J'aime la musique ancienne mais pas seulement... Le Jazz ou le rock également, tout comme la chanson à texte. J'aime la beauté, tout ce qui peut ré-enchanter le monde qui nous entourent et cela passe aussi bien par les œuvres d'art, la musique, mais également les paysages, la nature, la cuisine... et bien d'autres choses. Comme Puck à la fin du Songe d'une Nuit d'été je vous demande votre indulgence et vos remarques car "Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé), que vous n'avez fait qu'un somme, ... Une dernière chose, j'aime "mon" sud par dessus tout.
2 Août 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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#Divers
Me voici donc de retour en Région Parisienne, loin de la merveilleuse narbonnaise. Cela m'a coûté de la quitter. Mais il faut savoir faire confiance à la vie et se dire que mes pas m'y reconduiront très vite.
D'ici quelques semaines je publierai mon article sur le festival de Fontfroide, mais en attendant j'aimerais dire merci. Merci à la vie et à celle qui m'avait dit que j'y trouverais cette harmonie que je cherchais depuis si longtemps. Elle ne s'était pas trompée. Merci Montse.
Ce ne sont pas seulement des artistes virtuoses que j'ai rencontré là-bas, ce sont toutes celles et ceux qui permettent au festival d'exister. Mais aussi au-delà du festival, cette terre, ce ciel si bleu, ces cigales qui chantent le bonheur, les trésors des terres cathares et plus que tout un sourire. Le sourire de ses habitants qui vous accueillent et vous ouvrent leurs portes.
J'en veux pour exemple, une de mes promenades où photographiant avec gourmandise les jardins si fleuris et si riches en fruits et légumes, le propriétaire me voyant faire, vient vers moi et me dit, "n'est-ce pas qu'il est beau mon potager"... Un "parisien", m'aurait certainement vu comme une menace. Là au-contraire, j'ai pu continuer de prendre mes photos tout en discutant, puis ensuite repartir avec des remerciements réciproques.
Oui, la narbonnaise est le pays du sourire. Et c'est ce sourire qui va m'accompagner un moment.
Merci.
Merci à Jordi Savall et à son bureau. Merci à Laure d'Andoque et à Antoine Fayet. Merci à Bertrand Bayle et à tous les bénévoles de l'abbaye. Merci à Laurence pour ce merveilleux cadeau qui s'est révélé être tout l'or du sud, lorsque arrivée en Région parisienne je l'ai ouvert. Merci à mes trois fées des Halles Carole, Fleur, Laëtitia.
Merci à Léa et Sylvie et à l'ensemble du personnel du Zénitude qui ont permis à ce séjour d'être si zen.
Merci à ceux qui m'ont si bien reçu lors de la Saint-Jacques et m'ont permis de passer une soirée onirique sous les étoiles. Merci au maire du village de Latour de France et au trésorier de l'association Arpèges en Fenouillèdes pour leur accueil lors du concert donner par les chanteurs et musiciens de l'ensemble Lessons Consort. L'église de ce village a fait l'objet d'une vraie restauration avec une mise aux normes électriques. Ce qui est à souligner pour un village de 1000 habitants, là où ailleurs la vétusté des installations met en péril certaines églises.
Je reviendrais donc bien vite pour aussi vous parler de ce concert Moulinié et de la Saint-Jacques, et de tout ce qui fait la beauté de cette ville si douce et de tout ce qui fait que je sais être là-bas "à la maison".
Mille e mille volte grazie ...
PS : la rose des Elysiques est forcément une rose improbable... Son mystère remonte aux temps anciens.
10 Juillet 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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Bouches gourmandes des couleurs Et les baisers qui les dessinent Flamme feuille l’eau langoureuse Une aile les tient dans sa paume Un rire les renverse.
9 Juillet 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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#Divers
Ce soir je suis redevenue l’enfant qui ne savait pas et qui simplement s’abandonne à la contemplation... je suis de retour au pays des Elysiques. Et la poésie du monde m’apaise. Étrange sentiment de n'être jamais partie, d’avoir toujours fait partie de cet horizon. D’où vient ce sentiment de plénitude, je ne saurais le dire. Mais si l’éternité existe, elle ressemble à cela.
9 Juin 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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#Divers
Je n''ai longtemps exclusivement partagé mes promenades qu'avec ma famille et mes amis... Vous n'y verrez jamais le moindre auto-portrait, car qu'importe mon apparence, ce que j'aime partager, ce sont ces instants parfaits, ceux qui m'aideront à poursuivre le chemin, malgré les embûches et les moments plus difficiles.
Je ne suis pas plus photographe que je ne suis vraiment musicienne... seulement en quête de ces rencontres qui font que je me sens légère, ailleurs, absente d'ici, dans ce mouvement à peine perceptible de l'instant d'éternité.
Alors malgré la crainte de susciter chez certaines personnes un regard négatif, voici donc quelques uns de ces éclats de vie; ces modestes poussières de lumière qui m'accompagnent et me redonnent foi lorsque le quotidien se fait trop pesant.
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue… – et dont je me souviens !
Gérard de Nerval
Le Rhin
Qui coule
Un train
Qui roule
Des nixes blanches
Sont en prière
Dans la bruyère
Toutes les filles
À la fontaine
J’ai tant de peine
J’ai tant d’amour
Dit la plus belle
Qu’il soit fidèle
Et moi je l’aime
Dit sa marraine
J’ai la migraine
À la fontaine
J’ai tant de haine
Guillaume Apollinaire
Je vous inviterai parfois à d'autres promenades parfois, en espérant que ces dernières ne vous déplairont pas.
En attendant prochainement, je vais prendre la route de "mon" sud, retrouver Fontfroide et ses merveilleux artistes, Narbonne, ses ruelles baignées de lumière et du chant des cigales, ses Halles gourmandes, "mes" Corbières et "mon" Minervois tout aussi gourmands, arides et pourtant si gouleyants... Bien évidemment au travers de mes chroniques je partagerais avec vous, quelques uns de ces moments si merveilleux, dont j'aimerais que jamais ils ne finissent tant la région parisienne me devient de plus en plus difficile à vivre.
A très bientôt au pays des Elysiques. Le pays des oliviers et du thym sauvage, des vignes qui plongent dans la Méditerranée si bleue. Le pays où je me sais "à la maison", en harmonie.
17 Avril 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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Cette photographie de Fernand Cuville fut prise le 16 mai 1918 et le texte qui l'illustre nous dit simplement "Vasque de la basilique San Zeno à Vérone, Italie.". Et pourtant au-delà de la magnifique composition, il me semble percevoir comme un clin d’œil magistral du photographe, travaillant pour l'un des plus grands philanthropes qui ont illustré la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle par leurs convictions humanistes, leur profond désintéressement et ne concevant la philanthropie que comme un partage de la beauté : Albert Kahn. Ce riche banquier pacifiste et humaniste, décida de constituer les "archives de la planète". Dans sa quête d'une planète idéale pour tous les hommes, il se fit aider par des photographes et cinéastes de talent, qui le suivirent dans sa mission pacificatrice, destinée à éviter le carnage qu'il pressentait avant 14 et continua cette mission jusqu'à la crise de 1929 qui le ruina.
La boucherie de 14 ne va pas tarder à s'achever, lorsque Fernard Curville réalise cet autochrome couleur de l'enfant à la vasque. L'Europe des peuples agonise. Ici le temps pourtant s'arrête, l'éternité dans un rayon de lumière nous dit tout ce qui aurait pu être et n'a pas été, la grâce des mondes perdus, des rêves sacrifiés aux nationalismes, aux racismes, "aux purifications etniques"... tous ces moments de l'histoire humaine où les détenteurs du Pouvoir ou de ses illusions ont fait basculer les hommes dans la haine rendant impossible ce que nous dit cette photo, un monde meilleur, une harmonie universelle que l'enfant de lumière porte en elle.
Les photographes et cinéastes d'Albert Kahn ont sillonné un monde en voie de disparition avec pour instruction de ramener des images qui montreraient que vivre en paix et en harmonie était possible, grâce à la richesse de cette diversité des cultures. Que très souvent de par le monde comme dans les Balkans ou en Macédoine par exemple musulmans, chrétiens, juifs, les populations les plus modestes avaient vécus en partageant leurs jeux d'enfants, la place publique, des repas de fêtes et que tant qu'aucun puissant ambitieux ne s'en était mêlé, les joies et les peines se partageaient au sein de ces communautés arc-en-ciel.
La majorité des photographies (en fait des autochromes) qui aujourd'hui sont visibles au musée Albert Kahn à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, (tout comme les films), sont non seulement des témoignages de ces mondes perdus mais aussi de véritables instants de poésie pure.
Alors pourquoi cette photo en premier, parce que peut-être, je me reconnais dans cette petite fille solitaire et rêveuse. Alice attend son lapin blanc qui la ramènera au Pays des merveilles. Elle ne demande qu'à redevenir lumière. Ou peut-être est elle le lapin blanc et nous attend t-elle pour nous conduire sur une autre voie, celle des songes et des chemins perdus que nous n'avons pas su prendre ou percevoir et qui nous aurait évité bien des erreurs. A quel moment, l'homme s'est -il égaré et a - t-il fait le choix de la surpuissance plutôt que celui de la fraternité ? A quel moment, nous sommes nous tous plus ou moins trompés, au - point de devenir prisonnier d'un réel sans horizon, destructeur pour chacun de nous et pour la planète... Cette douce petite fille, est-là, installée dans l'éternité. Elle est là, silencieuse, méditative, auréolée par une lumière hésitante entre le bleu du ciel et le sang des hommes qui se meurt... Pleure t-elle un père, un frère, au pied d'une vasque dont l'eau disparut honorait un dieu devenu désespérément plus silencieux encore ?
Le photographe ne dit rien de cette enfant et pourtant, oui elle est son vrai sujet, car elle est la messagère, celle dont le silence nous dit bien plus que nous dirait son identification. Elle est la pythie qui ne trouve plus de mots pour nous dire d'arrêter, car elle sait que nous refuserons de l'entendre et dont les larmes s'écoulent à l'infini... Mais qui est prêt à écouter l'Oracle, la parole de l'innocence, de celle qui sait bien malgré elle et qui parfois rêverait tout simplement de reprendre le cours de l'enfance perdue. Albert Kahn nous a légué le rêve de la paix universelle et ses archives sont si oniriques que l'on aimerait y séjourner longtemps.
En attendant la réouverture du Musée Albert Kahn et de ses jardins en travaux, vous pouvez retrouver, ces documents, mais également l'ensemble des archives collectées sur le site internet ouvert à tous qui regroupe la totalité des collections (films et autochromes). Je vous le recommande.
Par Monique Parmentier
Musée Albert Kahn -10-14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt -Tel : 01 55 19 28 00
5 Février 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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En ce petit matin gris, dans le brouillard d'une sinusite très douloureuse, tandis que je consultais sans trop y prêter attention mon compte Face Book, une video (lien à suivre) diffusée par Marie Vassort Algranate sur sa page du Musée des Arts et du Textile de Flavigny m'a transporté dans un univers d'une délicate poésie, au fil du temps et de la contemplation, en un univers d'une beauté infinie.
J'ai alors plongé dans un instant de douceur, de beauté et d'harmonie qui m'a éloigné des soucis un court instant. C'est un peu de la Belgique de mes origines d'abord que j'y ai perçu. Une Belgique quasi mythique, celle de mes rêves d'enfant. La famille de mon père était ardennaise. Et puis, en écoutant la dame filmée ici, le charme n'a plus cessé d'agir. La beauté des paysages, de la maison, de l'artiste et de ses réalisations qui sous leur modestie apparente, sont bouleversantes d'humanité. Tout ici est pur bonheur. Le commentaire sous la video, nous en apprend peu, mais nous dit avec justesse le ressenti. "Elle nous offre un regard sur le paysage et le temps qui passe. Et si, le sens de la vie résidait dans la perception des petits instants de lumières qui ponctuent nos jours". Cette video, nous invite à une rencontre avec Catherine de Launoit, une artiste belge née à Bruxelles en 1943 et qui travaille à Grande Hoursinne dans les Ardennes, un petit hameau de la vallée de l'Aisne près d'Erezée. Elle est la fille de José De Launoit (1910-1973) et d'Alice Devos (1912-1968) qui furent tous deux des proches d'Hergé, qu'ils assistèrent à plusieurs reprises dans son travail.
Depuis une vingtaine d'année, Catherine de Launoit, tient une sorte de journal intime, qu'elle préfère appelé "des instantanés de vie", intitulé "Les feuillets du jour", où au fil des pages de tissus apparaissent sereinement brodées les métamorphoses saisonnières des paysages qui l'environnent et en particulier la colline qui surplombe sa maison, des personnages qu'elle côtoie, des animaux familiers, des ustensiles de la vie quotidienne. Le quotidien y devient merveilleux et chaque instant la quintessence de la poésie. Martin Dellicour, le vidéaste, nous fait partager l'âme du fil, du paysage qui devient broderie, de la broderie qui devient pâtissière, du chat qui murmure aux voiles de brumes, la douce caresse de "La vie passe comme ça..."
30 Janvier 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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Je reviendrais vers vous, bientôt… Pour vous parler de cette merveille datant de 1652... La beauté du dessin, des couleurs et des filigranes d'or fin, sont le souvenir d'un temps où l'art faisait rêver, où l'imaginaire était Roi… Un temps où … j'aime à retourner pour fuir un quotidien si froid et où la médiocrité règne et écrase tout, surtout les rêves… Et puis, il s'agit du Printemps… et alors que l'hiver règne… j'aime à songer au printemps. Ce merveilleux dessin aux couleurs si bien conservées me semble la quintessence même de la poésie.
10 Janvier 2019
, Rédigé par Parmentier Monique
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Il des jours plus difficiles que d'autres. Des jours où l'on rêve d'un ailleurs, loin très loin de ce monde, sans rêve, sans horizon, ce monde devenu une toile d’araignée qui nous étouffe.
Alors comme un appel résonne en moi, ce cri brisé de la liberté et du temps perdu. Alors je réécoute sans fin, An ancient Muse de Loreena Mc Kennitt et tout particulièrement Caravanserai… "Un rêve dansant de toute éternité"... A dancing dream of all Eternity.
J'ai le sentiment que tant que la musique s'écoulera, les murs s'effondreront, que ce sinistre univers du réel, où le cynisme règne en maître, s'effacera et laissera la place à l'horizon bleu, aux grains de sable blonds, à la lumière bleue des étoiles, au pas lent vers l’infini des dromadaires.
Il m'arrive de me sentir si mal dans ce monde qui génère tant de perversité et ces pervers narcissiques à l'affût de nos failles, de mensonges, de manipulation, de jugements sur tout et sur rien, que je ne peux qu'avoir envie de fuir et de suivre ces caravanes des routes imaginaires de la soie.
Avec Caravanserai, je reprends ce chemin d'un autre temps et de petite souris grise, je redeviens celle qui en des temps anciens donnaient sens aux mots. J'aime ce CD pour sa beauté. Loreena McKennitt réalise des programmes somptueux, merveilleusement orchestrés… Mais au-delà d'une interprétation digne des meilleurs interprètes classiques, il y a dans ces CD, une émotion rare et précieuse, celle qui transforme en songe nos vies.
Son univers est celui que je retrouve dans les illustrations d'Edmund Dulac… Celui qui pourrait nous murmurer "Once upon a time"... et dévoiler ce chemin oublié et qui me ramènerait "à la maison", redonnerait du sens à ma vie et à ce qui m'entoure… Mais ne m'enchaînerait plus.
31 Décembre 2018
, Rédigé par Parmentier Monique
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Once upon a time... j’aimerais alors que le temps qui passe, s’apprête à écrire ✍️ les pages d’une nouvelle année, la plume légère, vous souhaiter de trouver les mots qui enchanteront votre histoire en cette nouvelle année.
Puissiez-Vous redonner à chaque instant et à tous ceux qui les partageront avec vous, la substantifique magie de la joie, du bonheur, de la beauté et de l’irrationnel pour mieux dire non au malheur, à la violence et au narcissisme pervers qui trop souvent gouvernent ce monde et nos vies.
Je voulais à l’occasion de mes vœux, vous remercier d’être à ma grande surprise, sans cesse plus nombreux à venir partager mes coups de cœur, ma mélancolie et mes petits bonheurs. Petit à petit, je revisite ce blog... la musique y reviendra bientôt. Et je compte bien vous reparler de « mon » sud. Des poèmes y surgiront au gré de la fantaisie de mes lectures. Ce blog ne sera jamais dans l’air du temps. Il est libre comme l’air et les fées et elfes de mon enfance. Adulte, je revendique ma liberté... d’aller où les vents portent les plumes ...
29 Décembre 2018
, Rédigé par Parmentier Monique
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#Divers
Il m'aura bien fallu revenir de ce Sud qui a ouvert l'espace d'un instant, au cœur de l'hiver, ce livre de conte qui à chaque fois me murmure ces mots : Once upon a time... Il était une fois... J'ai laissé derrière moi -à moins que ce ne soit ... devant moi- la lumière bleue. Je sais que j'y reviendrais. Comme Alice, je sais que tôt ou tard, je poursuivrais le lapin blanc qui me ramènera au pays du Jardin extraordinaire, au pays des merveilles.
"Twas brillig, and the slithy toves Did gyre and gimble in the wabe; All mimsy were the borogoves, And the mome raths outgrabe."
A chacun son chat du Cheshire... en fait à Narbonne, ils semblent se multiplier, mais à force de les suivre, j'en ai rencontré un qui m'a mis sur la voie de mes rêves, de mes souvenirs. Celui qui me chantonne de ne jamais perdre de vue l'horizon, une fois la porte des rêves franchie, afin de parvenir à rentrer... à la maison, une maison qui n'est plus qu'une lointaine, si lointaine réminescence, que je poursuis depuis si longtemps.
J'aime Narbonne. Je l'ai aimé, comme j'aime les Corbières et le Minervois qui l'entourent, depuis la première fois qu'une amie sans le savoir, en acceptant de m'emmener au Festival de Fontfroide, m'a offert le plus beau cadeau qui soit... Ce sentiment après un long, très long voyage, d'être rentrée "à la maison".
Vous n'imaginez pas, combien il est étrange de la savoir là, invisible et si proche, qu'il ne faudrait qu'une parole magique pour que son portail m'apparaisse, que sa porte s'ouvre à la liberté d'être, de vivre, d'échapper à ce monde aussi sinistre que le ciel d'Ile-de-France et à cette société si narcissique, qu'elle gomme toute trace de poésie, pour ne plus parler que d'argent et de pouvoir. Retrouver la magie de l'inutile, du futile, de la danse des mots et des chants d'oiseaux et des sources. Je sais beaucoup dirons qu'il faut être bien fou pour croire aux rêves qui ne parlent pas d'egos surdimensionnés, qui refusent le pouvoir à la psychanalyse qui ne cherche qu'à rabaisser un imaginaire heureux, un imaginaire qui appelle à lui tout ce que la nature mère nous offre de plus beau.
Et pourtant, à Narbonne, n'est -on pas au pays du "Fou chantant", au pays du Jardin imaginaire... et bien que vous me croyez ou non, Alice qui ne refuse aucune occasion de poursuivre les lapins blancs qui parlent et qui croient plus que tout que vivre ses rêves peut nous mener bien plus loin que le bout du monde, Alice ... petite Alice a bien retrouvé la porte d'entrée de ses rêves ici... Tout là - bas. Vous ne me croyez pas...
D'ailleurs durant mon séjour, quelques seigneurs du Cheshire m'ont rappelé que le vrai et le faux se valent bien pourvu que l'on soit prêt à y croire. Comme à chacun de mes séjours, je me suis laissée porter par mes songes. Ne voulant pas envisager le retour, je n'ai vécu que l'instant, oubliant, effaçant de la réalité, tout ce qu'il m'a fallu depuis rejoindre, mais qui là-bas n'a guère de raison d'exister.
Les fééeries de Noël, ont un goût d'enfance à Narbonne. Ici l'innocence est reine et tandis que les températures donnent au jour une sensation de printemps qui ne demande qu'à renaître, tout en maintenant l'illusion d'un hiver qui donnerait envie de se réconforter à la chaleur des gourmandises des fêtes. Tout ici est invitation à vivre le présent comme le plus beau des trésors.
Une mini ferme imaginaire, un théâtre de marionnettes qui égrènent les contes du temps passé et un palais des jeux anciens sont autant de possibilités d'enchanter l'instant, de le faire miroiter comme un joyau précieux. Adultes et enfants s'offrent le luxe ultime de laisser battre leur cœur à l'unisson de la candeur qui luit en chacun d'eux. Et si la fête foraine et ses manèges y rencontrent un grand succès, tout comme le marché de Noël, où les gens déambulent, plus qu'ils n'achètent, on est dans le sud et il fait doux, devant la beauté de l'horizon, on s'arrête.
On s'abandonne pour mieux profiter d'un rayon de soleil enchanté. Car ce n'est pas tant le vin chaud qui est important que le simple fait d'être là, hors du monde au seing de la foule. Du creux de ma mémoire, un extrait de poème me revient... cet instant simple et tranquille qui ne demande qu'à ressurgir et à repousser cet ordinaire étouffant qui empoussière nos vies. Alors j'ai marché et marché encore. Je suis allée rendre visite à cette amie, reine des abeilles qui sous les Halles vend le meilleur des miels, celui de ces terres d'été parfumées et incandescentes des Corbières... des Hauts de Corbières.
J'ai succombé aux multiples gourmandises qui ne demandent qu'à être dégustées. Toutes vous content l'histoire d'un terroir aussi magnifique et chantant que son fou. Huitres, Chapons, vins rosés, blancs ou rouges, truites qui ne viennent que "de pas bien loin", -des Pyrénées voisines-, de ces écus crémeux du Pays Cathare ou vigoureux comme ces jambons des cochons noirs de Bizanet...
Rabelais aurait été heureux ici... alors la petite souris grise redevient d'un coup de baguette magique une Cendrillon certes sans prince mais affranchie... ou plutôt ... Une Alice au Pays des merveilles toujours.
Et si les Halles de Narbonne sont mon temple, celui de la joie de vivre, ma caverne d'Ali Baba, les rues me réservent à chaque fois bien d'autres surprises, à condition d'accepter une bonne fois pour toute, qu'à Narbonne pour vivre heureux, il ne faut que trois fois rien. Qu'il n'y faut jamais, oh grand jamais être rationnel, faute de quoi vous passerez à côté de l'essentiel.
Au pays des Elysiques, tout est possible, surtout l'improbable. Dans un monde, aussi matérialiste que le nôtre cela pose un problème, le manque d'emplois... Mais le jour, où rêver, flâner, savourer seront des métiers à part entière, ... Mais que ne le sont - ils déjà ?
Pendant cinq jours, je me suis offert ce luxe d'y croire. Alors forcément, j'ai découvert la garde robe d'une princesse des Mille et une Nuit et ses multiples trésors. Chaque pas, ouvre une nouvelle page et chaque seconde a un goût d'éternité. Un bakeneko serait-il passé par là ?... Son cousin du Cheshire lui n'en doute pas.
Mais avant que de repartir, de quitter ces lieux enchantés, il me fallait repasser par la source, celle qui me guidera de son chant, pour mieux revenir l'été prochain.
Je suis restée longtemps à l'écouter murmurer, ne parvenant pas à me résoudre à ce "retour" qui me semble à chaque fois être le plus douloureux des déchirements depuis que je sais, ne plus être ici si loin de ce monde que je croyais perdu et que désormais j'entre aperçois dans le chant de la garrigue environnante. Je sais vous ne l'entendrez pas, mais aux pieds de la Crèche de Noël de la Cathédrale de Narbonne, l'onde s'écoulait, cristalline, joyeuse et chatoyante. Vous devrez me croire sur parole.
Je suis rentrée sur l'Ile-de-France le cœur lourd mais l'âme légère. L'été n'est pas si loin. Fontfroide retrouvera les musiciens venus des quatre coins du monde et tel les rois mages, ils apporteront ce message de concorde dont la réalité sonnante et trébuchante nie l'extrême nécessité... celle de l'inutile, de la poésie, de la vie, des rires, ...
Pendant quelques jours les Elysiques reviendront de loin et feront briller les notes de la nuit et je reprendrais mes flâneries dans l'espoir d'enfin retrouver la clé qui m'ouvrira les portes du Jardin extraordinaire.