux sources pour cette dame qui depuis cette époque a offert au public à travers le monde tant de moments prodigieux. Aujourd'hui Patricia Petibon peut s'offrir le luxe de se faire plaisir par le biais du récital et le public venu nombreux pour l'entendre en a été ravi. Un vrai régal d'humour, de sens du théâtre, du don de soi. Que peut-on critiquer lorsqu'au fond ici c'est le bonheur de rire qui compte ? Jamais l'amour n'est vraiment tragique et d'ailleurs la pièce la plus triste un air extrait de l'opéra Arianna de Benedetto Marcello, qui d'après les notes du livret était la pierre d'angle du programme n'a pas été donnée.

 

Le concert était composé en deux partie, la première consacrée aux musiciens allemands et français (Johann Georg Conradi, Marc-Antoine Charpentier et Jean - Philippe Rameau) et l'autre à Antonio Vivaldi et Georg Friedrich Haendel. Difficile de toujours voir un lien entre les morceaux choisis, si ce n'est que d'amour ici il fut question.

 

ppetibon2.jpegPour ce qui est de la folie, elle fut douce sans aucune forme de douleur et si peu de tristesse. Certes quelques moments de grâce et d'émotion comme dans "Tornami a vagheggiar", ont bien émaillé ce programme, mais c'est avant tout dans un délire scénique que Patricia Petibon nous a emporté. Jouant avec les musiciens comme avec le public, elle nous séduit par cette présence unique, véritable tornade de joie. Les bruitages qu'elle réalise dans l'air de Charpentier "Sans frayeur dans ce bois", son petit chapeau rose dans l'air de la folie de Platée sont autant de petits détails soignés et surprenants. Vocalement en très grande forme, Patricia Petibon s'autorise donc des libertés qui participent aux spectacles, avec des prises de risque dont elle se sort avec panache mais parfois à la limite du bon goût. Le public en redemande bissant par deux fois l'artiste et les merveilleux musiciens de l'ensemble Amarillis qui sous la direction de la claveciniste si sensible Violaine Cochard l'on accompagnés avec énergie, délicatesse et drôlerie.

Traversant les vallées bourguignonnes sous un brouillard épais au lendemain de cette belle journée, il nous a semblé que le songe baroque avait métamorphosé nos vies, arrêtant le temps pour mieux le savourer.

Le festival d'Ambronay vous attend encore pour deux week-end qui s'annoncent fort riches. Je ne peux que vous recommander de vous y rendre, afin de laisser derrière vous ce qui vous tourmente. La musique peut transfigurer le temps.

 

Par Monique Parmentier

 

Le festival d'Ambronay

 

Crédit photographique : Ensemble Desmarets et Patricia Petibon©Bertrand Pichène

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Les Nations : une version chambriste et colorée

19 Septembre 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Visuel les ombresFrançois Couperin (1668-1733)

Les Nations

Les Ombres - Margaux Blanchard, Sylvain Sartre

 

Fidèle à sa ligne de conduite Alain Brunet, et à ses côtés les équipes d'Ambronay, apportent leur soutien à de jeunes ensembles prometteurs. Parmi, ceux - ci, les Ombres, qui sous le label Ambronay nous ont déjà offert un précédent CD, consacré à la musique de la Reine Marie Leczinska, l'épouse de Louis XV. Ce CD était déjà une belle réussite, révélant les qualités de chambriste de cet ensemble, si importantes pour cette musique de transition méconnue.

Ces deux directeurs artistiques Margaux Blanchard (violiste) et Sylvain Sartre (flûtiste), avec cette nouvelle version des Nations de François Couperin, confirment ici cette grande qualité qui en font des interprètes tout à la fois attachants et talentueux pour ces œuvres qui pourraient paraître parfois trop connues et qui pourtant ne demandent qu'à se laisser redécouvrir. Ils y font merveille apportant une touche personnelle, sensible et intimiste.

C'est peut - être François Couperin par Les Goûts Réunis qui a imaginé la plus belle des Europe : celle de ces nations et leurs peuples se rencontrant par la musique et la beauté plus que par des intérêts économiques et administratifs. L'Europe de Couperin est bien plus humaine, humaniste et onirique que celle des hauts fonctionnaires et autres lobbyistes actuels. Elle ne peut qu'inspirer tous ceux qui rêvent à la concorde des peuples.

Cela dit, il ne faut pas croire que cela fut plus facile à François Couperin de défendre sa vision de la musique que de continuer aujourd'hui à rêver à cette Europe idéale. Il dût même à ses débuts utiliser un pseudonyme pour signer une sonate en trio qui clamait son admiration pour Corelli.

En 1726, Couperin publie les Nations en reprenant trois sonates de jeunesse, qu'il nomme alors la Française, l'Espagnole, la Piémontaise et en y rajoutant l'Impériale. Chacun de ces quatre "ordres" est introduit par une sonate, chacune augmentée de suites de danses.

Si la version des Nations de Jordi Savall est pour tous une version de référence, les Ombres nous en proposent une vision nouvelle, exaltante et poétique. Sereine et lumineuse, elle est un véritable enchantement. La grande cohésion dont fait preuve cet ensemble et la sensibilité à fleur de peau de chaque instrumentiste s'unissent pour faire virevolter les couleurs soyeuses et vives de la musique de Couperin. Tout ici danse. Les flûtes élégiaques nous envoûtent de leur chant mélodieux, tandis que le basson sensuel et ardent semble jouer avec les hautbois agiles et brillants. Les violons fougueux et sémillant éclairent la douce et tendre mélancolie de la viole, tandis que la guitare (ou le théorbe suivant les pièces) nous séduit pour sa tendre ferveur et que le clavecin éloquent fait scintiller la danse. Enfin la courte intervention de Benjamin Alard qui conclue cet enregistrement, à l'orgue dans la transcription par Bach de la "Légèrement" de la Sonate de l'Impériale, crée un instant fait d'une délicatesse évanescente.

Voici donc un double CD à recommander vivement. Mélange de passion et de précision, il est un instant de délice. Le livret soigné et la prise de son claire et chaleureuse participent au plaisir des Goûts réunis.

2 CD Ambronay - Enregistré à l'Eglise St Rémy, Dieppe (France), le 6 juin 2012 - Ref : AMY035

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Le vol de l'hirondelle : Chants des horizons

13 Septembre 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

visuel-copie-2.jpgHirundo Maris, Chants du Sud et du Nord

Arianna Savall/Petter Udland Johansen

 

En cette rentrée discographique fort riche, c'est par un CD qui peut paraître "modeste" que j'ai choisi de revenir vers vous mais c'est un CD qui murmure aux coeurs meurtris la sérénité et la tolérance.
Ariana Savall poursuit son chemin, trouvant sa voie loin d'Alia Vox et de l'ombre tutélaire de des parents. Et c'est avec le label ECM qu'elle propose, en compagnie du ténor norvégien Petter Udland Johansen qui s'accompagne ici au violon, ce nouvel enregistrement, Hirundi Maris, Chants du Sud et du Nord. C'est un de ces CD que l'on reçoit comme un don du ciel, parce qu'il vous emporte en douceur vers des horizons aux confins de la conscience et vous libère de la mélancolie.

Tout deux ont conçu ce projet comme une invitation aux voyages entre la Méditerranée et la Mer du Nord. Hirundo Marris est en fait le nom latin de l'Hirondelle des mers. Tel cet oiseau délicat et gracieux qui fend l'air avec agilité et se joue des courants avec virtuosité nos deux chantres nous enchantent dans ce répertoire ancien issu des folklores catalan et norvégien, ainsi que de la culture sépharade. La voix cristalline d'Ariana Savall et celle si séduisante de Petter Udland Johansen nous emmènent vers des sources inconnues et apaisantes. Elles nous font partager ce sentiment étrange de n'être plus qu'un esprit aussi léger que le vol des sternes.

Ici la musique scintille comme les milliers d'étoiles des nuits polaires et réchauffe comme le soleil catalan.

On découvre dans ce CD les liens secrets qui se sont tissés entre vikings et catalans. Ces hommes et ces femmes qui empruntèrent les voies maritimes en quête de nouveaux mondes et qui partagèrent les mêmes songes et cette mélancolie si profonde qui nous poussent vers ces ailleurs, vers cet inconnu qui peut-être pourra nous rendre la vie meilleure. En ces temps particulièrement troublés, Arianna Savall, poursuivant le travail de sa mère à qui elle dédie ce disque et de son père, offre également au public un message de paix. Car toutes ces musiques, toutes ces mélodies permettent à nos différences de s'enrichir et de se retrouver dans nos origines communes, celle des sentiments, des thèmes littéraires, mais aussi des légendes et des techniques.

C'est une chanson catalane "El mariner", qui est à l'origine de ce projet. Elle conte l'histoire d'amour entre une jeune fille méditerranéenne et un chevalier des terres du Nord. Le chant des vagues sur lequel débute ce très beau duo, est à l'image de ce CD, lancinant et hypnotisant. Les voix humaines et celles de la nature, la texture instrumentale s'unissent en une profonde harmonie.

Ce disque est une rencontre, un disque qui parle au cœur de celui ou celle qui veut entendre. Il répond à un profond désir de paix et d'harmonie. Il ne prétend pas vous offrir un sentiment de toute puissance qu'offre la "grande musique", mais plutôt de simplement partager avec d'autres voyageurs égarés, des refuges, on l'on peut se reposer l'esprit.

Le livret bilingue catalan/anglais mériterait d'être traduit en français pour permettre à tous de mieux comprendre les intentions des artistes. Une excellente prise de son montre le soin apporté à la réalisation.

1 CD ECM News series 278 4395. Enregistré en janvier 2011 dans le monastère autrichien de St Gerold

Par Monique Parmentier

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