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Le blog de Susanna Huygens

poesie et litterature

Lectures, rêveries et gourmandises

15 Octobre 2021 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers, #Poésie et Littérature

Hôtel de ville Narbonne - Passage de l'Ancre @ DR

Cela fait depuis l'été et mes articles narbonnais que je ne suis pas revenue. En attente, je l'espère au printemps prochain, de commencer mes recherches pour un deux pièces dans ma ville de coeur, ma vie est quasiment recluse dans ma campagne Seine & Marnaise. Lorsque j'ai visionné le petit film dont est extrait cette image à la sortie du passage de l'Ancre, place de l'Hôtel de Ville à Narbonne, j'en ai eu les larmes aux yeux. J'aurais aimé plongé dans cette image, comme Mary Poppins dans ces mondes imaginaires. Je vis entre télétravail, qui me permet de travailler sereinement, sans galère de train, et des week end lectures et cuisine.

@ M Parmentier

Notre petite épicerie locale, vend désormais des légumes de producteur, avec Casa Zanoni pour les produits italiens et des produits de mon sud commandé via Internet, comme ceux de la vinaigrerie Cyril Codina, je me fais des petits plaisirs. Mais je l'avoue désormais, je ronge mon frein, me documentant également sur la décoration, pour faire de mon futur chez moi, un nid douillet où je pourrais savourer mon sud.

Mon blog va changer et sera plus souvent consacré à l'art de vivre dans le sud et si la musique en fera partie, elle ne sera plus un élément central de mes passeggiata.

@ Monique Parmentier

La cuisine, les promenades, de l'Abbaye de Fontfroide aux Halles, au bord de mer et la garrigue. J'attends cet univers merveilleux. En attendant, je lis. Je termine des ouvrages de Jacqueline de Romilly et hier, jour de sa sortie, la nouvelle édition/traduction du Silmarillion m'est arrivée au courrier. J'ai écouté la passionnante interview de Vincent Ferré sur Tolkiendil. Une discussion entre passionnés forcément captivante.

Chez Jacqueline de Romilly, je retrouve cette élégance fluide de l'écriture et des thèmes qui me sont chers, comme l'amitié, l'amour du beau, de la modestie et une conscience d'un monde riche, d'une envie d'apprendre toujours et encore.

@ DR

Le Silmarillion, je l'attendais avec impatience dans sa nouvelle traduction. Les illustrations de Ted Nasmith, très différentes stylistiquement de celles d'Alan Lee et John How, sont oniriques. Je vous recommande d'écouter, cette formidable interview de John How (en français, car ce dernier le pratique couramment). Je ne me lasse pas de cet univers littéraire et philosophique unique, si riche, qui offre à cet art de l'illustration la possibilité de révéler de belles personnalités, avec des univers visuellement si différents. JRR Tolkien, appartient comme Jacqueline de Romilly à des générations qui pour n'avoir que trop connu les horreurs de la guerre savaient que la beauté et l'humilité devaient être avant tout un art de vivre. Christopher Tolkien, à qui nous devons de pouvoir lire aujourd'hui les œuvres de son père, en était certainement la plus merveilleuse expression. Cet homme qui a vécu dans ce que certains pourraient considérer avoir été l'ombre de son père et qui a par son travail acharné et son amour filial, vécu dans sa lumière. Je pense que la postérité ne pourra jamais assez le remercier. En attendant le printemps et une nouvelle vie, je vous souhaite, chers lecteurs et chères lectrices, une excellente continuation.

Par Monique Parmentier

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Mae govannen

5 Février 2021 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

J’ignore si vous êtes comme moi, mais pour tenir j’ai trouvé un refuge, ... la Terre du milieu et son univers si lointain et si proche. Je ne m’en lasse pas. Bien au contraire. J’aurais bientôt terminé les Lettres de JRR Tolkien, y découvrant la merveilleuse relation qui les unissaient avec son fils Christopher mais aussi tout ce qui fait de cet univers une aventure humaine. Tolkien n’est pas tout à fait un auteur comme un autre. Il vivait et « croyait » en ce monde « imaginaire » tout en vivant en parallèle sa vie dans notre monde. On a le sentiment que le lien avec son œuvre est vécu comme une seconde, une autre vie en le lisant. Il me semble que la plume qui le guide, devient la plume du lecteur. Sa relation avec certains de ses lecteurs est en cela particulière qu’en lisant leurs interrogations et les réponses que leur apporte Tolkien, présuppose chez ses lecteurs comme en nous, la réalité de ce monde qui est devenu le notre, en suivant les mots de l’auteur, mais en un autre temps que celui où nous vivons. Comme si en le lisant et en suivant sa plume nous passions de l’autre côté du miroir. Sa vision des contes de fées en est bien plus fascinante que celle de la psychiatrie. Sa vision de la relation aussi bien avec le cinéma, les traducteurs, les « lecteurs/ fans » superficiels m’a permis de mieux comprendre ce qui me dérangeait tant en particulier avec ces fans de musiciens (dans mon cas des artistes de musique ancienne 😉)... chacun a besoin d’un refuge pour tenir, mais vivre, mais une œuvre, une interprétation ne nous autorise pas à vivre par procuration au travers d’un artiste. « Pourquoi deviendrais-je un objet de fiction tant que je suis encore en vie ? » (Lettre 229 du 23/02/1961). Il n’est pas un être magique, mais un passeur de rêves. Tolkien n’a pas toujours eu une vie facile, mais son univers l’a porté. Je suis persuadé que la lecture et l'écoute sélective de concerts en streaming sont mes meilleurs amis.  

@ ayants droits famille Tolkien

Si l’oeuvre de Tolkien n’est pas une œuvre destinée  aux enfants, elle est une œuvre qui nécessite pourtant d’avoir gardé en soi cette faculté de rêver au fond des tranchées, alors que la mort rôde. Elle est une œuvre profondément humaine et généreuse et les illustrateurs qui ont été choisis pour nous en offrir la flamme de sa quintessence sont tous des poètes, profondément conscients que même en ce domaine Tolkien leur a montré la voie. Alan Lee est mon préféré juste après ... Tolkien.

Si j’attends avec impatience la nouvelle traduction du Silmarillion, je ne vais pas manquer de lecture en attendant et poursuivre ma route et espérer que l’impossible se produise... la voie du bonheur malgré les voix du vent si... je veux croire qu’elles espèrent elles aussi.

« En fait j’écris comme j’écris, bien ou mal, parce que je ne puis écrire autrement. Si cela plait à quelqu’un, grand ou petit, je suis aussi surpris que ravi ». JRR Tolkien Lettre à Jane Neave le 22/11/1961

Par Monique Parmentier 

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Bonnet rouge, veste verte Et plume blanche de hibou !

7 Janvier 2021 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ DR - Richard Doyle

Certains jours, il me faut vraiment lutter pour ne pas céder au découragement. Mais alors, que je me sens y céder, vient toujours à moi, ce petit lutin farceur qui ne veut pas me laisser tomber. Tandis que la face humaine du Mordor, de la malfaisance et de la bêtise crasse m'étouffait, un petit miracle s'est produit en fin de matinée aujourd’hui. Bonnes fées et enchanteurs sont venus à moi, avec ce trait de lumière qui les caractérisent... Allez savoir pourquoi et comment, mais ils ont perçu ma détresse, même le ciel si gris a retrouvé un peu de clarté. Et un petit poème, d’un auteur bien inconnu des français appartenant à cet univers de la Fantasy anglaise, m’a permis d’entrevoir une ligne d’horizon…William Allingham (19 mars 1824 - 18 novembre 1889) … Un irlandais, fils de banquier, ami de Dante Gabriel Rossetti, a publié un recueil de poésie intitulé Faeries en 1850, petit joyau de ces mondes parallèles où à la joie de vivre, se mêlent humour et cruauté légère. Alors si vous aussi, vous avez envie de retrouver, cette part d'enfance et d'innocence, suivez la voie du Once upon a time... de ce chemin incongru du non-sens et de l'improbable bonheur... Celui qui mène aussi à la générosité, à l'ouverture d'esprit... Nul n'est parfait et ne doit chercher à l'être dans ces univers, juste en quête d'un sens plus... bien plus profond que ces apparences.

@ DR Richard Doyle - L'arbre des fées

Up the airy mountain,
Down the rushy glen,
We daren’t go a-hunting
For fear of little men ;
Wee folk, good folk,
Trooping all together;
Green jacket, red cap,
And white owl’s feather!

Down along the rocky shore
Some make their home,
They live on crispy pancakes
Of yellow tide-foam;
Some in the reeds
Of the black mountain-lake,
With frogs for their watchdogs,
All night awake.

@ DR - Richard Doyle - L'arbre des fées

De l’aérienne montagne
Jusqu’au vallon bordé de joncs,
Nous n’osons pas aller chasser
Par crainte des petits hommes.
Minuscules et bonnes gens
Patrouillant tous ensemble ;
Bonnet rouge, veste verte
Et plume blanche de hibou !

Là-bas, le long de la côte rocheuse,
Certains font leur maison
Sur de croustillants pancake,
A l’écume jaune
 

@ DR - Richard Doyle - L'arbre des fées

Certains, tapis dans les roseaux
Du lac de la montagne noire
Avec des grenouilles de garde
Veillent toute la nuit.

…(traduction du blog Merle Bardenoir). Il me reste maintenant à en apprendre plus sur ce poète et l'illustrateur Richard Doyle et son arbre des fées.

Par Monique Parmentier

 

 

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Sagesse du lever du jour

6 Avril 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Alban Huillet via une page Face Book

Prière amérindienne... pour que son chant s’élève avec l’Aurore :
Sagesse du Lever du jour… 
Que le vent apporte mes paroles sur les ailes de l’Aigle…
Pour que les
cœurs comprennent de ne jamais prendre la beauté de la création, 
Prendre ce qu’elle ne peut donner…Est détruire la vision et devenir aveugle…
Ne plus entendre son chant à travers les oiseaux, les arbres, l’eau, le vent,
Est d’étouffer la mélodie des esprits de la nature qui vibre en son rythme,
Que de polluer les parfums qui embaument ses habits de saisons,
Est de sentir l’odeur de souffrance et de mort des veines de notre Mère… 
Grand-Esprit que notre mémoire nous soit rendu,
Pour se rappeler que nous sommes Unité avec le Tout,
Que l’Énergie des mains du soleil guérisse ces plaies ouvertes,
Que l’Amour des Cœurs Unis s’assemblent en l’humanité, 
Grand Père Ciel étanche la soif de notre Mère,
Purifie par les eaux ces blessures déjà profondes,
Que l’arc-en-ciel annonce le Renouveau…

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Chaque instants, je sens... ses milliers battements de bonheur

5 Avril 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ DR

O Terre, ma nourricière,
prends moi en ton sein si sécuritaire,
laisse mes mains et mon coeur refermer tes profondes blessures,
ne laisse pas ce poison, cette douce amertume devenir cyanure,
Chaque instant je sens ton cœur,
ses milliers de battements de bonheurs,
Tant de guerres sur ton sol sacré,
nullement ta sagesse n’en a été entachée,
je remercie chaque jour que tu m'ais ouvert les yeux sur tes mondes cachés,
je suis maintenant ma rivière intérieure,
loin de mes doutes et mes peurs,
pures illusions de nos esprits emprisonnés,
arrêtez vous un instant et écoutez….
la Nature vous crient que vous vous égarez,
elle vous dis, viens mon enfant, ton chemin je vais te montrer!

Prière Lakota 

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"Il fera beau bientôt"

27 Mars 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Carte du pays des contes de Fées - Bernard Sleigh - 1918 - Bib du Congrès

Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.

Robert Desnos, 1942

 

Je profite de ce passage pour dire un grand, très grand merci à ceux qui luttent et affrontent le coronavirus pour soigner, sauver des vies ou nous permettre de vivre ce confinement au mieux. Chères lectrices et lecteurs, je vous en conjure, respecter le confinement, pour vous et pour elles et eux. Ne les sacrifiez pas à un égoïsme démentiel. Apprenez à savourer ce temps qui vous est donné et à vous poser les bonnes questions, sur ce mal que vous avez à vous arrêter. Ce besoin de toujours aller chercher plus loin, ce que vous ne trouvez pas ici. La mondialisation folle et narcissique, nous a conduit à la catastrophe, mais espérer et croire en l'avenir est un devoir. Préparons nous à construire un futur meilleur.


Par Monique Parmentier

 

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La route se poursuit sans fin

27 Février 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ DR

The Road goes ever on and on
Down from the door where it began.
Now far ahead the Road has gone,
And I must follow if I can,
Pursuing it with eager feet,
Until it joins some larger way
Where many paths and errands meet.
And whither then? I cannot say.

   ~ J. R. R. Tolkien
      The Fellowship of the Ring

La poésie de Tolkien m’est devenue une amie très chère 

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Tolkien, un univers enchanté que je n’oublierai jamais

7 Février 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Monique Parmentier

C’est depuis un téléphone portable, avant que de retourner au monde dit réel, que j'écris ces quelques mots. Pour la troisième fois hier, je suis retournée à la BNF consacrer mon après-midi à la fabuleuse, merveilleuse exposition Tolkien suivi de la conférence d’Alan Lee. Une dernière occasion d’y faire d’ailleurs des rencontres à l’image de JRR Tolkien et de son fils Christopher qui vient de disparaître. Nous ne serons jamais assez reconnaissant à ce dernier d'avoir consacré une bonne moitié de sa vie à la publication et traduction des œuvres de son père. Vincent Ferré qui a eu la chance de le rencontrer, lui a rendu ce soir un hommage dont l’émotion a particulièrement touché le public venu nombreux assister à la dernière conférence du cycle Tolkien. 

La bienveillance  fait partie de cet univers, loin de l’agressivité que l’on subit dans un monde où la perversité triomphe trop souvent. Que pourrais-je dire, écrire qui rendrait un juste hommage à la BNF pour cette exposition inoubliable ? 

@ BNF / Alan Lee photo Monique Parmentier

Le choix d’illustrer le cheminement d’un auteur, à plus d’un titre exceptionnel, par non seulement ses manuscrits et ses illustrations mais aussi par des œuvres qui ont participé à la construction de son imaginaire est particulièrement juste et d’une poésie à la hauteur de l’homme. Tout ici est à l’image du sentiment que l’on éprouve lorsqu’on entame la lecture du Seigneur des anneaux. On ouvre le livre, on prend la route et ... l’on aimerait la poursuivre à tout jamais avec l’auteur et ses « héros ». 

Merci... mille et mille fois merci à la famille Tolkien, à la BNF, à Frédéric Manfrin, Vincent Ferré et à tous leurs partenaires... un grand merci à Alan Lee de nous avoir un peu révélé cette alchimie du voyage en Terre du milieu.

Par Monique Parmentier

@ BNF / Alan Lee Photo Monique Parmentier

PS : Hier en soirée l'exposition a définitivement refermé ses portes et dans les échanges sur twitter entre les commissaires et les visiteurs, le même sentiment de deuil partagé. La sensation douloureuse de voir partir à tout jamais un ami et son univers qui a tous nous a apporté un si grand bonheur, tant d'humanité, de poésie devenu si rare. Cette conscience si amplifiée et si inexplicable, ce chagrin que nous avons tous ressenti, cette exposition que nous sommes nombreux à avoir vu plusieurs fois, incapable de ne pas répondre à son appel, je ne l'avais jamais connu pour ce type d'événements. Je le ressens en quittant Fontfroide et ses musiciens à la fin du festival ou en quittant Narbonne et mes fées des Halles... jamais je ne l'avais ressenti pour une exposition. En fait, à chaque visite, je me suis sentie happée par cet univers. J'ai eu comme Alice, le sentiment d'ouvrir un livre et d'en suivre les personnages au fil de la lecture et de me couper du quotidien, de la réalité. Et à chaque fois qu'il a fallu en ressortir, j'ai ressenti un profond déchirement... Déchirement que nous sommes un certain nombre à avoir vécu. Tout se passe comme si Tolkien avait fait de chacun de nous un membre de la fraternité de l'anneau, pour peu que nous ayons cette capacité à redevenir des enfants et à accepter les mots du livre, comme la mémoire commune d'une autre réalité... mais d'une réalité plus généreuse, plus fraternelle, plus authentique.

Alors merci... Merci à John Ronald Reuel Tolkien... Merci à Christopher. Merci à la BNF. Merci à Vincent Ferré, Frédéric Manfrin, Emilie Fissier... Merci à tous les partenaires de cette sublime, car là le mot est totalement approprié, exposition. Merci à toutes ces belles rencontres durant mes visites, dont ce couple de biologistes dans la file d'attente de la conférence d'Alan Lee. Je sais que ce livre ouvert ne se refermera jamais, qu'il m'accompagnera par delà ... et au delà, sur ces routes à explorer en compagnie d'une fraternité à jamais retrouvée ... 

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Entre broderie médiévale et Tolkien... "Une étoile brille sur notre rencontre"

7 Novembre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Musée Cluny Photo M Parmentier

"La route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m'a conduit si loin
Que depuis je la suis où qu'elle m'emporte"
JRR Tolkien

J'ai brutalement réalisé, il y a environ deux semaines, que la beauté me manquait. Depuis que j'ai quitté Versailles, entre les problèmes de transports et de santé, j'avais renoncé à l'essentiel. Alors, j'ai repris le chemin  et me suis laissée guider par ma bonne étoile et pris en semaine deux demi-journées de congés pour aller découvrir deux univers qui se sont révélés merveilleux et au fond très proches. Non il ne s'agit pas d'exposition de peintures. Je sais Léonard de Vinci ou Le Greco, auraient du m'attirer d'avantage, peut-être. Il s'agit de deux expositions qui montrent combien les conservateurs des institutions parisiennes sont profondément brillants en ces temps difficiles pour parvenir à capter un public trop encré dans une réalité douloureuse et difficile.

© The Tolkien Trust 1973

Je reviendrais plus longuement sur ces deux expositions dès que je pourrais, mais en attendant, n'hésitez pas à faire le déplacement pour briser ce quotidien sans rêve, ce cynisme ambiant et vous laisser emporter dans des univers d'intelligence, de charme, de raffinement, de voyages vers des horizons lointains qui redonnent du sens.

Au Musée Cluny, c'est la délicatesse, le luxe d'un travail d'une beauté méconnue et inouïe des broderies médiévales que j'ai découvert, à un moment, où l'envie de me remettre à la broderie est de plus en plus prégnante, afin d'y retrouver la sérénité du temps qui fil.

© The Tolkien Trust 1977

A la Bnf,  j'ai découvert bien plus qu'un conteur de légendes pour petits garçons, JRR Tolkien (1892-1973). Et même s'il a écrit le Seigneur des Anneaux d'abord pour son fils, et ce rôle de père fût pour lui essentiel, il ne pût le tenir aussi bien que parce que l'univers qui sommeillait en lui, était riche de sens. Il a créé un monde d'une luxuriante créativité grâce à une culture qui jamais ne se fait trop lourde et est pourtant extrêmement riche.

© The Tolkien Estate Ltd 1976, 1979

C'est tout à la fois le mode de travail de l'auteur qui s'offre à nous, mettant sur le papier un pays et des personnages nés de sa connaissance des langues anciennes, mais aussi un médiéviste attaché aux légendes de son pays et un papa Père Noël idéal qui revit dans cette exposition.

Ici tout est poésie et quête. Et les conservateurs s'appuient, pour évoquer le monde de Tolkien, sur des documents provenant tout aussi bien de la BNF que des collections de nos musées nationaux (tel le muséum national d'Histoire naturelle, le musée des Armées ou celui des arts décoratifs, sans parler des tapisseries des Manufactures d'Aubusson créées sur des dessins de Tolkien), que sur des documents en provenance d'Angleterre dont les manuscrits et dessins toujours propriété de la famille de l'auteur.

Sans le partenariat de The Bodleian Libraries, de l'Université d'Oxford, le soutien de la Raynor Memorial  Libraries - Marquette Universty, du Tolkien Estate et de la Famille Tolkien, la vraie magie de ces ouvrages et du monde de Tolkien n'auraient ainsi pu se révéler au public non seulement parisien, mais européen présent dans les salles. Après près de trois heures de visite, on se dit, que le temps nous manque et qu'on resterait bien en sa compagnie et qu'on poursuivrait volontiers ce "voyage en Terre du Milieu".... Alors forcément, après lecture des catalogues, et certainement dans ce que j'écrirais, l'influence de ces deux expositions se fera sentir. Bravo à Frédéric Manfrin, le commissaire de l'exposition Tolkien, présent sur Twitter où l'on peut le suivre. Il fait partie de ces conservateurs qui ont compris ce que la culture peut porter d'harmonie et de beauté dans un monde des réseaux sociaux, souvent froid et méchant.

J'ai retrouvé ici la féérie des Elfes et de cette culture humaniste, issue du monde des contes et légendes illustrés d'Arthur Rackham en passant par Edmund Dulac, des auteurs et musiciens de ce début du XXe siècle, qui ont découvert malgré eux, que tous les espoirs mis dans la science et la technologie avaient été dévoyés pour mieux broyer les êtres humains, dans des conflits, sans espoir de rédemption... mais où malgré tout, et contre tout, la nature résiste toujours et porte l'appel des voix du vent, ouvrant des horizons porteurs d'espoir.

Par Monique Parmentier

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L'horizon s'incline...

22 Octobre 2019 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

Port de Mer au Soleil Couchant - Le Lorrain - Photo M. Parmentier

"L’horizon s’incline
Les jours sont plus longs
Voyage
Un cœur saute dans une cage
Un oiseau chante
Il va mourir
Une autre porte va s’ouvrir
Au fond du couloir
Où s’allume
Une étoile
Une femme brune

La lanterne du train qui part"

Pierre Reverdy - 1889-1960), 
« Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant » (Éd. Ouvrières)

Certains tableaux vous accompagnent toute la vie. Le Port de Mer au Soleil Couchant de Claude Gellée dit Le Lorrain, est pour moi un ami fidèle. Sa lumière, ses personnages, dont ces musiciens sur le départ, l'Horizon nimbé de tendresse… Sont autant d'appels au départ vers un ailleurs heureux, vers un pays imaginaire où la poésie et l'harmonie règneraient. Loin de l'agitation, ce tableau, c'est aussi pour moi, ceux qui m'accompagneront toujours, des musiciens chers à mon cœur, ceux de l'ensemble du Poème Harmonique,... ils sont ici, tels que je les ai toujours perçus en concert. En nul autre lieu que dans ces tableaux du Lorrain, il ne me semble que les êtres humains et les paysages, cette nature qui murmure, n'ont trouvé un équilibre aussi parfait. Je n'ai plus guère l'occasion de retourner au Louvre pour rester des heures en contemplation devant cette toile, mais je les entend encore ce musicien et cette chanteuse… :

Quand le flambeau du monde
Quitte l'autre sejour,
Et sort du sein de l'onde
Pour alumer le jour :
Pressé de la douleur qui trouble mon repos,
Devers luy je m'adresse & luy tiens ce propos.

@ Musée du Louvre

Depuis que ta lumiere
Vient redonner aux Cieux
Ta clarté coutumiere,
Si delectable au yeux,
Jusqu'au soir qu'elle va dans les eaux se perdant,
Mon soleil luit toujours au point de l'Occidant.

Et puis quand la nuit sombre
Vient au lieu du Soleil,
Et cache sous son ombre
L'orreur & le sommeil :
Joignant les mains ensemble & levant les deux yeux,
J'adresse ma parole aux estoilles des cieux."

Quand le Flambeau du monde - Jacques Davy Du Perron (1555 - 1618) Mis en musique par Charles Tessier

@ Monique Parmentier

"Depuis vingt ans, pour moi, la terre tourne plus vite

et je n’en finis pas de forcer le temps qui passe
et qui sans moi passerait si je le laissais passer.
Mes voyages ne sont qu’une seule route qui s’ajoute
à ma vie."

KARADJA-OGHLAN, in Georges Chaliand, Poésie populaire turque et kurde, Maspero.

(poète turc de l’ordre des Derviches, ayant vécu au XVlle siècle)

Et les mots des poètes, les traits et les couleurs du peintre, les grands nuages blancs qui voguent, me permettent de briser les chaînes du quotidien, de m'échapper, ne fusse que l'espace d'un instant. Je sais que la ligne d'horizon doit être mon guide… elle est là et m'appelle.

 

Par Monique Parmentier

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