Ninna Nanna : Remember me
ANGELI al capo, al piede;
E qual ricciuto agnello
Dormir fra lor si vede
II bel mio bambinello.
[Love me, I love you] Amami, t' amo,
Figliolin mio:
Cantisi, suonisi.
Con tintinnio.
Mamma t' abbraccia,
Cor suo ti chiama;
Suonisi, cantisi,
Ama chi t'
Christina Rossetti
Me laissant porter par la visite de ma bibliothèque idéale, j'ai croisé parmi les illustrateurs, un certain nombre de dames, connus des collectionneurs mais dont le nom a été oublié du grand public. Au point d'ailleurs que bien qu'ayant occupé une place non négligeable à leur époque (seconde moitié du XIXe siècle et première moitié du XXe siècle), il n'existe bien souvent sur le net que des informations fragmentaires, sur des artistes pourtant extrêmement talentueuses.
Et plus le temps passe et plus je me familiarise avec le mouvement Art & Craft (moi la baroqueuse), retrouvant au passage la fascination que j'avais enfant pour les beaux livres illustrés et les images prédécoupés destinés à orner des Scrap books victoriens dont certaines me rappellent ma grand-mère qui m'en avait offert, il y a bien longtemps quelques unes. Comme il est fascinant de penser que les berceuses illustrées et ces images extrêmement colorées pour collage d'un autre temps, se sont retrouvés sur mes chemins de curiosités. Concernant ces images, je suis sur Instagram, le compte d'une conservatrice de la Winterthure library dans le Delaware, près de Philadelphie.
Et par des chemins détournés, les berceuses ne voulant pas me quitter, je suis tomber sur les premiers poèmes de Christina Rossetti, pour partie dans la langue du pays de son père, l'italien.
Je ne me lasse pas de découvrir toutes ces merveilles et plus encore de la place étonnante que les femmes y ont tenue. Tout est partie de mon envie d'écrire un article sur mes illustrateurs "préférés", Arthur Rackham, Edmund Dulac et Kay Nielsen et je découvre des illustratrices dont la vie et l'art me semble encore plus fascinants. Je sais déjà que je reviendrais vers Florence Harrison, dont le peu que je sais d'elle est que son enfance, fut forcément influencée par ses voyages entre sa terre natale, l'Australie et sa terre d'origine où elle vécut, le Royaume-Uni. Prendre la mer, durant l'enfance, voir l'horizon comme une ligne infinie, où toutes les histoires sont possibles, cela doit forcément laisser des traces.
Hier au soir, j'avais envie de me reposer, sans faire trop d'efforts, je l'avoue et cherchais un film susceptible de me faire passer une douce soirée. Difficile de trouver, ce genre de programme. Le cinéma et les chaînes de diffusion de films préférant diffuser des films dans l'air du temps, violents, moches et trop souvent vulgaires. Et puis, aller savoir pourquoi, les illustratrices et conteuses ne voulant pas me quitter, je suis tombée sur une petite pépite : Miss Potter. Quel bonheur ce film (cela dit avec la même actrice, Renée Zellweger, j'ai beaucoup aimé la série des Bridget Jones, il faut dire que le scénario des trois volets et les acteurs, y sont formidables). Bref, bien sûr Béatrix Potter, Peter Rabit, Benjamin Bunny, Squirrel Nutkin et tous ces merveilleux personnages, m'ont donné envie de me plonger dans ces paysages et ces mondes enchantés. Et si dans ces univers, tout n'est pas forcément doux, pas plus que dans aucun conte d'ailleurs, il y a ce charme indéfinissable, qui quelque part nous ouvre les portes d'un monde plus généreux.
D'ailleurs, Béatrix Potter qui concevait par ailleurs les histoires que nous content les images, est probablement une des rares illustratrices à avoir pu gagner sa vie et disposer d'une notoriété, lui permettant ainsi d'être active dans la préservation des lieux qui l'ont inspiré.
Quel bonheur de voir ses dessins s'animer, tandis que son pinceau oeuvre. Un clin d'oeil, un mouvement léger pour se débarrasser d'une écharpe gênante... Quelques animations qui font de ses personnages, des êtres vivants, des amis à part entière. Ce film est une petit merveille. Ressenti du lecteur et anthropomorphisme assumé par l'artiste, elle qui était aussi passionnée par toutes les sciences de la nature, mais qui par son art, dans la continuité d'un XIXe siècle victorien qui aimait à voir des fées dans les mouvements d'ailes des papillons, nous a donné à rêver enfants et adultes en quête d'un retour à l'innocence.
Voilà, je reviendrais sur mes promenades et surtout sur les illustratrices. Je n'en ai pas fini. A 64 ans, dans ce monde si violent, le rêve, l'empathie, la beauté sont essentielles. Me suivrez - vous dans mes passeggiata... Livresques. Ma bibliothèque idéale est si riche. Chaque livre, est une invitation onirique aux voyages.
Where sunless rivers weep
Their waves into the deep
She sleeps a charmed sleep :
Awake her not.
Led by a single star,
She came from very far
To seek where shadows are
Her pleasant lot.
Où pleurent les rivières sans soleil
Leurs vagues dans les profondeurs
Elle dort d'un sommeil enchanté :
Ne l'a réveille pas
Menée par une seule étoile
Elle venait de très loin
Pour chercher où sont les ombres
Son sort agréable.
Christina Rossetti
Par Monique Parmentier